Principaux portails publics  |     | 

Changement climatique - Environnement
Les résultats de la Conférence de Rio ne sont pas satisfaisants au regard des ambitions de l’UE, reconnaît Marco Schank qui a insisté sur la nécessité d’agir au niveau local
26-06-2012


Quelques jours à peine après la fin de conférence des Nations Unies sur le Développement durable qui s’est tenue à Rio du 20 au 22 juin 2012, Marco Schank, ministre délégué au Développement durable et aux Infrastructures, a tenu à faire le point sur les résultats de ce sommet qui se tenait à Rio vingt ans après le Sommet de la Terre de 1992. Les résultats ne sont pas satisfaisants, reconnaît le ministre luxembourgeois, déplorant un manque de courage et d’ambition dans la déclaration finale, et ce notamment au regard des attentes qu’avait l’UE. L’UE aspirait en effet à repartir de ce sommet avec des objectifs clairs et un calendrier précis.Rio+20

L’économie verte a été reconnue comme un instrument en faveur du développement durable permettant de gérer les ressources naturelles, d’augmenter leur efficacité, ainsi que de réduire les déchets. La nécessité d’un changement des modes de production et de consommation est elle aussi inscrite dans la déclaration finale qui établit aussi un lien entre économie verte et éradication de la pauvreté. Mais le texte adopté donne une orientation sans indiquer d’engagements clairs et concrets, notamment en matière de déforestation, déplore Marco Schank.

En matière de gouvernance mondiale du développement durable, le texte décide de "renforcer le cadre institutionnel" : la commission du développement durable est remplacée par un "forum intergouvernemental de haut niveau", tandis que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) voit son rôle affirmé et revalorisé comme "autorité globale et chef de file pour l'environnement", avec des ressources "sûres" et une représentation de tous les membres des Nations Unies. Mais s’il était important pour l’UE de renforcer le programme des Nations Unies, les pays européens souhaitaient voir l’établissement d’une sorte d’Agence des Nations Unies en charge de l’Environnement, ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir.

En plus d’une reconnaissance du droit à une eau propre et à l’assainissement des eaux usées, le texte porte aussi des engagements en faveur de la protection de la biodiversité marine, en vue de réduire les déchets marins, mais aussi en vue d’un monde neutre en matière de dégradation des terres, sans compter la gestion des déchets.

La déclaration souligne aussi l’importance de fixer d’ici 2015 des "Objectifs du développement durable", établis sur le modèle des Objectifs du Millénaire pour le développement. Ils devront être "en nombre limité, concis et tournés vers l'action", applicables à tous les pays mais tenant compte des "circonstances nationales particulières". Un groupe de travail sera mis en place d'ici à la prochaine Assemblée générale des Nations Unies, en septembre, et devra présenter ses propositions en 2013, pour mise en place à partir de 2015. De même un programme de travail a-t-il été lancé pour élaborer de nouveaux indicateurs allant au-delà du PIB, ce qui était un des éléments portés par les pays européens.

Pour ce qui est des moyens de mise en œuvre, la déclaration souligne l’extrême importance "de renforcer le soutien financier de toutes origines en particulier pour les pays en développement". "De nouveaux partenariats et des sources innovantes de financement peuvent jouer un rôle", est-il encore stipulé dans la déclaration qui insiste sur "la conjugaison de l'assistance au développement avec l'investissement privé".

Marco SchankLa déclaration finale est donc bien en-dessous des ambitions de l’UE, elle manque notamment d’engagements concrets, mais Marco Schank n’a pas voulu laisser libre cours à l’amertume : la déclaration finale offre une base pour avancer dans l’avenir. D’autant que les résultats de cette conférence ne sont pas non plus une régression. Et à ceux qui se demandent à quoi bon participer à de telles conférences, dont on sait les résultats avant même que les dirigeants ne se rencontrent, il rétorque qu’il est toujours bon de se parler, de discuter, et que c’est l’occasion de découvrir certains projets innovants. Le Luxembourg a ainsi pu afficher son soutien au projet Yasuni Equateur à l’occasion de la conférence.

Il s’agit d’une proposition imaginée par la société civile équatorienne qui vise à ne pas exploiter un potentiel de 920 millions de barils de pétrole se trouvant dans une zone de la forêt amazonienne où la biodiversité est particulièrement riche. En échange de cette non-exploitation, l’Equateur demande une contribution financière de pays développés et d’organismes privés qui couvrirait la moitié des ressources financières que l’Equateur aurait pu tirer de l’exploitation de ce pétrole. "Le projet évite l’émission de 410 millions de tonnes de CO2", résume le ministre Schank. Le PNUD est chargé de gérer le fonds créé en 2010 qui collecte les contributions, et ces dernières seront investies exclusivement dans le développement de sources d’énergies renouvelables et de programmes de reforestation. Le Luxembourg va participer, comme nombre d’autres pays de l’UE, dans le cadre du fonds Kyoto, et notamment du programme Fast Start Finance, à hauteur de 1 millions d’euros.

"S’il faut penser au niveau global, il faut agir au niveau local", a poursuivi Marco Schank avant de faire le point sur la mise en œuvre du paquet climat au Luxembourg. L’occasion pour le ministre de présenter le "Pacte climat" que le gouvernement luxembourgeois entend proposer aux communes qui le souhaitent afin de favoriser les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre notamment par le renforcement de l’efficacité énergétique.