En amont du dernier round de négociations de la directive efficacité énergétique dont il est le rapporteur, l'eurodéputé écologiste, Claude Turmes, critique à nouveau vertement la posture du ministre luxembourgeois de l'Economie, responsable pour l'Energie, Etienne Schneider. En effet, interrogé par un journaliste du Luxembuger Wort, Claude Turmes reproche, dans un article paru le 13 juin 2012, à Etienne Schneider de poursuivre "une diplomatie du carnet de chèques".
Il réitère ainsi les reproches qu'il avait formulés dans une lettre adressée au Premier ministre le 15 mars 2012 ou en réaction à une lettre ouverte du ministre de l'Economie parue dans le Luxemburger Wort du 7 avril 2012.
La directive Efficacité énergétique est la transposition dans la législation européenne du troisième engagement pris par le Conseil européen qui a adopté le pacte climatique le 11 décembre 2008 à Bruxelles. Elle doit ainsi permettre de réduire de 20 % la consommation d'énergie dans l'UE d'ici 2020. Les négociations se poursuivent le 13 juin 2012 sur la scène diplomatique, avec en soirée une réunion de coordination du trilogue entre le rapporteur Claude Turmes, la présidence danoise et la Commission européenne. Elles doivent s'achever le 15 juin 2012 au Conseil des ministres européens de l'Energie à Luxembourg.
Le Luxembourg aurait obtenu pour l'heure la possibilité de tenir ses engagements en investissant dans un "Fonds Efficacité énergétique". Dans sa lettre du 15 mars 2012, Claude Turmes avait déploré qu'une telle manœuvre crée "une brèche" dans l'architecture de la directive.
L'un des moyens d'action consiste en l'assainissement énergétique des bâtiments publics. Le Luxemburger Wort rapporte que ces derniers constituent, dans l'Union européenne, 12 % de l'ensemble du bâti. Les bâtiments publics relevant de l'Etat rassemblent toutefois 1,5 % du bâti.
"Au lieu de s'impliquer pour la modernisation des bâtiments publics, le Luxembourg veut dépenser l'argent dans un fonds d'efficacité énergétique – avec pour justification que ce serait plus efficace", confie Claude Turmes. Cette perspective enlèverait à l'artisanat et l'industrie luxembourgeois une chance de développer son savoir-faire dans le domaine de l'efficacité énergétique.
De plus, l'Etat renoncerait à son rôle de modèle en renonçant à la modernisation des bâtiments publics. "Au lieu d'investir dans des mesures concrètes stimulant l'emploi, le gouvernement veut dépenser de l'argent pour ne rien faire", résume l'eurodéputé.
La justification du gouvernement reposerait, rapporte le Luxemburger Wort, sur le mauvais signal que donneraient de tels investissements en période de restriction budgétaire mais aussi sur les dépenses d'énergie qu'une telle entreprise d'assainissement occasionnerait.
"D'un côté, Schneider dit qu'il s'investit pour la directive européenne sur l'efficacité énergétique. Pourtant, simultanément, il œuvre à sa dilution au Luxembourg. C'est simplement malhonnête. (…) Au moment où on chante au Luxembourg la gloire du paquet climat, le Luxembourg se dispense de proposer aux autorités locales des objectifs concrets en matière de réduction de consommation d'énergie. C'est inconséquent."
Le Luxembourg, ainsi, reproduirait sa position adoptée lors des négociations de la Directive Energies renouvelables. Arguant des limites du potentiel du territoire, il avait obtenu de pouvoir atteindre ses objectifs en finançant des projets à l'étranger. Cette revendication était pour Claude Turmes "compréhensible et sensé".
La directive actuellement en discussion commanderait une toute autre attitude. "On peut et on est même obligé de moderniser des bâtiments aussi au Luxembourg. Ici, cela ne fait aucun sens de dépenser de l'argent, pour s'abstenir de le faire." Ainsi, Claude Turmes nourrit encore l'espoir que le Luxembourg s'engage à assainir chaque année au moins 3 % des bâtiments publics de l'Etat central.