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Too big to fail ? Académie d’été du LSAP (III) :La dimension démocratique et participative de l’UE
22-09-2012


lsap-academie-ete-dimension-democratiqueLa dimension démocratique et participative de l’UE, "la question la plus difficile", comme l’a qualifiée Alex Bodry dans ses conclusions, a aussi été celle où la discussion s’est avérée effectivement la plus difficile.

Pour Louis Chauvel, l’UE n’est pas égale au progrès social, mais perçue comme le fait d’un management anglo-saxon et d’élites qui fonctionne pour 1 % de la population, au-dessus des têtes des autres

Le sociologue français Louis Chauvel, s’adressant à l’académie d’été des socialistes luxembourgeois, a parlé des difficultés de la gauche à arriver au pouvoir, divisée qu’elle est entre une gauche idéologique qui ne reconnaît pas les réalités et une gauche de gestion qui a perdu le contact avec les citoyens. S’y ajoute que les jeunes sont plutôt désengagés et qu’il y a peu d’équilibre entre les générations dans la chose publique, ce qui n’est pas bon pour la démocratie. Un autre facteur est que dans nombre de pays de l’UE, la classe politique au pouvoir a été politisée au cours des années 70, et que leur vue sur le futur ne se recouvre ni avec celle des jeunes ni avec celle des classes populaires. Celles-ci surtout désertent les grands partis de centre droit et de centre gauche dont elles constituaient la base, ce qui affaiblit la démocratie représentative. Les classes moyennes quant à elles ont le sentiment d’être « en situation d’éloignement politique » face aux transformations européennes et les actions du pouvoir politique. Dans une telle conjoncture, la démocratie participative est une idée qui "est plus derrière nous que devant nous".

lAcadémie d'été 2012 du LSAP: Louis ChauvelLe problème le plus grave est pour Louis Chauvel "l’élitisation de la démocratie", même si ce processus lui semble prendre des voies plus modérées pour le Luxembourg. Dans d’autres pays de l’UE, l’on assiste à une radicalisation des jeunes qui dérivent vers la droite extrême. Pour Louis Chauvel, il ne s’agit pas d’une jeunesse viciée, mais à laquelle les mécanismes de socialisation d’une société démocratique n’ont pas su transmettre des valeurs humanistes. Il y a aussi une autre partie des jeunes de moins de 35 ans qui n’arrivent pas à accéder à un emploi qui leur permette de quitter le domicile familial, et souvent leur "formation de classe moyenne supérieure" ne correspond pas à leur position sociale réelle, ce qui est source de frustrations infinies auxquelles il est "irresponsable" de ne pas prêter attention. Dans ce contexte, expliquera-t-il plus tard, l’UE n’est pas égale au progrès social, mais elle est perçue comme le fait d’un management anglo-saxon, comme le fait d’élites qui fonctionne pour un pourcent de la population, mais au-dessus des têtes des autres.

Régis Moes : renforcer la dimension suffrage universel au sein de l’UE, par exemple à travers l’élection directe du président de la Commission européenne.

Académie d'été 2012 du LSAP: Régis MoesRégis Moes, historien et président des Jeunesses socialistes, admet que les jeunes sont moins politisés que lors des années 70’ et au-delà, que les idéologies ont perdu de leur importance, « même si cela ne va pas forcément durer ». Revenant à la chose européenne, il dresse le constat que les partis européens n’ont pas d’opinion publique à laquelle s’adresser. Pourtant, "l’UE n’est pas une chose obscure", objecte-t-il, et il est donc important pour lui de renforcer la dimension suffrage universel au sein de l’UE, par exemple à travers l’élection directe du président de la Commission européenne. Une raison pour les sociaux-démocrates en Europe de coopérer plus entre eux.

Siebo Janssen plaide pour un espace politique européen

lAcadémie d'été 2012 du LSAP: Siebo JanssenSiebo Janssen de la Friedrich-Ebert-Stiftung a dans ce contexte abordé les causes de l’abstention croissante aux élections européennes. Les compétences croissantes du Parlement européen ne sont pas ancrées dans la conscience collective des opinions publiques. L’importance politique des élections européennes en tant que telles n’est donc pas évidente et les enjeux nationaux viennent donc occuper le centre du débat, de sorte que ces élections deviennent un exutoire pour des tensions nationales. En Allemagne, l’UE était jusqu’en 1989-90, donc jusqu’à la réunification allemande, une "patrie de substitution" (Ersatzvaterland dans le texte). Après la réunification, la défection de l’UE s’est opérée progressivement. Pour Siebo Janssen, il faut un espace public européen avec un discours politique et un débat européens, des médias européens aussi. Il plaide donc pour des élections européennes réellement transnationales, avec un candidat tête de liste commun, et une élection directe du président de la Commission, mais aussi un volet qui permettrait de mettre en valeur la région des électeurs.

Alex Bodry : La politique budgétaire ne pourra pas faire abstraction de la politique sociale, et la politique de l’UE ne peut être réduite à une coordination des politiques budgétaires

Académie d'été 2012 du LSAP: Alex BodryDans ses conclusions, Alex Bodry a annoncé que le Parti des socialistes européens (PES) va lors de son congrès "qui a été transféré de Bucarest à Bruxelles pour des raisons évidentes" - une allusion discrète aux problèmes politiques en Roumanie- se prononcer pour un candidat tête de liste, qui sera de fait candidat à la présidence de la Commission, et le PES va également mettre en avant l’idée d’un pacte social déjà mise en avant par le chef du groupe politique S&D au PE, Hannes Swoboda, lors du débat qui a suivi le discours du président de la Commission  européenne sur l'état de l'UE le 12 septembre 2012. D’autres éléments sont retenus par le président du LSAP : la politique européenne va devenir de plus en plus importante pour la politique nationale. Il ne faut pas discuter d’un nouveau traité mais se concentrer sur l’exploitation des moyens qui sont contenus dans le traité de Lisbonne pour gérer les problèmes actuels. La politique budgétaire ne pourra pas faire abstraction de la politique sociale, et la politique de l’UE ne peut être réduite à une coordination des politiques budgétaires. Et finalement : la question de la démocratie au sein de l’UE demeure la question la plus difficile.