Le 6 septembre dernier, Yves Mersch, candidat recommandé par le Conseil à un poste au directoire de la BCE, voyait sa procédure de nomination suspendue par la commission ECON du Parlement européen qui a décidé de reporter son audition prévue le 10 septembre. L’argument invoqué n’avait rien à voir avec les compétences de l’actuel président de la BCL, mais avec le fait qu’aucune femme n’a été présentée comme candidate. Les parlementaires refusent donc d’auditionner Yves Mersch, ce qu’ils ont réitéré le 26 septembre 2012.
Entre temps, Herman Van Rompuy a adressé au président du Parlement européen, Martin Schulz, un courrier dans lequel il confirme qu’aucune nomination pour une candidature féminine n’a été reçue de la part des Etats membres. Il s’y engage à attirer l’attention des membres du Conseil européen, lorsqu’ils procèdent à la nomination pour un poste vacant de la BCE, sur l’opportunité de rechercher des candidates femmes qualifiées, à l’avenir, pour de tels postes comme pour d’autres.
La lettre a été reçue pour le moins froidement par les eurodéputés. La libérale Sylvie Goulard, citée par le blog du Financial Times, juge la réponse "vide et assez insultante". L’écologiste Sven Giegold estime pour sa part que fixer une nouvelle date d’audition sur cette base serait à ses yeux "une déclaration de faillite et un asservissement du Parlement européen vis-à-vis du Conseil" : on comprend bien que la réponse du Conseil européen ne le satisfait pas.
Jean-Claude Juncker a pour sa part assuré depuis Kazan, en Russie, qu’il allait veiller à ce qu’Yves Mersch soit auditionné bientôt en commission ECON. Il a confié s’être entretenu avec Martin Schulz, visiblement lui aussi peu convaincu par le lapidaire courrier par lequel le président du Conseil européen a répondu aux appels des parlementaires à un meilleur respect de la parité hommes-femmes dans les instances dirigeantes de la BCE. "Je l’avais prévenu", a confié Jean-Claude Juncker au Luxemburger Wort, visiblement conscient que la réponse qu’entendait faire Herman Van Rompuy risquait de se heurter aux exigences des parlementaires.
Le Luxemburger Wort rapporte par ailleurs dans son édition datée du 1er octobre 2012 les propos d’une porte-parole de la BCE exprimant le souhait de voir le poste au sein du directoire laissé vacant depuis le 1er juin dernier enfin occupé. "En cette période de travail très intense, il serait très utile pour le bon fonctionnement de la BCE que les six postes du directoire soient pourvus", a-t-elle indiqué, rappelant que la BCE a déjà signifié en juillet dernier ne voir aucun obstacle à la candidature d’Yves Mersch à ce poste.