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Parlement européen - Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Economie, finances et monnaie
Yves Mersch voit sa nomination au directoire de la BCE reportée par des parlementaires européens soucieux d’un meilleur équilibre entre les genres
06-09-2012


Le 6 septembre 2012, les coordinateurs de la commission des Affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen ont décidé de reporter l’audition d’Yves Mersch, président de la Banque centrale du Luxembourg (BCL), prévue le 10 septembre 2012 dans le cadre de sa procédure de nomination au directoire de la Banque centrale européenne (BCE). Yves Mersch avait été recommandé par le Conseil de l’Union européenne comme membre du directoire de la BCE, à la suite de quoi le Conseil des gouverneurs de la BCE avait adopté, le 19 juillet 2012, un avis favorable.

Le report de cette audition implique aussi celui du vote qui devait avoir lieu en plénière le 13 septembre 2012 pour valider la nomination d’Yves Mersch.

"La qualité de la personne retenue n'est pas en cause", indique Sylvie Goulard, mais "c'est une question de principe"

Le blocage de la procédure n’est en rien lié à la personne ou aux compétences du président de la BCL, mais il est un signe de protestation des coordinateurs de la commission des Affaires économiques du fait qu’aucune femme ne siège au directoire de la BCE depuis le départ, début 2012, de l’Autrichienne Gertrude Tumpel-Gugerell.

L'eurodéputée Sylvie Goulard (ALDE), à l'origine de cette fronde, note dans un communiqué que "si un candidat de sexe masculin était désigné cette fois-ci, et sauf démission ou décès, le directoire de la BCE ne comporterait pas de femme jusqu’au 31 mai 2018". L'élue française rappelle que les traités européens affirment l'égalité entre hommes et femmes. Elle estime aussi que la direction de la BCE n'est pas représentative de la société et qu'il existe une contradiction entre cet état de fait et la volonté européenne de légiférer pour imposer des quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises.

La présidente de la commission ECON, Sharon Bowles (ALDE), a expliqué par voie de communiqué que cette décision avait été prise à l’unanimité "après qu'il soit clairement apparu qu'aucune candidate n'avait été envisagée pour le poste avant la recommandation officielle du Conseil".

Or, rappelle Sharon Bowles, la commission parlementaire fait part de ses inquiétudes quant au manque d'équilibre hommes-femmes au sein du directoire et du conseil des gouverneurs de la BCE depuis longtemps. Le 8 mai 2012, elle s’était adressée à Jean-Claude Juncker par courrier pour lui demander que l'Eurogroupe envisage au moins un candidat de chaque sexe avant de faire sa recommandation en vue de remplacer M. Gonzalez Paramo. Mais c’est Yves Mersch qui avait été recommandé par l’Eurogroupe en juillet 2012.

L’eurodéputée libérale avait également encouragé le président de l’Eurogroupe à mettre en œuvre un programme à moyen terme qui faciliterait la nomination de femmes à des postes influents au sein de la BCE, des banques centrales nationales, et des ministères des finances.

"On m'a assuré, verbalement, qu'on n'avait pu trouver aucune femme compétente pour ce poste, mais je n'ai reçu aucune réponse formelle à ce sujet ni de réponse concernant le programme à moyen terme", rapporte l’eurodéputée.

"Nous pensons que nos craintes n'ont pas été traitées avec suffisamment de rigueur et qu'il n'est pas opportun de procéder à l'audition la semaine prochaine", conclut Sharon Bowles. "La qualité de la personne retenue n'est pas en cause", a précisé Sylvie Goulard, mais "c'est une question de principe".