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Economie, finances et monnaie
Jean-Claude Juncker est reconduit à la tête de l’Eurogroupe, mais il prévient qu’il n’ira pas jusqu’au bout de son mandat de 2 ans et demi, tandis qu’Yves Mersch voit enfin grande ouverte la porte qui va le conduire au directoire de la BCE
09-07-2012


Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 9 juillet 2012 sous la présidence de Jean-Claude Juncker, qui a été reconduit pour un nouveau mandat à la tête de l’Eurogroupe. En principe, ce mandat est d’une durée de deux ans et demi, mais le Premier ministre luxembourgeois a précisé qu'il partirait "bien avant ce terme, d'ici la fin de l'année ou le début de l'an prochain".Luc Frieden et Jean-Claude Juncker lors de l'Eurogroupe du 9 juillet 2012 (c) Conseil de l'UE

Cette décision était liée à la question de la nomination d’Yves Mersch, le président de la Banque centrale luxembourgeoise, au directoire de la Banque centrale européenne. Les ministres des Finances ont recommandé sa nomination qui devrait être entérinée formellement au cours de l’Ecofin du 10 juillet 2012. Jean-Claude Juncker, qui a souligné la longue expérience et les compétences d’Yves Mersch, a insisté, amusé, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion sur l’indépendance dont est a fait preuve Yves Mersch au Luxembourg, parfois à ses frais. Une indépendance qu’il voit comme une de ses grandes qualités pour les fonctions qu’il va être amené à exercer.

Enfin, l’Eurogroupe a désigné Klaus Regling, directeur de l’EFSF, pour assurer la direction du futur ESM. La présidence du conseil des gouverneurs sera assurée par le président de l’Eurogroupe.

"Nous sommes parvenus à un accord politique sur un projet de mémorandum" concernant l'aide à la recapitalisation des banques espagnoles, a annoncé par ailleurs Jean-Claude Juncker. Le but est de "formaliser l'accord dans la seconde partie du mois, ce qui permettra un versement de 30 milliards d'euros d'ici la fin du mois", a-t-il ajouté. Une nouvelle réunion de l'Eurogroupe aura lieu à cette fin le 20 juillet. La maturité des prêts à l'Espagne pourra aller "jusqu'à 15 ans", mais sera en moyenne de "12 ans et demi", a précisé le président de l'Eurogroupe.

Une procédure d’évaluation des besoins en recapitalisation des différents établissements financiers est prévue dans le projet de mémorandum et il est envisagé d’avoir une idée précise des besoins et de recapitalisation et, le cas échéant, de restructuration individuels d’ici la fin du mois de septembre.

D'autre part, la zone euro a soutenu la proposition de la Commission d’autoriser l'Espagne à ne ramener son déficit public à 3 % du PIB qu'en 2014 au lieu de 2013, en raison des difficultés économiques du pays. L'objectif est désormais de parvenir à un déficit public de 6,3 % cette année, 4,5 % en 2013 et 2,8 % en 2014.

L’Eurogroupe a aussi fait le point sur la mise en œuvre du programme d’ajustement grec et a entendu les explications du nouveau ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, sur les priorités politiques du nouveau gouvernement hellénique. Un sujet qui sera discuté plus avant dès que la troïka aura livré son rapport d’évaluation : aucune demande grecque n’a à ce stade été formulée, a précisé en effet Jean-Claude Juncker à la demande de la presse.

Les ministres ont également entendu le rapport préliminaire de la troïka sur la situation budgétaire et financière de Chypre en vue des négociations pour un programme d’ajustement. La conclusion des négociations sur ce programme est envisagée pour le mois de septembre.

Pour ce qui est de l’Irlande, dont la troïka est en train d’évaluer la mise en œuvre du programme d’ajustement, il devrait être question de trouver des solutions techniques visant à améliorer la soutenabilité du programme qui se déroule bien. L’Eurogroupe reviendra sur le sujet en septembre.

Les ministres de la zone euro ont par ailleurs demandé à la troïka de travailler avec les autorités portugaises pendant la cinquième mission d’évaluation qui va commencer le 28 août afin de veiller à ce que le processus d’ajustement reste bien sur les rails.

La BCE et l’EFSF ont signé un accord technique permettant à l’EFSF de conduire des opérations de marché. Un accord du même ordre sera signé avec l’ESM dès qu’il sera établi. Par ailleurs, l’Eurogroupe a adopté les lignes de la politique d’investissement de l’ESM, ce qui fait que lorsque le traité établissant l’ESM entrera en vigueur, tous les instruments de l’ESM seront opérationnels.

Olli Rehn, vice président de la Commission qui suit les questions monétaires, a confirmé que la Commission soumettrait début septembre des propositions concernant le mécanisme de surveillance des banques qui impliquera la BCE que les chefs d’Etat et de gouvernement ont appelé de leurs vœux lors de leur dernier sommet, fin juin 2012. Le calendrier présenté alors reste d’actualité : l’objectif est toujours que le Conseil examine ces propositions d’urgence d’ici fin 2012. Les discussions sur l’instrument qui permettra une recapitalisation directe des banques commenceront elles aussi en septembre, ce qui devrait permettre à l’ESM d’avoir la possibilité d’utiliser cet instrument dès que le mécanisme de supervision bancaire sera en place. Cette recapitalisation directe ne nécessitera pas de garantie de la part des Etats, ont assuré Jean-Claude Juncker et Olli Rehn.