L'EFSA a délivré le 28 novembre 2012 son évaluation finale de l'article rédigé par Séralini et al. qui soulevait des préoccupations concernant la toxicité potentielle du maïs génétiquement modifié (GM) NK603 et d'un herbicide contenant du glyphosate. Plus particulièrement, l'article suggérait qu’il existait un lien entre l'exposition à ces substances et une incidence accrue de tumeurs chez les rats.
Dans son examen final, l'Autorité a confirmé son analyse initiale selon laquelle les conclusions des auteurs ne pouvaient pas être considérées comme étant scientifiquement fondées en raison des lacunes constatées dans la conception, le système de rapports des données et l'analyse de l'étude telles que décrites dans l'article. Par conséquent, il n'est pas possible de tirer de conclusions valables sur l'occurrence des tumeurs chez les rats testé, affirme l’EFSA. En se basant sur les informations publiées par Séralini et al., l'EFSA estime qu'il n'est pas nécessaire de réexaminer les précédentes évaluations réalisées sur la sécurité du maïs NK063 ou de tenir compte de ces résultats dans l’évaluation menée actuellement sur le glyphosate.
La déclaration finale de l'EFSA prend en considération les évaluations indépendantes de l'article réalisées par les organisations de six États membres de l'UE: l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, l'Italie et les Pays-Bas. Des copies intégrales de ces évaluations sont disponibles dans l'annexe à la déclaration de l'EFSA.
L'EFSA a observé qu’un large consensus existait sur cette question au niveau européen, les évaluations rendues par les États membres estimant que les conclusions de Séralini et al. n'étaient pas étayées par les données présentées dans l'étude. Quatre des évaluations nationales concluaient que l'article ne fournissait pas d'informations scientifiques qui justifieraient la nécessité d'ouvrir à nouveau l'évaluation des risques du NK603 ou du glyphosate. Les exceptions étaient le Haut Conseil français des biotechnologies et l'Italie, dont les évaluations ne portaient pas sur cette question.
Les États membres ont également identifié plusieurs des faiblesses déjà soulevées par l'EFSA concernant la méthodologie et la conception de l'article. Ils ont noté les lacunes suivantes : des objectifs d'étude peu clairs, le nombre peu élevé de rats utilisés dans chaque groupe de traitement, un manque de détails concernant la formulation de l’alimentation et du traitement, des informations clés manquantes sur les méthodes statistiques employées et un rapport incomplet sur les facteurs résultants.
Au cours du processus d’examen, l'EFSA a demandé a Séralini et al. de fournir des informations supplémentaires sur la documentation de leur étude. Aucune information n'est parvenue à l'Autorité avant la publication de la présente déclaration. Cependant, le 9 novembre 2012, Séralini et al. ont publié une réponse générale aux réactions provenant des quatre coins du monde sur leur article. Après s’être penchée attentivement sur cette publication, l'EFSA a conclu qu'elle ne fournissait qu'un nombre limité d'informations pertinentes qui n’apportaient pas de réponse à la majorité des questions en suspens soulevées dans la première déclaration de l'Autorité.
Dans leur document intitulé "Réponse aux critiques", Séralini et al. ont déclaré que la taille de l'échantillon de leurs groupes de traitement était trop petite pour pouvoir tirer des conclusions concernant la carcinogénicité à long terme et la mortalité. L'EFSA note que cette déclaration de la part des auteurs est incompatible avec les conclusions générales qu'ils ont tirées dans leur article concernant les tumeurs et la mortalité.
La réaction du professeur Gilles-Eric Séralini n’a pas tardé, dès le lendemain de la publication de l’évaluation finale de l’EFSA. "Ne pas avoir au moins un soupçon après l'étude que nous avons faite de toute façon la plus détaillée au monde relève de la malhonnêteté intellectuelle", a-t-il dénoncé, voyant là "une faute professionnelle grave".
"L'Efsa a déjà à rougir du fait d'avoir jeté nombre d'études sur le bisphénol A", a ajouté le scientifique, pour qui "cela confine à la criminalité". Il s’inquiète par conséquent de voir qu’ils "recommencent la même chose" avec les OGM.