Dans un communiqué que le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a fait diffuser dans la nuit du 29 novembre 2012, il est dit que "l’Assemblée générale des Nations Unies vient de voter à une large majorité (138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions) en faveur du rehaussement du statut de la Palestine au sein de l’organisation. Le Luxembourg, saluant l’initiative palestinienne comme légitime et équilibrée, a voté en faveur de ce rehaussement. En effet, Le Luxembourg reste profondément attaché à une solution à deux Etats, sur base des frontières de 1967, coexistant en paix et en sécurité. Des événements récents ont montré l’extrême urgence d’un progrès tangible dans le processus de paix. Il est à espérer maintenant que les parties pourront rapidement avancer par la négociation. Les droits des peuples à leur propre foyer national, démocratique et inclusif, ne doivent jamais être mis en question."
Le Luxembourg fait partie des plus de 70 % des pays qui ont voté en faveur de la résolution. Les Etats membres de l’UE ont été divisés sur la question. Un seul Etat membre de l’UE a voté contre la résolution, la République tchèque, douze se sont abstenus – la Bulgarie, l’Allemagne, l’Estonie, le Royaume Uni, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Hongrie, et 14 ont voté pour : la France, le Luxembourg, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, Malte, la Grèce, l’Irlande, l’Autriche, la Suède, le Danemark, la Finlande, le Portugal et Chypre.
Dans une interview donnée après le vote à la station de radio 100,7, Jean Asselborn a expliqué la position du Luxembourg. C’est un vote qui n’est pas dirigé contre Israël, mais qui a pour objectif de donner une reconnaissance internationale au peuple palestinien et d’encourager Israël, en mettant la pression, à créer de nouveau les conditions pour qu’une négociation devienne possible, ce qui sera possible si Israël met un arrêt à sa politique de colonisation des territoires occupés. Car la paix et une solution des deux Etats ne pourront être négociées qu’entre Israël et les Palestiniens.
Par ailleurs, a-t-il déclaré au quotidien Luxemburger Wort, "un Etat palestinien n’est pas un cadeau pour les Palestiniens, mais il est fondamental pour l’existence même d’Israël", car sans Etat palestinien, pas de coexistence avec les Etats arabes et pas de stabilité. Et dans le quotidien français L’Humanité, il déclare : "La création d'un Etat palestinien ne serait pas un cadeau pour les Palestiniens. Ce serait la condition sine qua non pour qu'Israël puisse vivre durablement en paix et en sécurité. Or, que fait l'Union européenne ? Elle rehausse le statut d'Israël." Il se dit convaincu que "va arriver le moment où l'UE sera forcée de considérer les moyens de pression qu'elle a en mains". "Mais avec cette génération d'hommes politiques, il n'y aura jamais unanimité sur cette question", conclut-il, réaliste.
Pour Jean Asselborn, l’UE est effectivement divisée, mais "nous avons fait de grands progrès, puisque plus de 50 % des Etats membres de l’UE ont voté oui". Et il ajoute au micro de 100,7 : "Il y a quelques semaines, nous étions six à dire clairement que nous voterions 'oui'. Une position commune qui se serait traduite par 27 abstentions aurait été « non-disante » pour Jean Asselborn. "Maintenant, il y a une position où une forte majorité dit ‘oui’". Et que des pays s’abstiennent est dû selon lui « au poids de l’histoire", "surtout en Allemagne".
Dans le quotidien français l’Humanité, il précise sa pensée : "C'est le poids de l'histoire. C'est en tout cas ce qu'expliquent certains pays, comme l'Allemagne. Mais Berlin ne devrait pas identifier les intérêts du peuple israélien et ceux du gouvernement Netanyahou. Tous les Etats européens devraient pousser ce gouvernement israélien vers une autre politique." Et il ajoute : "Je considère qu'il faut rester en phase avec le discours fondamental de l'Union européenne sur les droits de l'homme. On ne peut pas, par exemple, critiquer les conditions à Cuba et accepter les conditions de vie faites aux Palestiniens. C'est un double langage."
Un parti luxembourgeois a réagi au vote à l’ONU, Déi Gréng, par la voix de Felix Braz, député en charge des affaires étrangères pour le groupe parlementaire. Felix Braz déclare : "Il s’agit d’un vote historique qui confirme qu’une paix durable ne sera possible que dans le cadre d’une solution à deux Etats. Ce vote est une victoire des modérés, de tous ceux et toutes celles, qui en Palestine comme en Israël, souhaitent voir la poursuite et l’aboutissement des négociations de paix entre Israël et l’autorité palestinienne dirigée par le président Abbas. L’Union européenne, dont le vote n’a pas été unanime, doit maintenant se rassembler pour jouer un rôle actif dans un processus de paix relancé."