Diarmuid O’Leary, l’ambassadeur irlandais au Luxembourg, a présenté le 14 janvier 2013 à la Maison de l’Europe le programme de la Présidence irlandaise du Conseil , et ce en compagnie de la chargée d’affaires de Lituanie, Danguole Vinciuniene, et de l’ambassadeur de la Grèce, Ionnis Rizopoulos, qui sont les représentants des deux autres Etats membres du trio présidentiel du Conseil qui va durer jusqu’en juin 2014 inclus.
Le programme de la 7e présidence irlandaise du Conseil depuis qu’elle a adhéré à l’UE il y a quarante ans début 1973, une présidence dont l’ambassadeur a dit qu’elle sera "à bas coût, modeste, mais efficace", met l’accent sur trois axes : la stabilité, l'emploi et la croissance. Son pays, fortement frappé par la crise, mais qui avec une prévision de faible croissance de 1,1 % en 2013 et de 2,2 % en 2014 ,est selon lui en train de récupérer", est de son propre aveu particulièrement intéressé à ces trois points.
En ce qui concerne le volet stabilité, l’ambassadeur d’Irlande a mentionné l’union bancaire comme le premier des objectifs que l’Irlande veut atteindre. Elle a pour objectif la mise en place du mécanisme de supervision unique sous l'égide de la Banque centrale européenne (BCE) en 2013. Pour cela, les travaux au Conseil devraient être achevés d’ici mars 2013 et les négociations avec le Parlement européen d’ici juin 2013. L’Irlande veut aussi avancer sur les questions de système de dépôt à l'échelle européenne et de mécanisme de résolution des défaillances bancaires, autant d’éléments dont le Conseil européen de décembre 2012 a rappelé l’aspect prioritaire.
Pour ce qui est de l’emploi, l’ambassadeur a cité le chiffre de plus de 26 millions de chômeurs dans l’UE pour illustrer l’ampleur et la gravité du problème. Afin que l’emploi se développe de nouveau, "il faut créer un meilleur environnement", a-t-il dit. Un de ces éléments pour faire face au chômage des jeunes qui atteint par exemple 29 % en Irlande, 58 % en Grèce et 50 % en Espagne est la garantie jeunesse, qui devrait être discutée lors d’un Conseil EPSCO informel en février 2013 (et qui aura déjà été l’objet d’un débat et d’un vote lors de la session du Parlement européen du 14 au 17 janvier 2013, ndlr).
Mais l’Irlande semble avant tout privilégier "une approche plus globale" de la question de l’emploi, comme l’a dit l’ambassadeur O’Leary, et cela veut dire : il faut se concentrer sur la croissance et donc la mise en œuvre des mesures préconisées par les Acte pour le marché unique et sur les secteurs économiques qui représentent le plus fort potentiel de croissance, dont l'économie numérique et les PME.
Afin que l'UE puisse jouer pleinement son rôle et que les mesures préconisées par la présidence irlandaise puissent être financées, un accord sur le cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2014-2020 doit être conclu dès que possible selon l’ambassadeur irlandais. Son gouvernement souhaite que cela puisse se faire dès le Conseil européen des 7 et 8 février 2013. En attendant, la Présidence irlandaise aide le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et son équipe pour aider à faire avancer le processus. Il s’agira ensuite, si un accord est trouvé au Conseil européen et que cet accord est entériné par le Conseil, de parvenir à un accord avec le Parlement européen sur le CFP et les politiques sectorielles qui en découlent, à condition que ce dernier puisse être d’accord avec son contenu dont il a fortement critiqué le manque d’ambition des premières moutures. L’accord avec le co-législateur qu’est le Parlement européen sera donc une des tâches essentielles de la Présidence irlandaise pour que toutes les mesures législatives qui permettront la mise en œuvre du CFP puissent être votées et entrer en vigueur en 2014.
L’élargissement de l’UE a été le dernier dossier évoqué par l’ambassadeur. Dublin veut relancer les négociations avec la Turquie (gelées tout comme les relations avec l’UE sous la Présidence chypriote, ndlr), ainsi qu’avancer avec l’Islande et les pays des Balkans occidentaux.
L’ambassadeur n’a rien dit sur un accord politique sur la réforme de la politique agricole commune (PAC), ni sur la réforme de la politique commune de la pêche (PCP) que son gouvernement vise fin juin 2013, qui dépend entièrement des résultats du Conseil européen des 7 et 8 février 2013 sur le cadre financier pluriannuel 2014-2020. Selon une déclaration du ministre irlandais de l'Agriculture, Simon Coveney, rapportée par l’Agence Europe, il serait difficile de conclure la réforme de la PAC d'ici la fin du mois de juin.