En décembre 2011, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) annonçait qu’elle plaçait "sous surveillance négative" les notes qu'elle attribuait à la dette à long terme de quinze pays de la zone euro, dont l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas, les six pays dotés du précieux AAA. L'agence avait justifié son annonce par sa "conviction" que les tensions systémiques dans la zone euro avaient augmenté au point de faire pression à la baisse sur le degré de solvabilité de la zone euro dans son ensemble. Le Premier ministre Jean-Claude Juncker, qui avait jugé alors "démesurément exagérée, mais aussi injuste" la menace que faisait peser S&P sur le Luxembourg, avait souligné aussi qu’il ne fallait pas accorder aux agences de notation plus de crédit qu’elles n’en méritent.
Le 14 janvier 2013, S&P a annoncé avoir revu ses perspectives à long terme pour le Grand-Duché et pour la Finlande, lesquelles sont passées de négatives à stables. L'agence a par ailleurs indiqué avoir confirmé la note de la Finlande et du Luxembourg à long terme à "AAA" et celle à court terme de "A-1+".
L’agence de notation souligne "les forces" du Luxembourg que sont à ses yeux les hauts niveaux de richesse du Grand-Duché - elle cite à ce titre un PIB par habitant qui devrait dépasser 86000 euros en 2013 en comptant les travailleurs frontaliers et qui compte parmi les plus élevés –, un environnement politique stable, prévisible et transparent ayant démontré la maîtrise qu’il a sur ses finances publiques, et enfin le fort bilan de l’Etat luxembourgeois, les actifs nets de l’administration publique étant évalués à 17 % du PIB en 2013 alors que la dette publique est en-dessous de 25 %. Autant d’éléments qui sont aux yeux des analystes de S&P suffisants pour compenser les risques qui pèsent sur l’économie du Luxembourg qui dispose d’une marge de protection pour faire face à toute tension externe pouvant émaner du reste de l’Europe.
S&P souligne aussi que la résilience et la richesse du Luxembourg proviennent pour partie de la croissance et de la diversification de ses activités financières, et l’agence a en vue tant la somme des actifs gérés au Luxembourg que l’importance du rôle du pays sur le marché européen des obligations du secteur privé. L’agence S&P voit dans la prévalence de filiales ou de branches de banques étrangères une raison de considérer comme "limités" les passifs éventuels du Luxembourg. L’agence note que le secteur financier, qui représente environ 35 % du PIB, est en train de subir une transformation structurelle qui résulte de la réforme institutionnelle en cours dans la zone euro. Du point de vue des analystes de S&P, les pressions sur la rentabilité du secteur financier ont pesé sur la croissance du Luxembourg depuis le début de la crise en 2008. Pour autant, ils sont d’avis que le Luxembourg devrait faire preuve d’assez de flexibilité budgétaire et fiscale pour s’adapter à l’éventuelle introduction de mesures européennes comme la TTF ou l’ACCIS. De même, les analystes de S&P jugent les avantages compétitifs du positionnement central du Luxembourg, sa main-d’œuvre qualifiée et sa forte réputation en matière réglementaire, en mesure de faire en sorte que le Luxembourg conserve son important rôle sur les marchés financiers européens.
Les analystes de l’agence de notation observent que la notation des obligations du Luxembourg pourrait être mise sous pression si les "risques réglementaires" pesant sur le secteur financier luxembourgeois devaient s’avérer plus importants qu’envisagés, ou bien si les risques budgétaires devaient s’accentuer et affecter la dette publique du Grand-Duché.