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Economie, finances et monnaie
"Les autorités chypriotes vont introduire plus de progressivité" dans la taxe sur les dépôts bancaires prévue dans l’accord sur le plan d’aide à Chypre, annonce l'Eurogroupe, tandis que l’île est suspendue à un feu vert du parlement
18-03-2013


L’accord trouvé dans la nuit du 15 au 16 mars 2013 sur un plan d’aide à Chypre n’a pas manqué de susciter, dès son annonce, de vives réactions. C’est notamment l’annonce de la levée d’une taxe sur les dépôts bancaires chypriotes, dont il était annoncé qu’elle s’élèverait à un taux de 6,75 % sur les dépôts en-dessous de 100 000 euros et de 9,9 % au-delà, qui a provoqué une levée de boucliers, à Chypre, à Moscou, mais pas seulement.

"L’accord doit être amélioré en prenant en considération une plus grande équité fiscale", a insisté Jean-Claude Juncker depuis Vienne où il était en visite officielle

Ainsi, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui était en visite officielle à Vienne le 18 mars 2013, a dit regretter les répercussions de cette taxe surtout pour les petits épargnants. "Je redoute une rupture de confiance, non seulement des banques, mais également des citoyens", a expliqué Jean-Claude Juncker. "C'est la première fois qu'un accord est élaboré sans ma participation, c'est pour cela qu'il comporte des lacunes", a encore ironisé l’ancien président de l’Eurogroupe, qui n’a pas participé à cette réunion des ministres des Finances au cours de laquelle le Luxembourg était représenté par Luc Frieden.

"L’accord doit être amélioré en prenant en considération une plus grande équité fiscale", a insisté Jean-Claude Juncker pour qui les gros dépositaires sont moins touchés qu’ils n’auraient pu l’être. Le Premier ministre semblait convaincu que l’accord serait modifié : "le dernier mot n’a pas été dit", a-t-il en effet déclaré.

Du côté des marchés, la réaction s’est fait vite sentir, tandis que l’un des directeurs de l’IIF, groupement des plus grandes banques mondiales qui avait négocié le PSI grec, jugeait "particulièrement malheureux" que les négociateurs de l’accord "aient accouché d’une mauvaise décision". Ce "précédent très dangereux (...) sape la crédibilité" du modèle de garantie des dépôts européens selon ce responsable contacté par l’AFP.

A Chypre, où les protestations spontanées ont été nombreuses, le parlement, dont il était escompté qu’il donne son feu vert à l’accord pendant le week-end a finalement reporté au lundi 18, puis au mardi 19, obligeant par conséquent les banques chypriotes à ne pas rouvrir, comme prévu, le 19 mars au matin. Les autorités chypriotes ont ainsi déclaré les 19 et 20 mars jours fériés bancaires, suite à quoi la Bourse chypriote a elle suspendu ses échanges aux mêmes dates.

Conférence téléphonique de l’Eurogroupe : "les autorités chypriotes vont introduire plus de progressivité"

Face au blocage de la situation, les ministres des Finances de la zone euro ont tenu une conférence téléphonique convoquée le 18 mars 2013 à 18h30 pour faire le point.

Dans une déclaration publiée à l’issue de cette discussion, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a réaffirmé que l’accord politique trouvé le 16 mars fixant les fondements du programme d’ajustement et du plan d’aide est basé sur le consensus trouvé entre le gouvernement chypriote et l’Eurogroupe. "La taxe de stabilité sur les dépôts bancaires est une mesure unique", rappelle-t-il aussi en soulignant que sans une telle mesure, Chypre aurait à faire face à des scénarios bien pires pour ses épargnants.

Toutefois, il indique aussi que l’Eurogroupe est d’avis que les petits épargnants doivent être traités différemment des grands dépositaires. Ainsi, annonce-t-il, "les autorités chypriotes vont introduire plus de progressivité" dans la taxe exceptionnelle que ce qui a été annoncé au petit matin du 16 mars, à condition toutefois, met-il en garde, que cela n’impacte pas le montant prélevé, et donc l’enveloppe totale d’aide financière de 10 milliards d’euros sur laquelle ils se sont entendus. L’Eurogroupe appelle désormais gouvernement et parlement chypriotes à prendre une décision rapide.