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Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Les ministres des Finances de la zone euro escomptent un accord rapide avec le nouveau gouvernement chypriote sur le programme d’ajustement qui va accompagner l’aide financière demandée
04-03-2013


Les ministres des Finances de la zone euro, parmi lesquels Luc Frieden pour le Luxembourg, se sont réunis le 4 mars 2013 pour un Eurogroupe qui s’est tenu sous la présidence de Jeroen Dijsselbloem.

Au programme des discussions, les ministres avaient tout d’abord les prévisions économiques d’hiver publiées par la Commission européenne le 22 février dernier. C’est avec pour toile de fond ce tableau marqué par de grands défis d’une part et une action engagée pour rééquilibrer les finances publiques d’autre part qu’ils ont discuté de la question des déficits excessifs dans différents pays de la zone euro.

Ce fut l’occasion pour Olli Rehn, membre de la Commission en charge des Affaires économiques et monétaires, de rappeler que "le pacte de stabilité n'est pas stupide" et peut être assoupli lorsque des pays font face à des difficultés économiques exceptionnelles.Luc Frieden à son arrivée à l'Eurogroupe du 4 mars 2013 (c) Conseil de l'UE

Luc Frieden, qui était attendu par la presse à son arrivée à Bruxelles, a pour sa part affiché une position ferme dans un débat qui semble se cristalliser autour des risques que les mesures d’austérité qui accompagnent la rigueur budgétaire sont susceptibles de faire peser sur une croissance actuellement en berne : "il n’y a pas de contradiction entre des finances publiques saines et la croissance", a-t-il affirmé en effet. Marisandra Ozolins rapporte encore dans le Tageblatt daté du 5 mars 2013 que le ministre luxembourgeois a mis l’accent sur les règles renforcées qui sont désormais entrées en vigueur, des règles qu’il convient selon lui de respecter pour que l’Europe et la zone euro ne perdent pas à nouveau en crédibilité.

Les ministres ont ensuite fait le point sur la mise en œuvre du programme d’assistance financière octroyé à la Grèce, se félicitant du fait que les engagements pris pour février dans le cadre du programme d’ajustement avaient bien été tenus par les autorités grecques, ce qui a d’ailleurs permis le déblocage d’une tranche de 2,8 milliards d’euros le 28 février dernier. Les ministres ont donc appelé les autorités grecques à tenir le rythme des réformes en vue notamment d’un versement d’une tranche de 2,8 milliards d’euros au mois de mars qui est conditionnée par une série d’engagements fixés dans le programme d’ajustement établi suite à l’accord du 26 novembre 2012.

Les ministres des Finances ont par ailleurs fait le point sur le programme de recapitalisation des banques espagnoles, au sujet duquel un rapport vient d’être remis ; il semble que le programme soit en bonne voie, les engagements pris étant jusqu’ici tenus malgré l’ambition des délais fixés.

Luc Frieden en discussion avec son homologue irlandais Michael Noonan lors de l'Eurogroupe du 4 mars 2013 (c) Conseil de l'UELes ministres ont poursuivi les discussions engagées sur l’instrument de recapitalisation directe des banques dont devrait être doté l’ESM à l’avenir, et ils ont abordé plus spécifiquement la question des critères d’éligibilité ainsi que celle de la rétroactivité.

Enfin, les ministres ont discuté des différentes options envisageables qui permettraient de soutenir l’Irlande et le Portugal dans leurs efforts pour regagner un accès durables aux marchés financiers. La question d’un ajustement des prêts, dont la durée pourrait être rallongée, a bien été abordée, mais elle devra encore faire l’objet de discussions. "Nous espérons aboutir sur ce point lors de la prochaine réunion des ministres des Finances en avril à Dublin", a affirmé Olli Rehn à ce sujet.

"Tout pays est d’importance systémique", juge Luc Frieden en soulignant l’urgence qu’il y a à parvenir à un accord sur le programme d’ajustement conditionnant l’aide à Chypre

L’Eurogroupe a accueilli le nouveau ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, qui a présenté à ses pairs les intentions et engagements du nouveau gouvernement. Jeroen Dijsselbloem a affirmé sa confiance dans le fait que l’entrée en fonction de ce nouveau gouvernement va permettre d’aboutir à une conclusion rapide des négociations entre la troïka et les autorités chypriotes portant sur le programme d’ajustement qui va accompagner l’aide financière demandée en juin 2012. Olli Rehn a évoqué la possibilité d’un accord pour la deuxième moitié de mars 2013 et les ministres des Finances sont d’ores et déjà prêts à se réunir dans les prochaines semaines en fonction des progrès dans les négociations.Jeroen Dijsselbloem et Luc Frieden lors de l'Eurogroupe du 4 mars 2013 (c) Conseil de l'UE

Interviewé sur les ondes de RTL Radio Lëtzebuerg au matin du 5 mars 2013, Luc Frieden a mis en avant l’urgence qu’il y a à aider Chypre pour éviter de se retrouver dans une situation similaire à celle par laquelle est passée la Grèce : plus les discussions durent, plus cela génère d’incertitude, résume le ministre luxembourgeois qui, après que tout a été fait pour stabiliser la zone euro, considère qu’il faut désormais ne pas la déstabiliser à nouveau. "Tout pays est d’importance systémique", a insisté le ministre luxembourgeois qui est pressé de parvenir à un accord.

Luc Frieden a pointé la spécificité du cas chypriote, qui rapproche d’une certaine façon ce pays du Luxembourg, à savoir l’importance de son secteur financier, que d’aucuns trouvent trop grande. "Nous pensons que cela ne saurait être un critère" dans la discussion, estime Luc Frieden.

Le nouveau gouvernement chypriote a donné son aval à une évaluation indépendante de la mise en œuvre des mesures anti-blanchiment, ce qu’Olli Rehn n’a pas manqué de saluer comme "une avancée importante" dans la mesure où il s’agit selon lui de "la manière la plus convaincante de répondre aux inquiétudes". On se souvient en effet que la mise en œuvre de ces mesures avait été considérée en février dernier, à la demande d’un certain nombre de pays, comme une "condition sine qua non" à l’octroi de l’aide financière.

Interrogé au micro de Claude Zeimetz sur cette question de la lutte contre le blanchiment d’argent, Luc Frieden a rappelé les règles internationales qui sont appliquées en la matière, que ce soit au Luxembourg ou à Chypre. "Les rapports que nous recevons montrent que les règles du GAFI sont mises en œuvre" par Chypre, a expliqué le ministre luxembourgeois qui juge qu’un audit supplémentaire ne devrait pas être un critère pour octroyer une aide. "Bien entendu nous souhaiterions que ces règles soient appliquées rigoureusement, mais je suis d’avis que ces arguments sont un peu invoqués par différents pays pour ne pas avoir à aider", analyse Luc Frieden qui ne perd pas de vue que les difficultés que rencontre Chypre ont fait suite à celles connues par la Grèce.