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Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Alors que la question des taux de change devrait être discutée au G20, la lutte contre le blanchiment d'argent est "une condition sine qua non" pour un plan d'aide à Chypre
11-02-2013


Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 11 février 2013 pour un Eurogroupe qui s’est tenu sous la présidence de Jeroen Dijsselbloem et qui s’est conclu par un dîner en l’honneur de son prédécesseur au poste de président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

La question des taux de change sera discutée au G20, mais pour Luc Frieden, un euro fort "est le meilleur signe que l'euro existe, que l'euro survivra, que l'euro est une monnaie stable"

Lors de cette réunion qui fut relativement brève, il a bien été question du taux de change de l’euro, dont le niveau est particulièrement fort ces derniers temps. Mais les ministres sont d’avis que le sujet doit être abordé dans une enceinte plus propice, à savoir le G20, qui se réunit justement à Moscou en fin de semaine, ou encore le G7, ainsi que l’a indiqué Jeroen Dijsselbloem qui a aussi rappelé à l’issue de la réunion qu’il mettait "un point d'honneur à ne pas faire de commentaire sur les taux de change".

Le sujet avait été mis sur la table par le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, inquiet d’un euro trop fort dans un contexte marqué par la décision du Japon de tout faire pour maintenir le yen sous pression. "Je pense qu'il faut se garder de toute guerre des monnaies", a expliqué Pierre Moscovici qui juge "légitime" d'avoir une "discussion sur les pratiques des uns et des autres". Il appelle à la vigilance quant à l’impact du taux de change sur la croissance et se dit convaincu que la question reviendra sur la table de l’Eurogroupe.Luc Frieden, Jeroen Dijsselbloem et Christine Lagarde lors de la réunion de l'Eurogroupe du 11 février 2013 (c) Le Conseil de l'UE

Pour son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, "les taux de change ne devraient pas être manipulés". Pour lui, "il n'y a pas de problème de taux de change de l'euro", même s'il "peut y avoir des préoccupations concernant d'autres grandes devises".

Aux yeux du ministre des Finances, Luc Frieden, qui représentait le Luxembourg lors de cette réunion, la question d’un euro jugé trop fort est "intéressante" quand on se souvient qu’il y a un an, beaucoup se demandaient si l’euro survivrait. De son point de vue, la vigueur de l’euro "est le meilleur signe que l'euro existe, que l'euro survivra, que l'euro est une monnaie stable". Il reste par ailleurs convaincu que "le cours de change ne peut pas être décidé unilatéralement par l'Eurogroupe".

Premiers éléments ressortant des prévisions d’hiver de la Commission pour la zone euro

Les ministres ont par ailleurs pris connaissance des premiers éléments ressortant des prévisions économiques de la Commission pour la zone euro, qui seront publiées le 22 février prochain. Le commissaire en charge des Affaires économiques et monétaires en a évoqué les grandes lignes.

Ainsi, on observe que la normalisation des conditions de marchés se poursuit, une tendance qui, selon Olli Rehn, donne plus de valeur encore aux réformes en faveur de la croissance et aux efforts de consolidation budgétaire qui sont en cours. Par ailleurs la confiance gagne du terrain, ce dont témoigne notamment le retour des capitaux privés dans les pays du Sud de la zone euro.

Pour autant, les perspectives à court terme de l’économie réelle restent faibles. Le problème du chômage est grave et devrait persister dans les prochains mois, la production industrielle reste est faible et les conditions de crédit sont encore difficiles.

 Vu que la dette publique tourne autour de 90 % du PIB en moyenne dans la zone euro, le commissaire reste convaincu qu’il faut poursuivre la voie de la consolidation budgétaire et qu’il ne faut pas baisser la garde.

La lutte contre le blanchiment d’argent, condition sine qua non pour le plan d’aide à Chypre

Les ministres des Finances ont fait le point sur les négociations qui se poursuivent entre les autorités chypriotes et la troïka pour mettre au point un programme d’ajustement conditionnant l'octroi de l’aide financière que Chypre a demandée. Ils ont pris bonne note des progrès réalisés en vue d’une finalisation de ce programme après l’élection présidentielle, dont le premier tour se tient dimanche prochain.

Les ministres se sont surtout concentrés sur la lutte contre le blanchiment d’argent, le FMI étant en train de conduire une évaluation du cadre légal chypriote. Comme l’a souligné Olli Rehn la lutte contre le blanchiment d'argent est "une condition sine qua non" pour un plan d'aide à Chypre. Une évaluation de la mise en œuvre de cette législation récemment adoptée pour lutter contre le blanchiment d’argent devra être menée par un organisme indépendant, a annoncé Jeroen Dijsselbloem. Ses résultats contribueront à avancer vers la finalisation du programme d’ajustement sur lequel le président de l’Eurogroupe espère un accord aux alentours de la mi-mars.

Alors que les rumeurs portant sur une éventuelle mise à contribution des déposants pour soulager Chypre du fardeau de sa dette, le ministre luxembourgeois Luc Frieden a confirmé avant la réunion de l’Eurogroupe à l’agence Dowjones que cela restait une option à l’étude, bien qu’elle soit loin d’être celle qu’il préfère.

Les discussions progressent sur les futures modalités de la recapitalisation des banques par l’ESM

La réunion a par ailleurs permis de discuter des instruments de recapitalisation bancaire directe dont devrait être dotés le Mécanisme européen de stabilité. Il a été question de la forme que prendront ces instruments, de leur interaction avec la future Union bancaire ainsi que de la capacité financière qui leur sera allouée au sein de l’ESM. Les ministres se sont entendus sur le principe d’une évolution de ces instruments dans le temps, parallèlement à la mise en place de l’Union bancaire. Par ailleurs, afin de préserver les capacités de l’ESM et sa note auprès des agences de notation, ils se sont mis d’accord pour plafonner les différents instruments de l’ESM, car il n’est pas question de demander des contributions supplémentaires des Etats membres pour la recapitalisation. Ils envisagent d’ailleurs de pouvoir impliquer le secteur privé afin de maximiser les capacités de la recapitalisation bancaire. Les discussions se poursuivront au cours des prochains mois

Jeroen Dijsselbloem a été élu à l'unanimité président du conseil des gouverneurs de l’ESM, en remplacement de son prédécesseur Jean-Claude Juncker.