La Commission a rendu publiques le 10 avril 2013 les conclusions des bilans approfondis concernant les treize États membres qui, selon les conclusions du rapport sur le mécanisme d'alerte publié en novembre dernier, présentent des signes de déséquilibres macroéconomiques.
Les bilans approfondis montrent que l’ajustement macroéconomique en Europe se poursuit, mais sa nature et son rythme varient d'un État membre à l'autre. Ils font état d'une réduction du déficit des comptes courants, d'une convergence des coûts salariaux unitaires, d'une correction des prix excessifs de l'immobilier et d'une réduction de l'endettement du secteur privé. Toutefois, compte tenu de la disparité des problèmes et des déséquilibres, les écarts de croissance entre pays devraient persister dans les années à venir, prévoit la Commission.
La faiblesse de l’activité économique et la fragilité des perspectives économiques pourraient, dans certains cas, avoir contribué à aggraver les risques liés aux déséquilibres macroéconomiques et leurs retombées entre pays, constate la Commission qui relève en outre, dans la plupart des cas, l’ajustement n’est pas encore achevé. D’après l’analyse menée, de nombreux États membres de l’UE restent confrontés à d'importants problèmes : dette extérieure, endettement du secteur privé et ajustements des marchés de l'immobilier. Remédier à ces difficultés nuira à la compétitivité des pays endettés et à leur capacité à générer de la croissance, à assurer la stabilité financière et, fondamentalement, à réduire le chômage, soulignent les services de la Commission.
Les déséquilibres macroéconomiques détectés dans plusieurs États membres doivent faire l'objet d'une surveillance étroite. Un engagement ferme en faveur de réformes structurelles est indispensable pour les corriger d'une manière aussi ordonnée que possible et mettre en place les conditions propices à une croissance durable et à la création d'emplois.
La Commission attend également des onze pays connaissant des déséquilibres non excessifs, à savoir la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, la France, l’Italie, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, la Finlande, la Suède et le Royaume-Uni, qu'ils tiennent compte des conclusions des bilans approfondis dans leurs programmes nationaux de réforme et leurs programmes de stabilité ou de convergence. Pour ces pays, la Commission présentera le 29 mai, dans le cadre du semestre européen, des recommandations concernant la correction des déséquilibres existants et la prévention de nouveaux déséquilibres.
Dans le cas de la Belgique, la Commission pointe notamment la compétitivité extérieure des biens et l’endettement, notamment public, avec les implications que son niveau pourrait avoir sur l’économie réelle.
Pour la Bulgarie, la Commission met l’accent sur l’impact du désendettement dans le secteur des entreprises ainsi que sur l’ajustement qui se poursuit en matière de positions extérieures, de compétitivité et de marché du travail.
La Commission entend surveiller de près l’ajustement en cours du marché immobilier au Danemark, ainsi que le haut niveau d’endettement du secteur privé, et notamment des ménages, ou encore les moteurs de la compétitivité extérieure.
Dans le cas de la France, ce sont les performances à l’exportation et la compétitivité dans un contexte de dégradation de la position extérieure, ainsi que le haut niveau de la dette publique, qui feront l’objet d’une attention toute particulière, le souci de la Commission étant de réduire les risques négatifs sur le fonctionnement de l’économie française et de l’UEM.
En Italie, ce sont la performance à l’exportation et la perte sous-jacente de compétitivité qui seront suivies de près, sans oublier la dette publique élevée dans un environnement de croissance modérée.
Quant à la Hongrie, c’est l’ajustement en cours de l’importante dette à la fois publique et privée ainsi qu’un environnement peu propice aux affaires qui vont faire l’objet d’un suivi de la Commission qui souligne les risques importants que ces déficits macroéconomiques font peser sur le bon fonctionnement de l’économie.
Malte, qui fait l’objet d’une analyse approfondie pour la première fois, va être surveillée surtout en raison des hauts niveaux de dette des entreprises ainsi que du gouvernement, l’enjeu étant la viabilité à long terme des finances publiques. La Commission pointe aussi la taille très importante du secteur financier maltais et notamment le lien étroit entre les banques à vocation domestique et le marché de l’immobilier ainsi que le secteur de la construction, qui sont en plein processus d’ajustement, ce qui pose un certain nombre de défis.
Pour les Pays-Bas, qui font eux aussi pour la première fois l’objet d’une analyse approfondie, la Commission vise notamment l’évolution de la dette privée et les pressions en faveur du désendettement qui vont de pair avec des dysfonctionnements persistants du marché immobilier. La balance commerciale, qui est excédentaire, est elle aussi visée. Le cas de pays qui, comme les Pays-Bas, affichent un excédent de leur solde des opérations courantes avait fait l'objet d'un rapport spécifique de la Commission en décembre 2012.
En Finlande, ce sont la détérioration de la balance commerciale et la faible performance à l’exportation, qui est liée à une restructuration industrielle, ainsi que les facteurs de compétitivité qui feront l’objet de l’attention de la Commission.
En ce qui concerne la Suède, l’évolution de la dette privée et le désendettement, qui vont de pair avec des dysfonctionnements persistants du marché immobilier, vont continuer d’intéresser de près les services de la Commission. De même que la balance commerciale excédentaire.
La dette des ménages et notamment les hauts niveaux de dette hypothécaire sur le marché immobilier vont faire l’objet d’un suivi de la Commission dans le cas du Royaume-Uni, où l’évolution de la compétitivité extérieure, notamment en termes d’exportations de bien et de faible croissance de la productivité, va aussi rester dans la mire.
La Commission considère que les déséquilibres sont excessifs dans deux États membres, l'Espagne et la Slovénie.
En Espagne, le niveau très élevé des dettes intérieure et extérieure continue notamment de présenter des risques graves pour la croissance et la stabilité financière, et ce notamment dans un contexte de contraction de l’activité économique, de chômage croissant et recapitalisation bancaire.
En Slovénie, l’endettement et le processus de désendettement des entreprises font peser des risques substantiels sur la stabilité du secteur financier, notamment par leurs interactions avec les finances publiques. A quoi s’ajoutent une capacité d’ajustement limitée sur les marchés du travail et des capitaux et une structure économique dominée par la participation de l’Etat.
L'adéquation des mesures engagées par ces États membres sera évaluée en temps utile avant la fin du semestre européen de coordination des politiques économiques, dans le cadre duquel seront adoptées les recommandations spécifiques par pays, le 29 mai.
Pour Chypre, qui avait aussi été retenu pour un bilan approfondi dans le rapport sur le mécanisme d'alerte, aucun bilan approfondi n'est publié, étant donné l’accord politique conclu entre l’Eurogroupe et les autorités chypriotes sur les principaux éléments d’un programme d’ajustement macroéconomique et d'un financement officiel. La procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques ne s'applique pas aux pays faisant l'objet d'un programme, car ils sont déjà soumis à une surveillance économique renforcée dans le cadre de leur programme d’ajustement.