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Emploi et politique sociale - Transports
Les participants luxembourgeois au congrès de la fédération européenne des travailleurs des transports ont fait état de la dégradation sociale dans les secteurs ferroviaire, de l’aviation et des transports publics et routiers
04-06-2013


Affiche du congrès de l'ETF à Berlin fin mai 2013Fin mai 2013 a eu lieu à Berlin le congrès de l’ETF, la fédération européenne des travailleurs des transports. Les syndicats luxembourgeois OGBL ACAL et Aviation civile pour les transports routiers et l’aviation, et FNCTTFEL-Landesverband pour les chemins de fer et les transports publics y ont participé et ont rendu compte des revendications de leurs différents départements, tout comme des revendications spécifiques pour les femmes travaillant dans le secteur des transports concernant l’égalité des salaires entre hommes et femmes et la lutte contre la violence contre les femmes sur le lieu de travail, qu’elle vienne des collègues ou des clients.

Pour Guy Greivelding, l’objectif du processus de libéralisation dans les transports publics est de "casser les entreprises publiques et nationales"

Guy Greivelding, président du FNCTTFEL-Landesvernband, lors de la présentation du congrès de l'ETF, le 4 juin 2013 à LuxembourgGuy Greivelding, le président du Landesverband et président du département "chemins de fer" de l’ETF, a expliqué que le premier des messages-clés du congrès est le refus de la libéralisation du secteur des transports publics et ferroviaires et la négligence de la dimension sociale par l’UE. Les quatre paquets ferroviaires et le processus de libéralisation enclenché depuis 20 ans n’ont selon lui apporté qu’une dégradation des conditions de travail, la suppression de presqu’un million de postes de cheminots, moins de sécurité et plus d’accidents sur les réseaux ferroviaires faute de maintenance qualifiée. La séparation entre gestionnaire d’infrastructure et opérateurs de services sur le réseau ferroviaire préconisée par le 4e paquet ferroviaire est refusée par le Landesverband. Les obligations qui découlent de la refonte de la directive "concessions" en termes de marchés publics pour les transports urbains sont également refusées par le Landesverband, parce qu’ils ne seront plus adjugés par des marchés du gré à gré mais par des appels d’offres publics qui risquent d’induire une concurrence qui jouera sur la baisse des prix de revient et donc des salaires des employés. Pour Guy Greivelding, l’intention est de "casser les entreprises publiques et nationales". Les grands perdants seront alors les travailleurs, pour des raisons économiques et sociales, et les usagers, pour des raisons de baisse de qualité des services. En octobre 2013, des actions syndicales décentralisées sont prévues en Europe.

Conditions de travail des plus précaires dans les transports routiers

Romain Daubenfeld, secrétaire central de l’OGBL-ACAL , lors de la conférence de presse sur le congrès de l'ETF, le 4 juin 2013 à LuxembourgRomain Daubenfeld, secrétaire central de l’OGBL-ACAL, a dressé un tableau très noir de la situation sur le terrain. Le dumping social est devenu la règle. Les chauffeurs sont de plus en plus recrutés en Europe de l’Est à des conditions très défavorables. Les firmes boîtes-aux-lettres, y compris luxembourgeoises, prolifèrent de nouveau. Les salaires sont bas. Ils ne sont payés que pour les temps de conduite. Les chauffeurs passent des semaines entières dans la cabine de leur camion, ne rentrent pas chez eux sur des trimestres entiers. L’épuisement touche 80 % des salariés selon une enquête menée par les syndicats belges. 25 % d’entre eux n’ont pas de congés payés. D’où l’intitulé du congrès : Fighting back ! Un slogan qui traduit selon le syndicaliste l’envie de riposter mais aussi un désarroi de la profession qui préfère a priori négocier plutôt que lutter. Avec ce système "où la norme illégale tend à devenir la norme légale", les compagnies de transport routier luxembourgeoises s’autodétruisent à terme. Le secteur n’existera plus quand le centre de logistique en construction démarrera. Bref, pour Romain Daubenfeld, il faut construire une solidarité européenne entre les salariés du secteur.         

Le risque de dumping salarial au Findel en cas de mise en œuvre du nouveau règlement sur les services d'assistance en escale dans les aéroports

Hubert Hollerich, secrétaire central de l’OGBL et en charge de l'aviation civile , lors de la conférence de presse sur le congrès de l'ETF, le 4 juin 2013 à LuxembourgHubert Hollerich, secrétaire central de l’OGBL a quant à lui abordé le souci principal de son département, l’aviation civile : la proposition de règlement sur les services d'assistance en escale dans les aéroports. La nouvelle mouture approuvée par le Parlement européen à la mi-avril 2013 contraindra le Luxembourg à introduire un troisième prestataire de services d’assistance au sol, dans la mesure où le trafic du fret atteint un volume de 600 000 tonnes par an à l’aéroport national luxembourgeois, donc six fois plus que la norme de 100 000 tonnes. Or, l’entrée de nouveaux compétiteurs risque de mettre fin à la prédominance de Luxair, par qui les employés sont correctement rémunérés selon le syndicaliste. Ces entreprises risquent aussi d’être d’un autre type et de miser sur une politique de bas salaires et de vouloir capter les personnels de la Luxair qui sont en surnombre. Par ailleurs, le contexte social s’aiguise aussi du fait que dans le domaine des vols les compagnies low-cost essaient d’ores et déjà de s’installer avec du personnel qui n’a pas de contrat de travail luxembourgeois, mais d’un autre pays qui permet le dumping. En même temps, le patronat essaie d’assouplir les lois sur la migration en Europe afin de disposer d’une masse de demandeurs d’emplois prêts à travailler à moindres frais. Le dialogue social européen est par ailleurs mauvais dans le secteur de l’aviation, a souligné Hubert Hollerich.