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Emploi et politique sociale
Une infographie publiée par l’ETUI montre qu’entre 2009 et 2012, l’évolution salariale fut négative dans 15 des 27 Etats membres de l’UE
29-07-2013


L'infographie de l'ETUI sur les évolutions salarialesLe 29 juillet 2013, l’European Trade Union Institute (ETUI), centre d’expertise de la Confédération européenne des syndicats (CES), a publié une infographie qui détaille par Etat membre les évolutions salariales dans l’UE entre 2000 et 2012. Cet institut des syndicats européens souligne que son infographie, basée sur son récent rapport intitulé Benchmarking Working Europe, se concentre sur les salaires "parce qu'ils sont au cœur même des mesures d'austérité".
L’ETUI souligne que "les politiques menées par les responsables politiques européens et les gouvernements nationaux ont aggravé les problèmes existants et ont ajouté à la crise économique actuelle une crise sociale profonde", selon le texte accompagnant cette publication. "Dans la majorité des pays de l'UE, le chômage continue d'augmenter, les salaires sont encore en baisse, une part croissante de la population européenne se trouve au seuil de la pauvreté et la croissance n'a pas été rétablie", constate-t-il par ailleurs.

Cette infographie permet en effet de constater la baisse des salaires réels dans 15 des 27 Etats membres. Et "la baisse la plus spectaculaire se retrouve dans les pays qui ont fait l'objet de programmes de sauvetage financier", souligne l’institut.

Le Luxembourg fait partie des 15 Etats membres parmi 27, dans lesquels les salaires réels ont baissé entre 2009 et 2012. Le recul moyen enregistré durant ces trois années est égal à 0,149 % au Grand-Duché, alors qu’ils avaient progressé de 0,3464 % entre 2000 et 2008. C’est en Grèce (– 4,88 %), en Lituanie (- 4,0165 %) et en Hongrie (-3, 188 %) que les baisses sont les plus fortes.
La Bulgarie enregistre la plus forte hausse  (+ 5,4336 %), loin devant le deuxième pays dans lequel les salaires ont évolué le plus favorablement, à savoir la France (+ 0,7548 %). Les salaires réels ont augmenté de 0,0901 % en Belgique et 0,5321 % en Allemagne.

Le second enseignement mis en avant par l’ETUI est la baisse du salaire horaire minimum, qui "affecte la partie la plus vulnérable de la population active". Là aussi, la baisse la plus forte est enregistrée dans les pays dépendant de programmes d'aide financière.

Le Luxembourg n’est cette fois pas concerné par un recul. Le salaire horaire réel minimum y a augmenté de 2,1 % en 2010, baissé de 0,9 % en 2011 puis est remonté de 1,4 % en 2012.
La Belgique a connu une baisse de 0,2 % en 2010, 1,6 % en 2011 mais une hausse de 1,2 % en 2012, la France, pendant le même temps, une augmentation de 0,1 % en 2010 et 0,3 % les deux années suivantes. L’Allemagne n’a pas de salaire minimum obligatoire.

Enfin, le troisième élément consiste dans une baisse de la part salariale dans la majorité des pays de l'UE indiquant une redistribution des revenus du travail vers le capital. Au Luxembourg, cette baisse de la part salariale atteint, entre 2009 et 2012, 2,91 %. Cette baisse s’élève à 0,11 % en France et à 0,31 % en Belgique. L’Allemagne, qui avait connu, entre 2000 et 2008, une baisse de la part salariale de 4,65 %, affiche une hausse de 0,06 % entre 2009 et 2012.
L’infographie renseigne également pour chaque pays le taux de personnes exposés au risque de pauvreté et l’évolution du chômage et de la part du chômage à long terme dans ce dernier.

La CES prévient que cette situation "risque de nuire encore plus au soutien déjà fragile des citoyens pour le projet européen"

Le logo de la Confédération européenne des syndicats (CES / ETUC)Le 29 juillet 2013, la Confédération européenne des syndicats a réagi, par voie de communiqué de presse, à la publication de cette infographie. Elle y voit l’illustration des "conséquences dramatiques des politiques d’austérité sur les salaires dans l’UE", marquées par des chiffres du chômage qui explosent avec plus de 26,5 millions de chômeurs actuellement. Parallèlement, "dans la majorité des pays où le chômage augmente, les salaires diminuent avec de graves conséquences en termes de risque croissant de pauvreté et d’exclusion sociale", fait-elle remarquer.

"Les salaires sont la première cible des mesures d’austérité partout en Europe. Ils sont à l’évidence devenus l’instrument-clé ou le mécanisme d’ajustement d’une politique de dévaluation interne", a pour sa part déclaré la secrétaire générale de la CES, Bernadette Ségol.
La CES met par ailleurs en garde contre le caractère explosif de la situation. "Dix mois avant les élections européennes, chômage de masse et politiques de réduction des salaires constituent un cocktail dangereux qui nuit au soutien des citoyens pour le projet européen", explique-t-elle, en décrétant qu’"un changement de cap s’impose d’urgence pour restaurer la croissance et la confiance".La tendance à mener des politiques d’austérité "a aggravé les problèmes existants en affectant les plus vulnérables", a constaté Bernadette Ségol. "C’est inacceptable et cela risque de nuire encore plus au soutien déjà fragile des citoyens pour le projet européen", prévient-elle.