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Emploi et politique sociale
La secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, Bernadette Ségol, a rencontré Jean-Claude Juncker et Jean Asselborn en vue du Conseil européen des 27 et 28 juin 2013
07-06-2013


Patrick Dury, Bernadette Ségol et Jean-Claude RedingLe 7 juin 2013, la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), Bernadette Ségol, a rencontré le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, et le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, pour leur exprimer les attentes du mouvement syndical européen en vue du Conseil européen des 27 et 28 juin 2013. Ce détour par le Grand-Duché constituait une  étape parmi bien d’autres d’une tournée entreprise par la CES afin de "soutenir les gouvernements qui ont la sensibilité nécessaire pour former une coalition qui puisse dire non", comme l’a expliqué Bernadette Ségol, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue immédiatement après l’entrevue.

Accompagné des présidents des syndicats luxembourgeois OGB-L, Jean-Claude Reding, et LCGB, Patrick  Dury, la syndicaliste a donc prévenu ses interlocuteurs luxembourgeois : "Le mouvement syndical européen attend de voir si ce que vous allez dire sur la dimension sociale ne sera pas seulement anecdotique".

Elle a délivré un "message d’urgence", rappelant que  "la politique menée dans un certain nombre de pays ont fait augmenter le chômage de manière drastique". "La première priorité consiste à prendre des mesures pour [le] réduire", a-t-elle dit.

La syndicaliste a mis également en garde contre les répercussions d’une situation sociale qui resterait inchangée. "Dans la situation actuelle, les Européens ont des doutes très importants sur la valeur de ce projet", a-t-elle en effet dit, en prenant le soin de souligner que les syndicats ne remettent pas en cause le projet européen, notamment car, "en reconstruisant les frontières, on ne permet pas la création d’emplois". Ainsi, a-t-elle rappelé que le projet européen est économique mais aussi social et qu’il faut donc retourner à des "taux d’emploi d’acceptables".

Bernadette Ségol a aussi insisté sur les armes législatives dont disposent les gouvernements pour prendre en compte cette dimension sociale. "Nous devons avoir en Europe des directives européennes, des législations qui n’ont pas peur de protéger les travailleurs contre la spirale vers le bas que suivent les salaires et les conditions de travail. (…) La dimension sociale passe aussi par des textes législatifs", dit-elle, citant notamment la directive relative à l’exécution sur le détachement des travailleurs, en cours de négociation, et qui, selon elle, devrait permettre de protéger les salariés contre le dumping social. Sur ce dernier sujet, Jean-Claude Juncker et Jean Asselborn sont sur "la même ligne" que les syndicats, selon les confidences de Jean-Claude Reding.

Le modèle des pays nordiques : une "source d’inspiration" pour le CES

Face à une "configuration politique en Europe où l’idéologie régnante consiste à dire que pour pouvoir être compétitifs, il faut déréguler, flexibiliser et faire baisser les salaires", Bernadette Ségol affirme qu’au contraire, "la compétitivité passe par l’amélioration des compétences". Les syndicats aimeraient donc que, si des réformes sont à mener, elles le soient "de manière négociée". La syndicaliste met d’ailleurs en avant les bienfaits du "modèle de discussion sociale et de protection sociale des pays nordiques", lequel "n’a pas nui à leur compétitivité, bien au contraire".

La Confédération défend également l’introduction d’un salaire minimum, "décidé au niveau national mais selon des paramètres communs". Elle estime qu’il y a également lieu de l’augmenter dans  les pays où il existe mais où il est encore très bas, comme c’est le cas en Bulgarie, où le salaire minimum est inférieur au revenu moyen d’un Chinois.

La CES est aussi favorable, en phase avec ses membres allemands, à une hausse des salaires et à l’introduction d’un salaire minimum légal  interprofessionnel en Allemagne, eu égard "au nombre de travailleurs pauvres et à l’impact des mini-jobs payés 4 à 5 euros de l’heure".

Interrogée par une journaliste à ce sujet, Bernadette Ségol a fait savoir que Jean-Claude Juncker a déclaré partager les préoccupations du CES. "Malheureusement, les forces politiques en Europe sont telles que je ne peux vous  donner aucune réponse positive", aurait-il dit en substance.