Le discours sur l’état de l’Union prononcé par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, devant le Parlement européen, le 11 septembre 2013, n’a guère enthousiasmé les cinq eurodéputés luxembourgeois qui se sont exprimés à l’issue des débats.
La députée européenne luxembourgeoise Astrid Lulling (PPE), fut la première à réagir en diffusant un communiqué de presse aussitôt après le discours de Barroso : "[Il] a rappelé des choses très utiles, mais j'aurais aimé qu'il convainque davantage sur la capacité de la Commission à assumer son rôle moteur", a-t-elle déclaré. Elle a ainsi jugé fort utiles la description par José Manuel Barroso des signes de stabilisation de l'économie et le fait qu’il "exhorte les gouvernements des Etats membres à ne pas relâcher leurs efforts de stabilisation qui commencent enfin à porter leurs fruits".
Mais elle "regrette que le président de la Commission européenne n'ait pu s'empêcher de répéter ces phrases creuses sur l'Europe dont il est si coutumier. Devant les effets de la crise, je pense qu'il est inutile de rabâcher les oreilles de nos concitoyens sur la nécessité de plus d'Europe. Ce sont les résultats concrets qui emporteront l'adhésion et non des paroles entendues cent fois." Astrid Lulling est particulièrement irritée par la remise à l'ordre du jour de questions institutionnelles : "Je ne vois pas dans ces débats théoriques quelque chose de prioritaire. En effet les institutions, quelles que soient leurs configurations, ne sont jamais un but, mais ne demeurent qu'un instrument."
Quatre autres des six eurodéputés luxembourgeois ont été interrogés par les journaux Tageblatt et Luxemburger Wort.
L’eurodéputé Georges Bach (PPE) s’est dit "fondamentalement déçu". Il juge le président de la Commission "trop faible", regrettant qu’il ne s’impose pas davantage vis-à-vis du Conseil. Son comportement dans la dispute sur le Cadre financier pluriannuel en fournirait la démonstration suffisante. "Il ne suffit pas d’afficher de bonnes intentions ou une forte volonté, il faut aussi les faire suivre d’actes", précise-t-il dans le Luxemburger Wort.
Charles Goerens (Alde) voit dans le discours de Barroso "une sorte de bilan", qui révèle "ombres et lumières". La liste de ce qui reste à faire est plus longue que celle recensant ce qui a été fait, a-t-il fait remarquer au Tageblatt. Dans les colonnes du Luxemburger Wort, Charles Goerens (DP) salue néanmoins les efforts de consolidations couronnées de succès entrepris ces dernières années. L’eurodéputé libéral voit, comme Barroso, la nécessité pour l’UE ces prochaines années de procéder à des changements constitutionnels afin de modifier le processus décisionnel. Il a aussi considéré que l’Union européenne devait se rendre davantage visible dans le domaine social et jugé nécessaire de réduire les plus grandes différences fiscales entre les législations nationales des Etats membres.
Frank Engel (PPE) s’est montré déçu, car Barroso a manqué de dire pourquoi il y a une contradiction entre les institutions nationales et européennes, et donc pourquoi dans l’UE beaucoup de choses n’avancent pas. Il attribue la responsabilité de ce surplace au Conseil.
Claude Turmes (Verts/EFA) regrette le manque de propositions concrètes pour une reprise économique dans l’UE alors qu’il y aurait lieu de lancer "un grand plan d’investissement européen" dans des domaines tels que "la formation professionnelle, l’énergie et l’innovation", a-t-il dit aux deux journaux. Les mesures de la BCE auraient certes calmé la crise des dettes, mais l’économie européenne resterait paralysée, par manque de confiance des investisseurs, que la politique manque de rassurer, explique-t-il également dans le Luxemburger Wort.