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Economie, finances et monnaie
La Lettonie est devenue le 18e Etat membre de la zone euro
01-01-2014


euro-lettonieLe 1er janvier 2014, la Lettonie est devenue le 18e Etat membre de la zone euro, à rejoindre la zone euro et ses 330 millions de citoyens. L’euro y a remplacé le lats, la monnaie lettone introduite en 1993 pour remplacer le rouble hérité de l’ère soviétique, qui ne circulera plus à partir de la mi-janvier 2014.

La Lettonie, qui compte 2,2 millions d’habitants, est ainsi le quatrième pays ex-communiste de l'Europe centrale et orientale à avoir adopté la monnaie commune après la Slovénie en 2007, la Slovaquie en 2009 et l'Estonie en 2011. Le prochain Etat membre de l’UE à rejoindre la zone euro devrait d’ailleurs être le troisième Etat balte, la Lituanie. Sa demande officielle devrait être présentée à la Commission européenne au printemps 2014, pour une entrée au 1er janvier 2015.  

La Lettonie avait officiellement demandé son adhésion lors du Conseil Ecofin du 5 mars 2013. La crise financière survenue en 2008 avait reporté de plusieurs années une adhésion désignée par l’actuel Premier ministre letton, Valdis Dombrovskis, comme „le prochain pas logique“ en direction du monde occidental après l’adhésion à l’UE et à l’OTAN en 2004. A la dimension politique d’une plus grande indépendance vis-à-vis de la Russie, s’ajoutent également de nouvelles perspectives commerciales. "C'est une grande opportunité pour le développement économique de la Lettonie", a déclaré Valdis Dombrovskis, en insistant sur la nécessité de veiller à réaliser des dépenses "responsables" afin d’éviter un endettement excessif.

La crise de 2008 avait provoqué, dans sa première année, une chute de 25% du PIB letton. Le pays avait dû faire appel à un prêt de 5 milliards d’euros auprès du Fonds monétaire international et de l’UE pour éviter la banqueroute. Sous la houlette de Valdis Dombrovskis élu Premier ministre en 2009, la Lettonie était parvenue à redresser la barre moyennant un programme drastique de réduction des dépenses, et notamment une réduction de 30 % du traitement des fonctionnaires, ce qui lui vaut d’être présentée en exemple par la Commission européenne. "Grâce à ces efforts, la Lettonie entrera dans la zone euro plus forte que jamais, envoyant ainsi un message d'encouragement à d'autres pays engagés dans un processus d'ajustement économique difficile", a déclaré à Bruxelles le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le 31 décembre 2013, dans un communiqué.

"L'exemple de la Lettonie montre qu'un pays peut réussir à surmonter des déséquilibres macroéconomiques, aussi importants soient-ils, et s'en trouver renforcé. Après la récession profonde de 2008-2009, la Lettonie, soutenue par le programme d'aide financière UE/FMI, a pris des mesures énergiques qui ont permis d'améliorer la flexibilité et la capacité d'adaptation de son économie, dans le cadre de la stratégie générale de l'UE en faveur d'une croissance durable et équilibrée", avait pour sa part déjà souligné Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, chargé de l'euro, le 6 juin 2013, au moment où la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) donnaient leur accord à l’entrée du pays dans la zone euro.

Mises en garde sur la stabilité financière

Olli Rehn avait par ailleurs demandé l’adoption de règles anti-blanchiment en plus d’une surveillance précise des risques pour la stabilité financière. Néanmoins, avec un peu moins de 150 % du PIB, le volume d’affaire du système bancaire letton est moins disproportionné que celui de Chypre (800 %), avait-il fait remarquer.

La BCE semblait plus circonspecte que la Commission européenne quant aux développements économiques futurs de la Lettonie. Constatant que la situation actuelle est bonne en termes de convergence, elle voyait, en effet, dans sa "viabilité à plus long terme" une "source de préoccupation". Pour cause, "la participation à une Union monétaire implique de renoncer aux instruments monétaires et de taux de change et accentue l’importance d’une flexibilité et d’une capacité de résistance internes", disait-elle dans un communiqué de presse diffusé le 5 juin 2013. Elle recommandait également à la Lettonie de poursuive sur la voie d'un "assainissement budgétaire ambitieux" et de "pérenniser les gains de compétitivité acquis ces dernières années en évitant une nouvelle accentuation de la hausse des coûts unitaires de main-d’œuvre". La Lettonie doit "améliorer la qualité de ses institutions et de sa gouvernance" mais aussi se doter "d’une panoplie d’outils complète pour faire face aux risques pesant sur la stabilité financière, notamment ceux liés à la dépendance d’une part significative du secteur bancaire vis-à-vis des dépôts des non-résidents comme source de financement.", disait encore la Banque centrale.

La BCE s’inquiétait également pour l’inflation rappelant que la hausse des prix à la consommation en Lettonie a été très volatile au cours des dix dernières années, se situant en moyenne annuelle entre -1,2 % et 15,3 %. Une hausse des prix est la principale inquiétude manifestée par les Lettons à l’heure de l’entrée de leur pays dans la zone euro. Selon un sondage mené en décembre 2013 par l'institut SKS, seuls 25% d'entre eux approuvaient le passage à l'euro et 50% étaient contre.

Dans un communiqué publié le 6 janvier 2014, la Commission souligne que pour contrer ces inquiétudes, le Centre letton de protection des droits des consommateurs mène des inspections quotidiennes pour veiller à ce que les commerces respectent le taux de change officiel de 0,702804 lats, l’ancienne monnaie lettonne, pour un euro.

Le Parlement européen, avait pour sa part adopté le 3 juillet 2013, une recommandation par 613 voix pour, 67 voix contre et 29 abstentions, à ce sujet. Le texte saluait la population lettone pour ses "efforts extraordinaires pour surmonter la crise financière" et engageait le gouvernement letton à "agir davantage pour combler les lacunes structurelles sur le marché du travail et réduire la pauvreté ainsi que les inégalités salariales croissantes".