Lors de la conférence de presse que le chancelier fédéral autrichien Werner Faymann a donnée avec le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel au cours de la visite de ce dernier à Vienne le 26 février 2014, l’échange automatique d’informations dans le cadre de la directive révisée sur la fiscalité des revenus financiers, toujours en cours de négociation, et l’Ukraine ont été les sujets principaux abordés par les deux hommes politiques.
Le chancelier Faymann a évoqué une Union européenne où tous les Etats membres se valent, qu’ils soient grands, moyens ou petits, et parlé du Luxembourg comme d’un champion en la matière. De grandes tâches attendent l’Union selon Werner Faymann, comme la sortie de la crise et la lutte contre le chômage des jeunes.
Mais ce qui touche l’Autriche et le Luxembourg, c’est aussi l’échange automatique d’informations (EAI). "L’Autriche et le Luxembourg ont choisi de procéder ensemble", a expliqué le chancelier autrichien. Les deux pays veulent lutter contre la fraude fiscale, "et la directive est une partie de cette lutte". Mais il faut éviter des mesures unilatérales comme l’introduction de l’EAI sans que les pays tiers la pratiquent aussi. "La Commission a accepté de soumettre un rapport sur les négociations avec ses pays, et nous espérons qu’il soit positif et donc une pierre à l’édifice de la lutte contre la fraude fiscale", a déclaré Werner Faymann.
Xavier Bettel a rappelé comment le Luxembourg et l’Autriche ont défendu une position commune lors du Conseil européen de décembre 2013. "Nous sommes d’accord sur le fait que nous ne disons pas 'non' pour dire 'non', mais que l’enjeu est une lutte efficace contre la fraude fiscale. Nous espérons donc que le rapport de la Commission européenne soit un rapport qui nous permette de dire 'oui'."
Xavier Bettel s’est par ailleurs réjoui du fait que le G20 et l’OCDE veulent introduire des règles globales sur la fiscalité des revenus financiers et a rappelé la position de la chancelière allemande Angela Merkel, qui, lors de sa visite à Berlin le 6 février 2014, avait elle aussi évoqué la nécessité que d’autres pays que le Luxembourg et l’Autriche bougent aussi.
Werner Faymann a rappelé la suite des choses: la Commission présentera son rapport au Conseil européen et au Conseil ECOFIN, le premier décidant de l’orientation à prendre. Xavier Bettel a ajouté que le Luxembourg introduira l’EAI sur la base de la directive actuellement en vigueur au 1er janvier 2015, et que de ce fait, ce ne sont ni l’Autriche ni le Luxembourg qui sont sous pression de délivrer, mais bien la Commission.
En ce qui concerne l’Ukraine, Werner Faymann pense que l’UE ne doit surtout pas appuyer une partition du pays, mais procéder de manière unie pour que l’Ukraine soit régie par une démocratie basée sur les principes de l’Etat de droit. L’UE a d’ores et déjà su montrer qu’unie, elle dispose d’une voix qui compte dans le cadre de la crise ukrainienne. Les problèmes économiques de l’Ukraine devraient être traités de concert avec le FMI afin d’éviter une grande crise au pays. "La situation économique sera décisive pour le développement de l’Ukraine vers la démocratie", pense le chancelier autrichien, et l’UE pourra fournir ici une contribution décisive.
Quant à Xavier Bettel, il a souligné le paradoxe entre le fait que dans l’UE, l’on se pose la question combien de citoyens s’exprimeront contre l’existence de l’Union lors des élections européennes du 25 mai, alors qu’à ses frontières des centaines de personnes sont mortes pour avoir lutté pour un rapprochement de leur pays avec cette même UE. Reste que "l’UE ne devrait pas agir à la hâte", car "si l’Ukraine devait être l’objet d’une partition, personne n’y aurait gagné". Dans cet esprit, l’UE ne devrait pas dire aux Ukrainiens "quel est le bon côté". Par ailleurs, les Ukrainiens voteront eux aussi le 25 mai, et "il faudra respecter le résultat de ce scrutin dont nous ne connaissons pas l’issue". Pour l’instant, ce dont il faut se réjouir selon le Premier ministre luxembourgeois, c’est de la fin des batailles de rue, qu’il n’y ait plus de tués et que l’on s’évertue à trouver une solution pacifique à la crise.