Le 2 avril 2014 se tenait à Bruxelles le cinquième conseil énergie UE-Etats-Unis, une réunion à laquelle participaient Catherine Ashton, Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et John Kerry, secrétaire d’Etat américain, mais aussi Günther Oettinger, commissaire en charge de l’Energie, Ioannis Maniatis, ministre grec de l’Energie et Daniel B. Poneman, vice-ministre américain de l’énergie.
Représentants européens et américains se sont entendus pour renforcer la coopération énergétique transatlantique de façon à aider l’UE et l’Ukraine à diversifier leurs approvisionnements en énergie. La question de la dépendance de l’Ukraine à l’égard du gaz russe a en effet prédominé dans la réunion, comme ce fut le cas lors du sommet UE-USA du 26 mars dernier, ainsi qu’en témoigne la déclaration conjointe publiée à l’issue de cette réunion.
"Les récents développements en Ukraine prouvent la nécessité de renforcer la sécurité énergétique en Europe", affirment les représentants de l’UE et des USA qui disent avoir "reconnu que nos préoccupations en matière de sécurité énergétique et ceux de nos amis et partenaires posent des défis communs, et nous envisageons de nouvelles collaborations pour relever ces défis". "Les relations énergétiques avec la Russie doivent être fondées sur la réciprocité, la transparence, l'équité, la non-discrimination, l'ouverture à la concurrence et une coopération continue en vue de conditions de concurrence équitables", ajoute la déclaration.
"Aucun pays ne devrait utiliser l'énergie pour s'opposer aux aspirations des peuples. (...) On ne peut permettre qu'elle soit utilisée comme arme politique ou instrument d'agression", a affirmé John Kerry à l’issue du sommet, alors que, la veille, Gazprom avait décidé d’augmenter de plus d’un tiers le prix du gaz vendu à l’Ukraine.
Européens et Américains ont donc réaffirmé leur "soutien ferme" aux efforts entrepris par l'Ukraine pour diversifier son approvisionnement en gaz, via le renforcement des capacités inversées de flux dans le réseau de gazoducs qui la relie à l'Europe. Le soutien transatlantique porte aussi sur les efforts de l'Ukraine pour augmenter ses capacités de stockage de gaz, réformer son marché gazier, notamment en transformant un système de prix subventionnés, et restructurer sa compagnie gazière Naftogaz. "Toutes les mesures à court terme visant à améliorer la sécurité énergétique de l'Ukraine doivent être poursuivies dans le cadre d'une vision stratégique de son intégration complète dans le marché européen de l'énergie", précise la déclaration conjointe, soulignant l'engagement de l'UE et des États-Unis à travailler avec l'Ukraine sur les réformes législatives et réglementaires nécessaires.
Le conseil transatlantique a salué par ailleurs les efforts de l’UE pour réduire sa dépendance énergétique via, notamment, une diversification accrue de ses sources et routes d’approvisionnement, un sujet central du Conseil européen des 20 et 21 mars 2014, mais aussi via l’augmentation de la production d’énergie dans l’UE. A ce titre, la déclaration mentionne la perspective, saluée par les deux partenaires, de possibles exportations de GNL américain, un gaz liquéfié obtenu par l’extraction de gaz de schiste en pleine expansion aux Etats-Unis.
La déclaration affirme aussi le soutien des Etats-Unis aux efforts de l’UE en vue d’établir rapidement un marché intégré de l’énergie, de façon à mettre fin notamment à "tout isolement d’un Etat membre des réseaux européens de gaz et d’électricité d’ici 2015". Mais ce point de la déclaration est aussi l’occasion d’affirmer "l’importance de développer toutes les sources d’énergie pour répondre à la demande européenne", une affirmation qui n’est pas sans poser question ainsi qu’en témoigne le débat vif suscité par la potentielle exploitation de gaz de schiste dans l’UE.
UE et USA ont aussi réaffirmé l'importance du corridor gazier sud pour acheminer le gaz d'Asie centrale vers l'Europe et appelé à la construction d'un pipeline évolutif.
La volonté des deux partenaires de faire évoluer les politiques énergétiques de façon à soutenir la transition vers une économie plus pauvre en carbone est aussi actée dans cette déclaration qui rappelle "la détermination mutuelle de travailler à l’adoption à Paris en 2015 d’un protocole, d’un autre instrument juridique ou d’un accord juridiquement contraignant applicable à toutes les parties" dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le changement climatique.