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Elections européennes
Aux élections européennes, le PID défend "une Europe des hommes"
27-04-2014


pid-logoLe 27 avril 2014, le Parti pour la démocratie intégrale (PID) a adopté son programme et confirmé sa liste de candidats pour les élections européennes.

La liste avait été proposée le 14 janvier 2014. Elle est emmenée par le fondateur du parti et ancien député ADR, Jean Colombera. L’objectif électoral de ce dernier est que le PID atteigne les 2 %, ce qui ne lui rapporterait aucun siège.

Le programme décline en quatorze chapitres, et autant de champs politiques, la "pensée intégrale" que le parti place au cœur de son action. Celle-ci consiste à prendre en compte les dimensions "physique/ matérielle, sociale/ sociétale,  psychologique/eudémonie et intellectuelle/spirituelle" dans toute décision politique.

Pour le PID, les divisions habituelles de la politique, en gauche et droite par exemple, sont dépassées et entraînent des divisions inutiles. "Diviser l’Europe en social et en néolibéral est de la dynamite, se dirige contre tout bon sens et détruit une cohésion paisible", prévient-il sur son site internet.

Le PID s’oppose ainsi à la manière actuelle de fonctionner des institutions européennes, laquelle entraînerait des déséquilibres, par "des décisions égocentriques fausses", comme il l’affirme dans le préambule de son programme. "Tant qu’il y aura des clivages sociaux, économiques et écologiques, il n’y aura pas d’Europe unifiée. Tant que l’élite européenne se laissera guider par l’avidité du pouvoir, il y aura des tensions", lit-on. "La clé du succès" reposerait au contraire dans les trois valeurs cardinales qui sont, pour le PID, "l’humanité, la liberté et l’équité".

Le PID aspire à une Europe qui ne soit ni fédérale, ni des Nations, ni d’un système quelconque, mais "une Europe des hommes". Il la définit comme "une dynamique qui change de façon permanente en quête de la perfection".

Déficit démocratique

Dans son premier chapitre, consacré à "la pensée intégrale européenne", le PID dénonce un déficit démocratique des institutions européennes. Les décisions y sont prises par des institutions non élues, qui fait de l’UE un "espace idéal pour l’anarchie, la pensée fondamentaliste et les troubles sociaux", dit-il.

Les commissaires devraient, selon lui, être élus par les eurodéputés qui auraient aussi le droit de censurer la Commission. Au contraire, le Parlement européen est "un Parlement en apparence", puisqu’il n’a pas l’initiative des lois. Il serait en fait réduit au rôle de "scène politique pour les eurodéputés, rien de plus". Le PID aimerait également que les décisions du Conseil soient "plus transparentes". Ainsi, "les propositions et les positions du représentant luxembourgeois doivent être plus visibles et soumises au peuple", dit-il.

Le PID est aussi inquiet de la corruption et du lobbysme. "L’UE est dégradée au rang de terrain de jeux, où les grandes entreprises décident quelles directives doivent être transposées", dit-il. « Seuls les intérêts des banques, de l’industrie pharmaceutique, des entreprises agro-alimentaires et d’autres lobbys sont pris en compte." "En fait, c’est la Troïka qui mène la danse et qui soutient les grosses compagnies, entraînant ainsi la paupérisation des populations", dit-il, en qualifiant "d’absurde" le fait que le maïs transgénique Pioneer 1507 risque d’être autorisé par la Commission européenne, bien que 19 Etats opposés.

Le PID dénonce, dans ce contexte, le rôle joué par la Cour de justice de l’UE, qui constituerait un "levier de la perte de pouvoir des peuples". Par son entremise, "les droits fondamentaux ne valent pas pour les hommes mais pour les banques et les multinationales américaines", au profit desquelles les populations seraient contraintes d’adapter leurs standards vers le bas. "Le PID s’engage pour une Europe où les citoyens bien informés par une presse neutre auront le dernier mot à dire et non les grandes multinationales", promet le programme.

Le PID estime que les pays candidats à l’adhésion devraient remplir tous les critères dans les domaines de la démocratie. "La Turquie et même la Russie appartiennent à l’Europe et peuvent avoir leur place dans l‘UE, pourvu que certaines règles démocratiques soient respectées", dit-il.

Le PID défend également des règles transparentes et démocratiques au sein des Etats membres, avec droit de vote pour tous les habitants, des consultations du peuple régulières sur les thèmes importants et une séparation claire des pouvoirs. Le PID est en effet favorable à une plus grande autonomie des Etats membres, qu’il distingue du nationalisme, jugeant qu’un pouvoir centralisé est encore prématuré, à cause de la "mentalité égocentrique, méprisante  de l’élite politique européenne" et du soutien que les lobbyistes lui apportent.  
"Chaque pays doit contribuer à l’identité européenne", dit -il. Il estime d’ailleurs que les parlements nationaux devraient être davantage impliqués dans les débats de l’UE.

Pour le PID, il faut réorienter l’UE, en redéfinissant "la structure sociale, couplée à des concepts écologiques" puis un cadre économique, qui aurait pour but la qualité et écarterait les gens de la "surconsommation". Le PID aspire à "une vie en symbiose, dans le respect de la diversité culturelle et religieuse" pour "éviter que le modèle capitaliste divise l’unité des peuples et provoque des tensions, qui sont contreproductifs pour une mise en œuvre pacifique des nobles idées européennes". Justice, égalité et humanité devraient ainsi orienter le développement d’un espace économique compétitif et basé sur le savoir. 

S'éloigner des Etats-Unis

Le PID dénonce ensuite les choix géopolitiques de l’UE. Il défend le droit à l’autodétermination des pays, "en opposition aux aspirations à l’expansion de l’UE et des USA". Concernant les tensions encore actuelles de l’Ukraine, il condamne fermement le comportement européen. Pour lui, le milliard d’euros mis à disposition de l’Ukraine en mars 2014, afin "qu’elle se sépare de la Russie", trahit une "pensée impérialiste". Il accuse d’ailleurs "l’UE et Bruxelles" d’être responsables du renversement à Kiev, par les promesses et l’argent proposées au peuple ukrainien pour l’attirer. Mais, "le printemps ukrainien finira comme l’arabe : anarchie et chaos", professe-t-il.

De même, le PID pense qu’il n’y avait pas lieu de prendre des sanctions contre l’Ukraine, quand sous le président Ianoukovitch, elle voulait se rapprocher de la Russie, pas plus qu’il fallait en prendre dans le cas de la Suisse après son vote contre l’immigration de masse lors d’un référendum. Ce sont, selon le PID, des "pratiques sans éthique de la part d’une communauté œuvrant soi-disant pour la paix". "Après le vote populaire en Suisse sur une limitation de l’immigration, l’UE a fait tomber les masques et réagi avec des menaces et des tentatives de chantage. (..) Le PID est d’avis que l’UE ne doit pas se mêler des affaires intérieures de pays souverains n’en faisant pas partie."

Dans son deuxième chapitre, consacrée à la politique de paix, le PID poursuit sa démonstration en jugeant que l’UE est "trop dépendante des Usa", et qu’elle ne devrait donc "pas être le vassal américain d’une politique misanthrope, pour des avantages économiques". "Le PID est fermement contre le fait que les pays soient achetés pour assurer les intérêts géopolitiques américains et resserrer le cordon ombilical autour de la Russie", dit-il. Cela aurait poussé la Russie cherche à faire des alliances à tout prix, notamment avec  l’Ukraine.

Le PID plaide ainsi pour le retrait des troupes américaines de l’UE. "L’Europe doit se libérer de toute pression malsaine", dit-il et procéder elle-même au retrait de ses troupes d’Asie et d’Afrique. Elle devrait aussi sortir de l’OTAN et se contenter de constituer "une unité de protection servant à prévenir une invasion hostile et servant à aider les populations en cas de catastrophe naturelle". "Ce serait une garantie pour la paix et la prospérité", avance le PID dans son programme. S’opposant au réarmement de l’Europe, il clame que cette dernière "n’est pas une puissance mondiale et ne le deviendra jamais".

Dans ce chapitre, le PID met aussi en garde contre le fait que le droit d’asile ne devienne pas une porte d’entrée pour l’immigration illégale. Il plaide pour une politique de quotas et l’amélioration des situations précaires des candidats à l’émigration dans le pays d’origine. Il estime aussi qu’il doit y avoir dans l’UE plus de solidarité avec les pays du Sud de l’Europe qui font face aux afflux.

Le PID consacre un chapitre à la protection de la vie privée, qui selon lui devrait former "la plus haute priorité" de l’UE qu’il accuse d’être devenue "une pionnière pour introduire une surveillance totale", au regard des projets INDECT, ACTA, PNR et PRISM ou encore de l’abolition du secret bancaire. Le PID  déplore la "position extrêmement faible" de l’UE suite au scandale des écoutes et le manque de contrôle des six unités d’espionnage européennes. Il s’oppose d’ailleurs à "une solution supranationale concernant les services secrets".

Abandon de l’euro et contrôle renforcé des banques

Concernant la situation de la monnaie unique, le PID s’appuie sur l’analyse du politologue français, François Heisbourg, "fils de diplomate luxembourgeois" précise-t-il, qui est favorable à l’abandon de l’euro afin de pouvoir rebâtir un système monétaire européen. "Il serait important de garder l’euro comme devise de référence supérieure pour effectuer des transactions internationales et en parallèle introduire des monnaies nationales, qui selon la conjoncture évoluent à la hausse ou à la baisse afin de réguler les déséquilibres majeurs", dit le PID, qui, au passage, "salue l’installation d’agences de notation européennes".

"S’il y a quelqu’un à sauver, c’est bien les clients des banques et assurances et non les institutions financières", poursuit le PID, dans un chapitre consacré aux banques et assurances. "L’Etat et les contribuables ne doivent pas être responsabilisés pour les risques pris", qui doivent être portés par les actionnaires.

Le PID se positionne également contre une union bancaire jugée "opaque", car non contrôlée par le Parlement européen, et contre une garantie des dépôts européenne. Il  exige une "surveillance totale du système bancaire et des assurances, effectuée par des autorités de régulation nationales et non pas par un appareil de contrôle de plus de 1000 personnes, fonctionnant sous l’égide de la BCE".

Par ailleurs, le PID condamne l’échange automatique d’informations des données (EAI), adoptée le 20 mars 2014 par le Luxembourg et l’Autriche, qui irait "à l’encontre du principe de liberté d’un pays de façonner son système fiscal comme bon lui semble".

En outre, le PID est pour des exigences de fonds propres plus drastiques pour les banques afin de contrecarrer "un effet multiplicateur contreproductif" dans l’obtention de liquidités. Il est également pour la séparation entre banques traditionnelles et de spéculation et contre l’expropriation des épargnants en cas de banqueroute, comme l’UE l’avait imaginé dans le cas chypriote. Il défend également la fiscalisation des produits et transactions financiers.

Il se dit par ailleurs favorable à la suppression de la BCE car "elle ne permet pas un marché libre en manipulant d’abord le taux d’intérêt et ensuite en le gardant à un niveau extrêmement bas, ce qui a pour conséquence l’accroissement de l’endettement et  rend les Etats dépendants de la Troïka". Cette dernière "ne dispose d’aucune base légale" et se trouve "responsable d’une austérité à outrance adressée aux Etats à bout de souffle", dit par ailleurs le parti.

Le PID dénonce également la croissance économique et la compétitivité qui formeraient "un credo, un réel culte, prêchés par l’establishment politique", malgré leur "résultat dévastateur", dont la libéralisation, le recul des investissements dans l’économie réelle, la création d’emplois précaires, l’augmentation des écarts entre riches et pauvres et une cohésion sociale endommagée.

Les instruments de mesure comme le PIB, la productivité, les investissements et l’inflation, ne suffisent plus pour saisir l’ensemble du problème, selon le parti qui ne veut "pas voir le travail comme un produit". Le lieu de travail est, selon sa philosophie, le lieu privilégié pour un vivre ensemble pacifique et le développement de l’être humain, où se pratiquent la participation aux bénéfices, la formation continue ou encore l’interdiction de licenciement en cas de gain. 

"L’économie de marché se développe en faveur de la maximisation des profits et au profit du secteur financier". Elle entraînerait ainsi notamment "l’appauvrissement des classes moyennes". Il veut opérer un "équilibre entre concurrence et coopération, orienté vers le bien commun » et que l’aspect écologique soit ainsi mieux pris en compte. Le PID se dit ainsi le soutien « des sociétés et associations gérées selon des critères éthiques, sociaux et écologiques ». Il est en conséquence pour la réduction de la charge fiscale des entreprises qui investissent dans des technologies écologiques ou dans la recherche concernant l’énergie renouvelable. Le PID plaide d’ailleurs pour une sortie du nucléaire. Il est aussi favorable à une augmentation de l’impôt sur la consommation des produits ayant un bilan social et écologique négatif, ce qui permettrait simultanément une réduction de l’impôt sur le revenu.

Le PID propose également parmi les pistes à creuser l’instauration d’un revenu minimum sans conditions, l’extension de la notion de travail à toutes les activités servant le bien commun, l’établissement d’un revenu minimal et d’un revenu maximal, ainsi que l’introduction de nouveaux critères de gestion.

Au chapitre de la politique sociale, il s’oppose à l’immixtion du FMI dans les décisions souveraines des Etats. Il déplore que l’UE ne dispose "pas de modèle social uniforme" et lance, dans ce contexte, un appel à  un débat intensif au sujet du revenu de base.

Il plaide aussi pour que le semestre européen ne considère pas seulement les critères économiques mais aussi les critères sociaux tels les taux de pauvreté et de chômage.
Le PID avance aussi comme moyen de mener une politique sociale européenne plus ambitieuse l’augmentation des ressources du Fonds social européen et critique dans ce contexte le fait que beaucoup de ressources financières européennes soient mal utilisées.

Par ailleurs, le PID consacre un large chapitre dédié à la protection des animaux, dans lequel il se déclare pour la "promotion de la production et la transformation de la viande régionale" à la place du "subventionnement traditionnel forfaitaire de l’élevage de masse". Il exige également que, pour la protection des abeilles, la Commission européenne aille plus loin que la restriction de l’utilisation des pesticides adoptées le 24 mai 2013, en décidant d’une "interdiction totale et définitive".

Le PID consacre également un chapitre dense à la politique de lutte contre les drogues, son président et tête de liste, le docteur Jean Colombera, étant un partisan de la prescription de cannabis à des fins thérapeutiques. Le financement des mesures de répression y est considéré "sans effet", alors qu’il serait plus judicieux de changer les conditions de vie dans les zones de production de ces drogues et intégrer, à l’autre extrémité de la chaîne, les dépendants à la drogue dans la société. "La consommation de drogues doit être vue comme une partie incontournable de notre société", dit le programme, pour lequel chaque Etat devrait mettre à disposition des dépendants des substances illégales et garantir l’usage médical. Il faudrait également s’attaquer aux facteurs sociétaux" de la consommation de drogues, "comme la croissance frénétique qui entraîne des injustices et des conditions de vie précaires".

Pour ce qui est de la politique de santé, le PID plaide pour que chaque décision politique soit examinée en fonction de ses conséquences pour la santé. "La santé n’est pas toujours l’expression d’actions irresponsables mais aussi le résultat de conditions de vie spécifiques, sur lesquelles chacun ne peut pas décider lui-même", précise-t-il. Le parti estime également que cette politique devrait être orientée vers la jeunesse, pour notamment prévenir l’apparition de maladies chroniques.

Il rend attentif à la nocivité des produits chimiques sur le développement de l’enfant, avant la naissance. Un enfant sur dix souffre de perturbation du développement ou du comportement pour cette raison. "L’UE doit jouer un rôle d’avant-garde et garantir des critères de sécurité en priorité absolue. Les produits chimiques sont à considérer d’emblée comme toxiques jusqu’à preuve du contraire", dit-il.

Enfin, le programme contient un chapitre sur la politique envers les minorités qui juge inadaptée la politique européenne menée pour lutter contre la pauvreté et les discriminations subies par les Roms. On "bricole une communauté rom avec une série de projets", qui suscite les jalousies et n’apporte que des "améliorations ponctuelles", alors qu’il faudrait développer "un programme d’infrastructure pour l’Europe de l’Est pas seulement pour les Roms".