A la surprise de nombreux observateurs, la réunion de Genève entre le secrétaire d'État des USA, John Kerry, ses homologues russe et ukrainien, Sergueï Lavrov et Andrii Dechtchitsa, et la Haute représentante pour la politique étrangère de l'UE, Catherine Ashton a abouti à un accord sur une feuille de route pour une désescalade dans la crise ukrainienne le 17 avril 2014 dans la soirée.
La déclaration commune diffusée à l’issue des pourparlers entre UE, Ukraine, Russie et USA souligne ainsi que les participants " ont convenu d’étapes initiales concrètes pour désamorcer les tensions et de rétablir la sécurité pour tous les citoyens".
Celle-ci précise notamment que "toutes les parties doivent s'abstenir de toute violence, d'intimidation ou de provocation" alors que les participants "ont fermement condamné et rejeté toutes les expressions de l’extrémisme, le racisme et l'intolérance religieuse, y compris l’antisémitisme". La déclaration insiste dès lors sur le fait que "tous les groupes armés illégaux doivent être désarmés", que "tous les bâtiments saisis illégalement doivent être retournés à leurs propriétaires légitimes" et que "toutes les rues occupées illégalement, les places et autres lieux publics dans les villes ukrainiennes doivent être libérés".
Une amnistie sera par ailleurs accordée "aux manifestants et à ceux qui ont quitté les bâtiments et autres lieux publics [occupés] et rendus les armes, à l'exception des personnes reconnues coupables de crimes capitaux", lit-on encore dans la déclaration commune.
Avec l’accord des participants, il a été convenu que "la mission spéciale de l'OSCE de surveillance devrait jouer un rôle de premier plan en aidant les autorités ukrainiennes et les communautés locales dans l’implémentation immédiate de ces mesures de désescalade partout où elles sont les plus nécessaires", et ce dès "les prochains jours". Les États-Unis, l'UE et la Russie se sont engagés à soutenir cette mission, y compris en fournissant des observateurs.
La déclaration affirme encore que le processus constitutionnel annoncé par le gouvernement transitoire ukrainien "sera inclusif, transparent et responsable". Il comprendra notamment la mise en place "immédiate" d'un "large dialogue national" qui devra s’adresser "à toutes les régions et à toutes les entités politiques ukrainiennes" et devra permettre "la prise en compte des commentaires publics et des amendements proposés".
Enfin, la déclaration appuie que "les participants ont souligné l’importance de la stabilité économique et financière en Ukraine et seraient prêt à discuter d’un soutien supplémentaire une fois les étapes précédentes mises en œuvre".
La Haute représentante pour la politique étrangère de l’UE, Catherine Ashton, s’est félicitée lors d’une conférence de presse à l’issue des pourparlers d’une discussion "franche et constructive" en vue de "trouver les mesures concrètes, des choses réelles et pratiques, qui peuvent faire retomber les tensions en Ukraine".
De même, elle a salué "l'engagement ukrainien de procéder à un processus constitutionnel inclusif et transparent". "Nous savons que des élections présidentielles libres et équitables le 25 mai sont la meilleure façon d'exprimer la volonté du peuple de l'Ukraine, de même que ce processus de réforme constitutionnelle. Et nous voulons voir tous les candidats bien se comporter et être traités avec beaucoup de respect dans ce processus".
Le ministre russe des Affaires étrangère, Sergueï Lavrov, a de son côté déclaré que les participants étaient "d'accord sur la nécessité de prendre des mesures initiales concrètes pour obtenir une désescalade des tensions et pour assurer la sécurité de tous les citoyens ukrainiens". Il a réaffirmé devant la presse que la Russie n'avait "aucun désir" d'envoyer des troupes en Ukraine. "Nous n'avons aucune espèce de désir d'envoyer des troupes en Ukraine. Cela serait contre nos intérêts fondamentaux", a-t-il assuré.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, tout en se félicitant de la conclusion de l'accord, a mis en garde Moscou. "Si nous ne voyons pas de progrès, alors nous n'aurons pas d'autre choix que d'imposer plus de sanctions", a-t-il affirmé. Depuis Washington, le président des USA, Barack Obama, s’est montré plus sceptique, soulignant qu’il ne pensait pas "qu'on puisse être sûr de quoi que ce soit à ce stade. La possibilité existe que la diplomatie puisse conduire à une désescalade de la situation". Mais, a-t-il concédé, "il faudra encore plusieurs jours pour voir si les déclarations se concrétisent".