Le premier Conseil Compétitivité de la présidence italienne a commencé le 25 septembre 2014 par une réunion consacrée au volet "Marché intérieur et Industrie". Le Luxembourg y était représenté par le Vice-Premier ministre, ministre de l’Économie, Étienne Schneider. Deux grands sujets étaient à l’ordre du jour : la mise en place d’une nouvelle politique industrielle européenne et la stratégie Europe 2020.
Les ministres ont tout d'abord eu l'occasion de définir les actions prioritaires en vue d'une nouvelle politique industrielle européenne. Le débat visait notamment à alimenter les travaux de la future Commission Juncker, qui devrait mettre en place début 2015 un nouveau plan d’action en faveur de l’industrie. Ainsi, les ministres se sont mis d’accord sur une série de priorités concrètes, notamment l’accomplissement du marché intérieur, les actions de soutien aux PME et la mise en place de nouveaux outils destinés à veiller à la bonne mise en œuvre de ses actions.
"Nous pensons qu'il faudrait s'atteler à travailler sur ce plan au sein de plusieurs formations du Conseil, dont le Conseil Compétitivité et pas seulement au Conseil Ecofin. En effet, nous devons tabler sur une approche horizontale et intégrée pour ce plan. Il appartiendra au prochain commissaire à l'Industrie de revenir sur les détails de ce plan", a résumé le secrétaire d'État italien aux Affaires européennes, Sandro Gozi, à l'issue des travaux. "En tant que présidence, nous avons réaffirmé toute l'importance que nous attachons à ce plan. La nouveauté de ce plan c'est qu'il conjugue des ressources privées et publiques, ce qui génère beaucoup d'attentes. On s'attend à des discussions approfondies avec le président Juncker lors du Conseil européen du mois de décembre", a conclu Sandro Gozi.
"Je suis vraiment très satisfait", a commenté pour sa part Etienne Schneider à l’issue du débat : "après mes demandes répétées, la Commission va désormais présenter à chaque Conseil un bilan de la situation économique et de l’évolution de notre compétitivité. Cela va certainement rendre nos discussions plus efficaces, plus politiques et plus opérationnelle". Dans son intervention, le ministre a également mis l’accent sur le besoin de mieux agir face au défi de la concurrence internationale, en insistant sur le fait que "l’Europe devra prendre des mesures plus efficaces par rapport aux importations à bas prix en provenance d’Asie, d’Inde ou du Moyen-Orient, surtout si l’absence ou le faible niveau des normes environnementales et sociales appliquées dans ces pays minent la compétitivité de nos entreprises industrielles".
Plus largement, les ministres se sont entendus sur des conclusions visant à intégrer les questions relatives à la Compétitivité Industrielle dans les autres domaines d'action, comme l’environnement, le climat, l’énergie, le commerce, les aides d’Etats, les politiques régionales. L’objectif est bien évidemment de renforcer la base industrielle de l’économie européenne. Les ministres ont par la même occasion réaffirmé leur soutien à la stratégie "de renaissance industrielle" présentée par la Commission européenne en février 2014 dont l'objectif est de porter à 20 % la part du secteur manufacturier dans le PIB de l'UE d'ici 2020. Un objectif qui a fait débat et que les ministres "notent avec intérêt" dans les conclusions adoptées, faute d’un consensus pour le soutenir plus clairement et le rendre contraignant.
Concernant le marché intérieur, le Conseil "Compétitivité" a procédé à un débat d’orientation sur la stratégie Europe 2020, qui fait actuellement l’objet d’une révision à mi-parcours. Les discussions ont notamment porté sur les progrès en vue de l’établissement d’un marché intérieur bien intégré et le développement d’un agenda en soutien à la compétitivité industrielle. L’objectif principal de cette révision à mi-parcours est en effet de tirer les leçons des cinq premières années de mise en œuvre de la stratégie Europe 2020 et de veiller à ce qu’elle reste un outil efficace au service de la création d’emploi et de la croissance dans les années à venir.
"Nos entreprises se heurtent toujours à un grand nombre de barrières qui cloisonnent le marché et qui ont un impact important sur les prix, le choix des consommateurs, le potentiel d’expansion des PME et, en fin de compte, sur notre compétitivité", a constaté Étienne Schneider. Un exemple concret de la problématique du cloisonnement du Marché intérieur existe, par exemple, dans le marché de la distribution, a expliqué le ministre luxembourgeois de l’Economie : "En raison de conditions contractuelles dictées par les intermédiaires et les producteurs, nos distributeurs sont actuellement obligés de s’approvisionner dans tel ou tel pays. Les consommateurs en sont les principaux perdants et doutent, tout comme nos distributeurs, de l’existence d’un véritable marché intérieur. Je ne peux pas accepter que cette situation persiste. La nouvelle Commission Juncker devra agir".