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Entreprises et industrie
Le rapport sur la structure industrielle de 2013 "souligne le besoin d'une renaissance industrielle", dit la Commission européenne
17-02-2014


Commission européenneLe 17 février 2014, à quelques jours d’un Conseil Compétitivité qui doit aborder le sujet de la relance de l’industrie de l'Union européenne, la Commission européenne a présenté un rapport sur sa situation actuelle de cette dernière. Intitulé "EU industrial structure report 2013: Competing in Global Value Chains" ("Rapport de 2013 sur la structure industrielle de l'Union européenne: faire face à la concurrence dans les chaînes de valeur mondiales"), ce rapport "souligne le besoin d'une renaissance industrielle", comme le fait remarquer la Commission européenne dans un communiqué de presse, en référence à la communication baptisée "Pour une renaissance industrielle européenne", qu’elle a présentée le 22 janvier  2014.

Antonio Tajani : "L’industrie a besoin d’un soutien ciblé"

Le rapport arrive à point pour nourrir les débats du Conseil "Compétitivité" des 20 et 21 février 2014 qui doit aborder la question de la relance de l’industrie européenne. "Ce rapport montre clairement que la crise de 2008 a entraîné une forte accélération du déclin industriel de l'Europe et que l'industrie a besoin d'un soutien ciblé pour l'aider à retrouver la croissance", a souligné le vice-président de la Commission européenne et commissaire chargé de l’industrie et de l’entrepreneuriat, Antonio Tajani, qui a, dans ce contexte, invité les Etats membres à soutenir "le nouveau pacte industriel" lors du Conseil "Compétitivité".

Le 30 janvier 2014, les ministres de l’industrie de 17 Etats membres, dont le Luxembourg, réunis à Rome avec Les Amis de l’industrie ont appelé à l’adoption d’un "programme ambitieux" au Conseil européen des 20 et 21 mars 2014. Ils y ont réaffirmé, comme la Commission européenne une semaine plus tôt, la nécessité d’atteindre l'objectif fixé, visant à porter la part de l'industrie dans le PIB de l'Europe à 20 % d'ici 2020.

Des liens "mutuellement bénéfiques" unissent l’industrie manufacturière et les services

Le rapport constate qu’à l’issue de l’année 2013, dans l’UE, la plupart des secteurs n'ont pas encore retrouvé leur niveau de production antérieur à la crise. La fragile reprise indiquée par une croissance positive en 2010 et 2011, année du précédent rapport, "a été interrompue par un ralentissement de la conjoncture", lit-on dans le communiqué de presse diffusée par la Commission européenne.

Il existe des différences importantes entre les secteurs et les États membres, précise néanmoins le rapport.

Pour ce qui est des différences entre pays,  la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie et les pays baltes se distinguent, en ayant dépassé leurs plus hauts niveaux de production atteints avant la récession.

Pour ce qui est des secteurs, la haute technologie, l’industrie pharmaceutique et les produits de base, tels que les produits alimentaires et les boissons, résistent à la crise. L’industrie pharmaceutique se distingue par une croissance soutenue depuis le début de la crise. La haute technologie, qualifiée de "moteur de la croissance" par le rapport, a profité d’une productivité plus élevée et d’une dépendance limitée à l’énergie, pour encaisser le choc de la crise.

Les services croissent, pour leur part, plus vite que l'industrie manufacturière. Les services marchands, habituellement fournis par le secteur privé, ont crû en moyenne de 1,7 point entre 2000 et 2012 et représentent désormais la moitié du PIB de l'UE. La part des services non marchands (habituellement fournis par le secteur public) a aussi augmenté pour atteindre 23 % du PIB en 2012. En termes d’emplois, le fossé entre les deux secteurs se creuse encore davantage car les services sont plus intensifs en main-d’œuvre et connaissent une croissance moins forte de leur productivité. De 2001 à 2010, l'emploi dans les services a progressé alors qu'il a diminué dans l'industrie manufacturière.

La construction ainsi que les industries manufacturière et minière ont au contraire été durement frappées. Le déclin est général dans le secteur manufacturier, notamment dans les industries de faible technologie. Ainsi, depuis 2001, la part de l’industrie manufacturière dans la production économique a encore diminué, de trois points, pour atteindre 15 % du PIB en 2012. Or, l’UE s’est fixée pour objectif de retrouver une part de l’industrie manufacturière égale à 20 % en 2020, objectif rappelé par la Commission européenne dans sa communication du 24 janvier 2014. Le rapport mentionne notamment le recul drastique des investissements étrangers (IDE) dans l'industrie manufacturière depuis l’éclatement de la crise. Ainsi, en 2010, dans l'UE, les flux d’IDE entrants n’ont atteint qu’un tiers environ de leur niveau de 2007 et les flux sortants sont tombés encore plus bas. C’est en fait le reflet, en grande partie, d’une "forte diminution des flux intra-UE depuis le début de la crise".

Dans ce contexte, le rapport met l’accent sur l’importance de porter son attention sur l’industrie manufacturière en raison des "liens mutuellement bénéfiques" qu’elle entretient avec les services. En raison de la sophistication croissante de leurs produits et de l’intégration elle aussi croissante de services, les entreprises du secteur manufacturier recourent de plus en plus aux services dans leurs processus commerciaux, dans l'élaboration et la vente de produits mais aussi pour des activités transversales, telles que la comptabilité et la logistique.

Le secteur manufacturier évolue "d’un secteur dominé par les machinistes et les travailleurs sur les lignes d’assemblage vers un secteur qui se repose de plus en plus sur les services", lit-on dans un mémo publié par la Commission européenne. Ainsi, on retrouve dans l’industrie manufacturière une part croissante de salariés occupés à des emplois liés aux services tels que les activités de recherche et développement, la recherche en marketing, la conception de logiciels, les services après-vente…etc. Le rapport cite, pour illustrer son propos sur ces liens intimes entre industrie et services, le cas du marketing des téléphones mobile de type smartphones, qui nécessitent l’usage de logiciels (dits applications) pour maximiser leur utilité.

Ainsi, l’industrie manufacturière possède un "effet porteur" pour des services qui seraient autrement moins commercialisables et a donc un effet stimulant sur l'innovation et l'amélioration qualitative des activités de service.

L’importance de renforcer l’intégration des entreprises aux chaînes de valeurs mondiales

Le rapport insiste également beaucoup sur l’importance croissante de ce qu’il est convenu d’appeler "les chaînes de valeur mondiales", qui consiste en "un nombre croissant de solides réseaux transfrontaliers" dus à la globalisation. L’UE est encore le principal acteur du commerce mondial, tant pour les biens et services que pour les flux d'investissements, mais "le renforcement de la participation aux chaînes de valeur mondiales améliorera leur compétitivité et leur assurera un accès aux marchés mondiaux dans des conditions de concurrence plus favorables", précise le communiqué de presse.

Le rapport souligne, dans ce contexte, que l’UE garde des avantages comparatifs dans deux tiers des secteurs, tandis que l’économie des USA en a, à l’inverse, dans peu de secteurs (finance, assurance et voyage). Elle reste un acteur économique dominant. 37 % des exportations mondiales furent générées en Europe en 2011. Un quart des échanges manufacturés dans le monde sont effectués à l’intérieur de l’UE.  L’UE a été de surcroît en 2010 "le plus grand bloc commercial"en étant à l’origine de 16 % des échanges mondiaux, en termes d’exportations hors UE.

Le rapport met en exergue à plusieurs reprises la situation du Luxembourg pour des caractéristiques telles que son très large secteur des services, sa très petite industrie manufacturière, la baisse de l’industrie du tourisme qu’il est le seul, avec trois autres Etats membres, à avoir enduré ou encore pour ses avantages comparatifs élevés dans les assurances, la finance… et le tabac.