Le paquet investissement annoncé par Jean-Claude Juncker n’est pas assez ambitieux, a estimé le 29 octobre 2014 la Confédération européenne des syndicats (CES), dans un communiqué publié suite à une réunion du Comité exécutif. Le futur président de la Commission européenne avait annoncé ce "Paquet pour l'Emploi, la Croissance et l'Investissement" lors de sa nomination par le Parlement européen, puis promis que ce paquet serait prêt avant Noël et que personne ne l’empêcherait de le faire, lors de l’approbation de sa Commission par le Parlement européen le 22 octobre 2014.
La Confédération déplore que le montant de 300 milliards du paquet soit "loin en-dessous des estimations de la CES concernant le niveau d’investissement nécessaire". Pour la Confédération, il faut un plan d’investissement annuel de 2 % du PIB de l’UE pendant dix ans, ce qui équivaudrait à un montant annuel d’environ 260 milliards d’euros ou 2 600 milliards en dix ans (calculé à partir du PIB de l’UE qui était de 12 945 milliards d’euros en 2012, selon la Commission). La CES dit attendre "des détails concrets" sur ce plan d’investissement "pour voir s’il a le potentiel pour générer de vrais résultats" ou s’il se révélera "insuffisant" comme l’était, estime-t-elle, le Pacte pour la croissance et l’emploi adopté en juin 2012 et qui prévoyait de mobiliser 120 milliards d’euros.
La CES invite la future Commission européenne à "convertir mots et promesses en actions réelles, efficaces et adaptées" ainsi qu’à "ne pas décevoir les travailleurs et citoyens européens" et à "se montrer à la hauteur des objectifs qu’elle s’est fixée".
Lors du Comité exécutif, auquel était présent le président de l’OGBL, Jean-Claude Reding, la CES a adopté ses priorités pour le semestre européen. La CES demande que l’Examen annuel de la croissance 2015 donne la priorité "à un programme européen d’investissement pluriannuel solide et ambitieux, qui se base sur un agenda favorisant les emplois de qualité et reconnaissant le rôle des salaires comme moteur pour la demande, l’investissement et l’emploi et qui abandonne la politique de dérèglementation structurelle". L’Examen annuel de la croissance, qui définit les priorités de l’Union pour l’année à venir, en vue de stimuler la croissance et la création d’emplois, est publié chaque novembre par la Commission européenne dans le cadre du semestre européen. La CES réitère son appel aux dirigeants européens de "changer de cap", en mettant en garde contre "les conséquences négatives" d’une politique d’austérité qui "entraverait la reprise économique de l’Europe et prévaudrait sur les priorités sociales".
Quant aux objectifs climatiques que le Conseil européen vient de fixer, la CES a adopté une résolution demandant que le cadre énergie-climat 2030 comprenne des "éléments permettant de provoquer une transition bas carbone qui soit à la fois compatible avec les objectifs de réduction des émissions à l’horizon 2050 et créatrice d’emplois".