Suite au retrait de la candidature d’Alenka Bratusek au poste de vice-présidente de la Commission responsable de l'Union de l'énergie survenu le 9 octobre 2014, après que le Parlement européen l’a rejetée la veille, le gouvernement slovène a annoncé le 10 octobre 2014 qu’il avait proposé sa vice-Première ministre en charge du développement, la centriste Violeta Bulc, comme candidate slovène à un poste au sein de la Commission européenne.
Le président-élu de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui ne la connaît pas comme l’ont précisé ses services, devrait rencontrer Violeta Bulc dès le 13 ou le 14 octobre 2014, dans l’espoir de respecter un calendrier désormais très serré. L’audition de la nouvelle candidate devrait idéalement se tenir le 20 octobre 2014, deux jours avant le vote, telle que prévu, de l’ensemble de la Commission européenne par le Parlement. Jean-Claude Juncker doit notamment s’enquérir des compétences de la nouvelle candidate slovène et, le cas échéant, opérer une légère redistribution des portefeuilles, sachant qu’il pourrait également décider d’attribuer à un autre commissaire le portefeuille de la citoyenneté, que le Parlement européen refuse de voir cédé au Hongrois Tibor Navracsics.
Violeta Bulc, âgée de 50 ans, est une ancienne conseillère en entreprise. Elle est devenue vice-Premier ministre chargée du Développement en septembre 2014 au sein du gouvernement formé par le nouveau Premier ministre slovène, Miro Cerar. Ce dernier a succédé à Alenka Bratusek en faisant campagne pour la lutte contre la corruption et contre le programme de privatisations demandé par l'Union européenne. Sa victoire a signifié un vaste renouvellement de la classe politique slovène. Violeta Bulc membre du jeune Parti de Miro Cerar (SMC), un parti de centre-gauche fondé en juin 2014, est donc néophyte en politique. Cerar met néanmoins en avant les "fortes capacités de décision et de direction" de la candidate en présentant sa candidature.
Par cette décision, Miro Cerar a affirmé son droit à désigner la candidate de son choix, lui qui avait estimé "antidémocratique et contre les lois de l'UE" de refuser à son parti centriste de gauche la possibilité de choisir un nouveau candidat.
Miro Cerar réagissait ainsi aux suggestions faites par les groupes Socialistes et Démocrates (S&D) et du Parti populaire européen (PPE) de nommer l’eurodéputée socialiste slovène, Tanja Fajon. "Le Groupe PPE n'apportera son soutien qu'à une candidate féminine, et qu'à une candidate expérimentée", avait déclaré, dans un communiqué de presse, le président du groupe, Manfred Weber, en citant en exemple, l’eurodéputée socialiste. "Nous sommes donc prêts à coopérer avec le gouvernement et les partis politiques slovènes pour discuter des propositions et ainsi éviter un deuxième échec", concluait-il.
Le groupe S&D jugeait que l’eurodéputée de ses rangs était la "candidate naturelle" au portefeuille resté vacant. Comme le PPE, le groupe S&S arguait que Tanja Fajon "figurait dans la liste fournie par le gouvernement slovène" (celui de la Première ministre sortante et candidate rejetée Alenka Bratusek, ndlr) et "parce que Mme Fajon dispose d’une longue expérience au Parlement européen, où elle a fait la preuve de ses compétences et de sa fiabilité". "Toute option alternative pourrait mettre en danger cet objectif et ne paraîtrait pas raisonnable aux yeux du Groupe S&D", disait encore le communiqué de presse.
De leur côté, les Verts/ALE avaient déclaré, dans une prise de position, que la candidature d’Alenka Bratusek a échoué "parce qu’elle n’était pas de la bonne famille politique" et qu’en conséquence, "il faudrait que sa remplaçante soit jugée sur sa compétence et son indépendance, et non sur son appartenance politique".
Ces différentes prises de position n’avaient pas plu au groupe ADLE. "Le harcèlement du gouvernement slovène par les groupes S&D, PPE et les Verts est inacceptable", avait-il réagi dans un communiqué de presse du 9 octobre. "Il s'agit d'une décision qui incombe seule au gouvernement démocratiquement élu de Slovénie; ce qu'ils ont fait porte atteinte à la souveraineté de la Slovénie", tonnait-il.
Il est à noter que le parti de Miro Cerar, le SMC, n’a pas participé aux élections européennes de mai 2014 et n’a pas encore d’affiliation à un parti européen. Alenka Bratusek, à la tête d’un nouveau parti qu’elle a créée pour les élections législatives slovènes de juillet 2014, était considérée comme issue des rangs du groupe ADLE, en sa qualité d’ancienne membre du parti Slovénie positive qui fut quelques mois de l’année 2014 membre du groupe ADLE.