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Éducation, formation et jeunesse - Emploi et politique sociale
Dans un rapport consacré au chômage, la Cour des Comptes exprime ses doutes quant à la bonne mise en œuvre de la "Garantie pour la jeunesse" au Luxembourg
13-10-2014


cour-comptesDans son rapport spécial sur certaines mesures prises dans le cadre de la lutte contre le chômage présenté le 13 octobre 2014 aux membres de la commission parlementaire de contrôle de l’exécution budgétaire, la Cour des comptes a exprimé ses doutes quant à la bonne mise en œuvre de la "Garantie pour la jeunesse". L’objectif de son rapport est d’analyser comment les dispositifs de lutte contre le chômage ont évolué depuis le rapport précédent publié en 2011, qui a contribué à hâter la réforme de l’Administration de l’emploi.

Un programme européen qui vise la lutte contre le chômage des jeunes

La "Garantie pour la jeunesse" est un programme censé durer de 2014 à 2015 ayant comme objectif la lutte contre le chômage des jeunes – 5 millions de jeunes sont touchés – doté de 6 milliards d’euros qui vise à offrir à tout jeune de moins de 25 ou 30 ans un emploi, une formation ou un stage dans les 4 mois suivant son arrivée sur le marché du travail. Les pays ou régions où le taux de chômage des jeunes est supérieur à 25 %  peuvent bénéficier d’un  financement européen. 20 Etats membres disposent actuellement de ce financement.

La "Garantie pour la jeunesse" avait été revendiquée par le Parlement européen dès juillet 2010, afin de contrecarrer les effets de la crise sur l’emploi des jeunes. La "Garantie pour la jeunesse" a été adoptée le 28 février 2013 par le Conseil EPSCO et est devenue pleinement opérationnelle en janvier 2014. Même si le Luxembourg ne bénéficie pas de financements européens, son chômage des jeunes ne dépassant pas les 25 %, il a officiellement lancé son programme national le 26 juin 2014, un programme qui suit la ligne tracée au niveau européen.

Au Luxembourg, des imperfections dans la mise en œuvre de la "Garantie pour la jeunesse" ont été relevées par la Cour des Comptes

Dans son rapport du 13 octobre, la Cour des Comptes a pointé du doigt le fait que l’ADEM risque de manquer de personnel afin de bien mettre en œuvre la "Garantie pour la jeunesse". Avec la mise en place de ce système, "la pénurie au niveau du personnel de l’Adem va s’accentuer, mettant davantage en péril la réalisation des objectifs".

Surtout, dans son état actuel, l’ADEM ne serait pas en mesure de garantir un suivi personnalisé à tous les chômeurs, et particulièrement aux jeunes, alors que ‘il s’agit d’un élément indispensable pour la bonne application de la ‘Garantie pour la jeunesse’. La Cour rappelle que l’Agence est obligée de proposer "à chaque demandeur d’emploi sans emploi à la recherche d’un emploi, qui vient s’inscrire auprès des bureaux de placement, la conclusion d’une "convention de collaboration" individualisée".

Ces problèmes avaient déjà été soulevés dans le précédent rapport de la Cour des comptes publié en 2011, où elle s’était demandé si les objectifs en matière d’emploi étaient "compatibles avec les moyens en personnel de l’Administration de l’emploi".

Selon la directrice de l’ADEM, Isabelle Schlesser, la transition est en cours

Interrogée le 14 octobre par ‘L’essentiel’, la directrice de l’ADEM Isabelle Schlesser affirmé que le parcours personnalisé des chômeurs est en train de s’étendre et que l’agence compte un nombre croissant d’agents. Isabelle Schlesser explique ensuite que le parcours personnalisé n’était offert qu’à Wasserbillig quand la Cour des Comptes menait son enquête, mais qu’entretemps, il est "devenu opérationnel dans les agences de Differdange et Dudelange» et bientôt à Wiltz, même s’il ne le sera pas dans toutes les agences. Depuis juin 2014, 1 600 jeunes se sont inscrits et ont signé plus de 1 000 conventions de collaboration. Enfin, elle a recommandé de ne pas oublier que le service employeur est tout aussi important pour que les objectifs en matière de lutte contre le chômage puissent être atteints.

La "Garantie pour la jeunesse", un programme difficile à mettre en œuvre

Le Luxembourg n’est pas le seul Etat membre à éprouver des difficultés à mettre en œuvre la "Garantie pour la jeunesse". Un constat dans ce sens a aussi été dressé à l’occasion du "Sommet sur l’emploi" le 8 octobre à Milan. 800 millions d’euros ont déjà été dépensés et 830 000 jeunes ont pu bénéficier d’un soutien, sans que soit précisé s’il s’agit de fonds européens ou nationaux. En outre, seuls deux pays ont selon lui créé  des programmes opérationnels nationaux, la France et l’Italie, qui ont à eux seuls absorbé 25 % des crédits. A c e sommet, le ministre du Travail luxembourgeois, Nicolas Schmit, a lui aussi évoqué le manque de demandes de la part des Etats membres, la complexité et la longueur des procédures européennes "alors que les jeunes sont pressés".