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Statistiques - Economie, finances et monnaie
Le nouveau Système européen des comptes nationaux et régionaux (SEC 2010) augmente légèrement le niveau du PIB de l’UE et de la zone euro, tandis que les taux de croissance restent quasiment inchangés
17-10-2014


EurostatLe 17 octobre 2014, Eurostat, l’institut européen de la statistique, a publié les premiers chiffres relatifs aux agrégats européens du PIB calculés selon la nouvelle méthodologie du Système européen des comptes nationaux et régionaux (SEC 2010), qui fixe la méthode harmonisée utilisée pour la production des données des comptes nationaux dans l’UE.

Deux changements méthodologiques principaux ont eu un effet sur le PIB, à savoir les dépenses de recherche et développement et les dépenses en systèmes d’armement – qui sont désormais comptabilisées comme des investissements. Ces changements ont respectivement augmenté le niveau du PIB de l’UE en 2010 de 1,9 % et de 0,2 %. Pour la plupart des États membres, l’application des lignes directrices du SEC 2010 est complétée par l’intégration d’améliorations statistiques dans leurs données, notamment des mises à jour des sources des données. De plus, dans le cadre du processus d’harmonisation méthodologique au sein de l’UE, de nombreux États membres ont également procédé à un perfectionnement de la comptabilisation, dans leur PIB, de certaines activités illégales.

Les dernières estimations publiées par Eurostat couvrent ainsi les changements opérés dans les niveaux du PIB  (PIB en valeur) et ses taux de croissance (PIB en volume) et mettent particulièrement l’accent sur l’année 2010, période de référence pour l’analyse détaillée des révisions.

Le niveau du PIB augmente de 3,4 % en moyenne, les taux de croissance de +/- 0,1 point de pourcentage

À la suite de ces changements, la différence annuelle moyenne entre le niveau du PIB à prix courants selon le SEC 95 et selon le SEC 2010 sur la période 1997-2013 a été de +3,4 % tant dans la zone euro que dans l’UE.

L’effet des changements méthodologiques et statistiques sur les taux de croissance des agrégats UE et zone euro est en revanche très faible. Sur la période 1997-2013, la variation des taux de croissance annuel du PIB s’établit aux alentours de +/- 0,1 point de pourcentage tant pour la zone euro que pour l’UE, précise Eurostat.

Des effets très contrastés selon les Etats membres

L’impact de l’ensemble des modifications dues au SEC 2010 et aux améliorations statistiques sur niveau du PIB a été très différent d’un État membre à l’autre. En 2010, les impacts les plus importants ont ainsi été relevés à Chypre (+9,5 %) ainsi qu’aux Pays-Bas (+7,6 %), tandis que des variations relativement minimes voire négatives ont été observées au Luxembourg (+0,2 %) et en Lettonie (-0,1 %).

Dans le détail, les changements méthodologiques (selon le SEC 2010) ont entraîné une révision du niveau du PIB en 2010 de +2,2 % pour la zone euro et de +2,3 % pour l’UE. Dans les deux zones, la capitalisation des dépenses de recherche et développement y a contribué à hauteur de +1,9 %.

Dans les États membres de l’UE, les plus forts impacts méthodologiques ont été relevés en 2010 pour la Suède (+4,4 %) et la Finlande (+4,2 %), dont 4 % dans chacun de ces deux États membres du fait de la recherche et développement. Les impacts méthodologiques les plus faibles ont été reportés par la Bulgarie (+0,4 %), la Croatie et Malte (+0,5 % chacun), dont respectivement +0,3 %, +0,4 % et +0,5 % du fait de la recherche et développement. Au Luxembourg, les changements méthodologiques ont entraîné une révision du PIB de +1,6 % en 2010, dont +0,5 % du fait de la comptabilisation des dépenses de recherche et développement.

Les améliorations statistiques ont, pour leur part, mené à une révision du niveau du PIB de +1,3 % dans la zone euro et de +1,4 % dans l’UE. Les impacts les plus élevés issus des améliorations statistiques ont quant à eux été enregistrés à Chypre (+8,4 %) ainsi qu’aux Pays-Bas (+5,9 %), tandis que des impacts négatifs ont été relevés pour le Luxembourg (-1,4 %), la Lettonie (-1,2 %), l’Autriche (-0,6 %), le Danemark et l’Estonie (-0,2 % chacun). 

Le résultat négatif issu des améliorations statistiques au Luxembourg s’explique notamment par la mise à jour de certaines données, à commencer par celles de la population, suite au recensement national mené en 2011. Réalisé tous les dix ans, le dernier exercice a notamment permis de réviser à la baisse le calcul des loyers imputés, explique John Haas, responsable pour les statistiques macroéconomiques au STATEC, l’institut national de statistique luxembourgeois.

Pour ce qui est du PIB en volume, c’est-à-dire les taux de croissance du PIB, au Luxembourg, le passage au nouveau système n’a affecté "que  marginalement" les chiffres sur la croissance du PIB en volume de 2012 et 2013, mais les chiffres des années 2010 et 2011 ont "par contre été significativement révisées à la hausse, avec presque 3 points de pourcentage de croissance supplémentaire en cumulé", avait expliqué le STATEC dans son Flash Conjoncture d’octobre 2014.

Le contexte

Pour mémoire, le SEC fixe la méthodologie harmonisée utilisée pour la production des données des comptes nationaux dans l’UE. Il garantit que les statistiques sur les économies des États membres sont compilées de manière cohérente, comparable, fiable et moderne.

Le précédent cadre méthodologique (SEC 1995) avait été mis en place il y a près de vingt ans. Or, au cours de cette période, des changements importants ont influé sur les économies nationales, en particulier le rôle croissant des TIC dans les processus de production, l’importance grandissante des actifs immatériels, des produits et services de propriété intellectuelle, ainsi que la mondialisation des systèmes économiques. "La façon dont les statistiques macroéconomiques sont compilées a dû être ajustée en conséquence afin de refléter ces évolutions", détaille Eurostat dans un communiqué, l’office estimant "qu’il ne s’agit pas d’une révolution, mais d’une nécessaire adaptation". 

Il convient par ailleurs de souligner que cette adaptation du système des comptes nationaux n’est pas uniquement réalisée à l’échelle européenne, mais dans le monde entier. Le SEC 2010 est le pendant européen du SCN 2008, adopté par la Commission statistique des Nations Unies, et déjà en vigueur, entre autres, aux États-Unis, en Australie et au Canada.