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Protection des consommateurs - Santé
Audition des commissaires désignés au Parlement européen - Vytenis Andriukaitis, candidat à la santé et à la sécurité alimentaire, s’engage à défendre les normes européennes de santé en matière de sécurité des aliments dans le cadre du TTIP
30-09-2014


Vytenis Andriukaitis, le commissaire-candidat de la Lituanie pour la Santé et la Sécurité alimentaire, a été auditionné le 30 septembre 2014 par les eurodéputés de la commission de l’Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) et la commission de l’Agriculture et de développement rural (AGRI). Le Lituanien s’est entre autre engagé à œuvrer pour une "application totale" de la directive relative aux droits des patients en matière de soins de santé transfrontaliers et a promis de "défendre" les normes européennes de santé en matière de sécurité des aliments dans le cadre de l'accord de libre-échange transatlantique (TTIP). Il prend la relève du Maltais Tonio Borg.

Chirurgien, ministre de la Santé et signataire de la déclaration d’indépendance de la Lituanie

pe-auditons-andriukaitis-140930-source-peNé le 9 août 1951 en Sibérie, où sa famille a été déportée, Vytenis Andriukaitis rejoint le mouvement antisoviétique en 1969 pendant ses études. Cela lui vaut d’être emprisonné par le KGB, un fait qu’il a évoqué pendant son audition pour souligner qu’il "n’a pas peur des intérêts externes" comme ceux de l’industrie pharmaceutique ou des Etats membres, selon Euractiv. Après ses études d’histoire, de sciences politiques et de médecine, il travaille en tant que chirurgien et chirurgien cardiaque.

Il est un des fondateurs du parti social-démocratie lituanien, restauré après la fin de l’URSS, parti qu’il a également présidé entre 1999 et 2000. Selon son Curriculum Vitae, il est également signataire de la déclaration de l’indépendance de la Lituanie et co-auteur de la Constitution. A partir de 1992, Vytenis Andriukaitis devient député : il préside entre autre la commission des affaires européennes et devient vice-président du parlement. En 2012, il devient ministre de la Santé en Lituanie, ainsi que vice-président de l’assemblée mondiale de la santé, l’organe décisionnel de l’OMS en 2014. La même année, l’OMS lui a attribué le prix de la Journée mondiale sans tabac en 2014.

Sa position

Le commissaire-candidat estime que l’Europe a besoin d’un nouvel élan pour la santé. Ses trois priorités sont la promotion, la protection et la prévention. Son but affiché est de rendre les systèmes de santé plus efficaces et plus innovants, notamment via les travaux d’évaluation. Il promet de s’attaquer à des problèmes tels que les possibilités de fraude découlant de la complexité de la chaîne de production des aliments. La lutte contre la fraude alimentaire est pour lui une "priorité majeure", puisque l’intégrité des denrées alimentaires est essentielle pour garantir la santé des personnes et le haut niveau de sûreté et de qualité des produits de l’Union. Dans ce contexte, il estime que l’Union dispose de normes qui comptent parmi les plus rigoureuses au monde qu’il a pour vocation de maintenir.

En tant que commissaire de la Santé, le médecin veut également insister sur l’importance d’une alimentation saine et sûre qui permet, selon lui, de prévenir les dépenses de santé inutiles et d’aider les États membres à améliorer la viabilité à long terme de leurs systèmes de santé. Il s’engage par ailleurs pour que le droit dérivé de la directive sur les produits du tabac soit adopté rapidement.

Son audition

Pendant son audition, Vytenis Andriukaitis s’est présenté comme un homme honnête qui a consacré toute sa vie à la santé humaine. "Pendant 23 ans, mon boulot était de sauver des vies humaines. Je veux que les gens aient l’opportunité de mener une vie plus saine et plus sûre", a-t-il dit.

Le médecin s’est engagé à œuvrer pour une "application totale" de la directive relative aux droits des patients en matière de soins de santé transfrontaliers qui précise comment les citoyens européens pourraient être remboursés pour des soins reçus dans un autre État membre. Le Luxembourg a transposé cette directive en juin 2014. "On ne peut plus attendre. Si besoin, on pourra lancer des procédures d’infraction", a-t-il averti.

Le commissaire-candidat a promis de revoir dans les six premiers mois de son mandat la législation applicable à l’autorisation des organismes génétiquement modifiés (OGM), comme annoncé par Jean-Claude Juncker dans ses orientations politiques. Il a annoncé qu’il prendrait immédiatement des mesures, tout en soulignant que "le principe de subsidiarité des Etats membres doit être respecté" et que la Commission doit "éviter" une confrontation. Son discours s’inscrit dans la ligne de la Commission qui veut que les Etats membres décident d'autoriser, de restreindre ou d'interdire les OGM, tandis que la Commission décide de l’autorisation au niveau européen. Un accord sur cette question a été trouvé au Conseil en juin 2014, le Luxembourg, opposé aux OGM, s’étant abstenu. Un accord doit désormais être trouvé en trilogue – en septembre, la présidence italienne du Conseil a eu un premier échange avec la commission de l’Environnement au Parlement européen.  

Pour ce qui est du risque de contamination transfrontalière, le Lituanien a dit avoir besoin "d'analyses concrètes de scientifiques", selon ses propos cités par l’Agence Europe. Il a insisté sur l'importance de la transparence des travaux de l'EFSA, en estimant nécessaire de "créer la confiance dans les autorités publiques". "Cette méfiance vis-à-vis de la science, on la trouve dans de nombreux domaines. Je ferai tout pour que la transparence et les normes soient plus élevées", a-t-il noté selon la même source.

Il s'engage à défendre les normes européennes en matière de sécurité des aliments dans le cadre du TTIP

En réponse aux craintes de Katerina Konecna (GUE/NGL) et de Bart Staes (Verts/ALE) de voir l'accord de libre-échange transatlantique (TTIP) abaisser le niveau des  normes de l'UE en matière de sécurité des aliments, Vytenis Andriukaitis a déclaré qu’il est, en tant que médecin, contre un abaissement des normes et qu’il les défendra. "Je ne ferai pas de compromis là-dessus", a-t-il affirmé. Il a également promis d’impliquer le Parlement européen et les parlements nationaux dans cette question.

Plusieurs députés se sont inquiétés de voir l'Agence européenne des médicaments passer sous la responsabilité du commissaire à l'Industrie. "Ne pas mettre l'accent sur les patients mais sur les profits de l'industrie pharmaceutique, c'est dangereux", a déclaré l’eurodéputé Boleslaw Grzegorz Piecha (ECR), selon les propos cités par l’agence Europe. Le commissaire désigné a promis de travailler étroitement avec la commissaire candidate à l’industrie, Elżbieta Bieńkowska, et de "prendre les décisions ensemble". Il a assuré vouloir trouver des accords pour que l'accès à des médicaments bon marché reste la priorité.

Quant au perturbateurs endocriniens pour lesquels la Commission européenne doit encore trouver des critères de définition, Vytenis Andriukaitis a mis en garde contre "des conclusions hâtives" et a plaidé pour utiliser au mieux toutes les preuves scientifiques. Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques qui interfèrent avec système hormonal, ce qui peut entraîner des effets nocifs sur la santé et l’environnement. "Nous avons déjà des critères, je vais relancer ce dossier. Il faut remplacer les critères intérimaires par des critères définitifs dès que possible pour pouvoir faire une évaluation de l'effet sur l'être humain", a-t-il dit, selon ses propos cités par l’Agence Europe.

Les réactions des groupes politiques plutôt positives

Le groupe PPE au Parlement européen a demandé à Vytenis Andriukaitis d’être "plus clair", en regrettant que certaines de ses réponses soient "trop vagues". Le groupe se félicite néanmoins du fait qu’un médecin qui "sait de quoi il parle", a été désigné à ce poste et estime qu’il sera capable de réussir, tout en jugeant que le Lituanien devrait préciser ses "opinions assez générales". 

Pour le groupe S&D, Vytenis Andriukaitis a montré une "bonne compréhension" des préoccupations des citoyens européens. Il rappelle que l’austérité "menace" les normes  européennes de santé et de l’alimentaire, appelant le commissaire-candidat de faire de l’accès aux soins une priorité essentielle. Le groupe critique le fait que les produits pharmaceutiques et les dispositifs médicaux soient transférés à la DG Entreprises et Industrie, en jugeant que ce domaine devrait relever de la responsabilité du commissaire de la santé.

Pour les Verts, Vytenis Andriukaitis semble être "un peu naïf" sur ce qu’il pourra atteindre à la Commission. Le député Bas Eickhout estime que le Lituanien a été "plutôt faible" sur les sujets de la sécurité alimentaire et la santé animale. Il se félicite du fait que le commissaire-candidat "semble reconnaître la myriade des problèmes", mais regrette qu’il ait donné trop de "réponses évasives" sur plusieurs sujets, comme le problème de la résistance antimicrobienne qu’il a "reconnu sans indiquer comment le résoudre".