Désigné au poste de commissaire pour le budget et les ressources humaines, Kristalina Georgieva a promis de s’attaquer aux problèmes de retards de paiements dans le budget de l’UE, lors de son audition devant les commissions du budget, du contrôle budgétaire et des affaires juridiques le 2 octobre 2014. Commissaire sortante à l'Aide humanitaire, elle a abordé plusieurs sujets : la révision à mi-parcours (en 2016) du cadre financier pluriannuel (CFP), le projet de budget 2015 de l'UE, les ressources propres de l'UE, le plan d'investissement de 300 milliards d'euros annoncé par le président Jean-Claude Juncker et la tolérance zéro à l'égard de la fraude. Ces sujets figurent également dans la lettre de mission qui lui a été adressé par Jean-Claude Juncker.
Née le 13 août 1953 à Sofia, Kristalina Georgieva est diplômée d’un doctorat en sciences économiques. Avant de devenir commissaire en charge de l’Aide humanitaire, elle entame sa carrière à la Banque Mondiale, qu'elle a rejoint en 1993 après quelques années d'enseignement, notamment au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unis. Au siège de la Banque à Washington, elle se spécialise dans l'économie de l'environnement. Elle est ensuite détachée trois ans à Moscou, à partir de 2004, avant d'être nommée vice-présidente de la Banque mondiale en 2008. En 2010, elle remplace la candidate présentée par Sofia, Roumiana Jeleva, rejetée par le Parlement européen pour des liens supposés avec des personnes impliquées dans des détournements de fonds.
Kristalina Georgieva (PPE) s’engage à s’attaquer au problème des retards de paiements qui s’élèvent à 222 milliards à la fin 2013 pour la période 2007-2013, comme elle le détaille dans ses réponses écrites aux députés européens. Elle reconnaît une situation "exceptionnellement tendue"et affirme qu’il faut mettre fin à l’effet de "boule de neige"de factures impayés – ne pas le faire serait un "préjudice auto-infligé"en raison des intérêts à payer et cela risquerait de retarder des programmes. Elle affirme vouloir présenter "une image claire des coûts de l’inaction".
Les députés de la commission des budgets, devant laquelle elle a comparu, s’étaient opposés le 30 septembre 2014 aux coupes proposées par la Commission européenne dans le projet de budget 2015, soulignant leur position sur le budget 2015 ne serait effective "que si le Conseil accepte d'effectuer les paiements dus cette année, ce qui empêcherait ainsi que le retard accumulé ne se transforme en effet boule de neige"en 2015. Ils avaient mis en garde contre le fait que "les crises des paiements récurrentes débouchent sur des retards de paiements pour des factures légitimes"de PME, d'organisations non gouvernementales et d’autres. A noter qu’il s’agit d’un arriéré de 23 milliards d’euros à la fin 2014, comme l’a noté le prédécesseur de Kristalina Georgieva, Janusz Lewandowski, lors de la présentation du budget de l’UE pour 2015.
Selon Kristalina Georgieva, le budget de l’UE est soumis à des "pressions sans précédent", notamment en raison de la réduction des budgets nationaux de nombreux États membres, et, de même temps, une augmentation de la demande et de l’absorption des fonds.
La Bulgare estime que ce problème peut être réglé en appliquant la flexibilité, vue la croissance "très préoccupante"de la masse des engagements restants à payer. Elle ajoute que des paiements supplémentaires sont nécessaires afin d'honorer les obligations légales. Dans ce contexte, elle s’en prend à la Commission européenne, en jugeant que celle-ci ne peut plus "compter sur un décalage salutaire"entre les engagements et les paiements pour "s'acquitter en temps utile"du paiement de l'ensemble des factures à venir.
Quant aux ressources propres du budget qui ont diminué par rapport aux contributions des Etats membres, elle a estimé que la situation actuelle "n’est pas saine". "Cela entraîne des négociations tendues entre les pays", a rappelé Kristalina Georgieva, citée par l’Agence Europe.
Les eurodéputés se sont montrés très inquiets quant à la question des retards de paiements. "Nous sommes en situation de cessation de paiements", s'est inquiété Alain Lamassoure (PPE), selon l’Agence Europe. Les seuls crédits disponibles, selon lui, servent à payer le passé. Son groupe s’est félicité du fait que la candidate est en accord avec le Parlement européen estimant que "le budget de l’UE doit refléter les paiements de factures existantes et des engagements faits aux citoyens européens". Pour le groupe, Kristalina Georgieva a démontré un "savoir solide et approfondi"des dossiers budgétaires européens.
Pour le S&D, la Bulgare s’est présentée comme une candidate "solide et compétente", mais le groupe déclare attendre plus d’une candidate avec "un tel profil et une telle expertise"et vouloir demander des "propositions concrètes".
Pour la députée Liadh Ní Riada (GUE/NGL), Kristalina Georgieva, une femme "compatissante", est la candidate "la plus compétente que j’ai entendue jusqu’ici".