La campagne pour un siège unique du Parlement européen, la "Single Seat Campaign", a été relancée le 22 octobre 2014. Après la présentation en juillet 2014 d’un sondage financé par des eurodéputés du groupe Verts/ALE, qui avait montré que les Allemands étaient avec 83 % les Français avec 82 %, les Italiens avec 71 %, les Suédois avec 66 % et les Polonais avec 58 % en faveur d’un siège unique, un nouveau bureau a été constitué.
Parallèlement, les députés européens ont voté un amendement dans le cadre du rapport sur le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2015 qui "souligne que, pour générer des économies durables dans le budget de l'Union, le Parlement et le Conseil doivent impérativement établir une feuille de route pour un siège unique, dont la nécessité a été soulignée par le Parlement dans plusieurs de ses résolutions antérieures".
Cet amendement a été adopté par 511 voix pour, 124 contre et 124 et 54 abstentions. Les députés européens luxembourgeois Georges Bach, Frank Engel et Viviane Reding, tous PPE, et le député libéral Charles Goerens ont voté contre l’amendement. La députée socialiste Mady Delvaux et le député vert Claude Turmes se sont abstenus.
Les membres du nouveau bureau de la campagne "Single Seat" sont Anna Maria Corazza Bildt (PPE, suédoise), qui en est la présidente, l'Italienne Pina Picierno (S&D), le Britannique Ashley Fox (CRE), déjà très actif avant et co-auteur du rapport Ashley-Häfner, l'Espagnole Beatriz Becerra (ADLE), le Néerlandais Dennis de Jong (GUE/NGL) et l'Autrichienne Ulrike Lunacek (Verts/ALE), tou(te)s vice-président(e)s. Le groupe est "maintenant plus que jamais inter-partis, pro-dialogue, international, pro-démocratie et l'initiative est pro-européenne", a expliqué Anna Maria Corazza Bildt après la constitution de ce bureau.
Le but de la "Single Seat Campaign" est de "mettre fin aux interminables déplacements" entrée Bruxelles et Strasbourg qualifiés "de chers et d’inefficaces". Le nouveau bureau a salué le rapport publié en juillet 2014 par la Cour des Comptes de l’UE qui analyse les économies potentielles que représenterait, pour le budget de l'UE, une centralisation des activités du Parlement européen à Bruxelles.
La Cour des comptes avait estimé qu'un déménagement de Strasbourg à Bruxelles pourrait générer d'importantes économies et qu'un déménagement de Luxembourg à Bruxelles pourrait se traduire par une économie supplémentaire marginale. Un déménagement du secrétariat général du Parlement de Luxembourg à Bruxelles se traduirait par une économie annuelle de 13 millions d'euros, mais aussi une charge exceptionnelle de 220 millions d'euros, en cas d'achat d'espaces de bureaux à Bruxelles pour accueillir les agents déplacés. La location de bureaux à Bruxelles, autre hypothèse, entraînerait une charge annuelle supplémentaire de 16 millions d'euros, mais s'accompagnerait d'un bénéfice exceptionnel de 476 millions d'euros en cas de vente des locaux à Luxembourg. Un déménagement de Strasbourg à Bruxelles permettrait une économie récurrente annuelle de 113,8 millions d'euros, à majorer d'une économie exceptionnelle de 616 millions d'euros si les bâtiments de Strasbourg étaient vendus, ou réduite à 93,8 millions d’euros, s’ils n’étaient pas vendus.
Pour le bureau de la "Single Seat Campaign", ce rapport est "une confirmation forte" de ses thèses par "une source indépendante, crédible et experte". Anna Maria Corazza Bildt est d’avis que ce rapport et le vote sur le budget avec son amendement donnent "une nouvelle impulsion" à la campagne et qu’elle est soutenue par les citoyens qui demandent aux députés de "travailler de manière plus efficace".
"Notre objectif est d'utiliser notre droit d'initiative pour modifier les traités européens, pour que le Parlement se prononce sur son siège", a-t-elle précisé, estimant qu’il "ne s’agit pas là d’une mission impossible". Elle a aussi tenu à préciser qu'il ne s'agissait "pas d'une campagne contre Strasbourg", mais contre "le gaspillage" et pour "l'efficacité"
Pour rappel : dans la question du siège unique, le Parlement européen veut avoir recours à son nouveau droit d’initiative pour entamer une procédure de révision ordinaire du traité européen selon l’art. 48 TUE et estime que le Conseil européen pourrait trancher la question de cette procédure à la majorité simple au Conseil européen, et non à l’unanimité. Cela voudrait dire que la question pourrait être tranchée sans les voix de la France et du Luxembourg, opposés à la disparition du siège de Strasbourg, attribué à la France par les traités européens.
L’eurodéputée française Anne Sander (PPE) a réagi en déclarant qu'il y avait "déjà un seul et unique siège du Parlement européen, celui de Strasbourg". Rappelant les initiatives qui se sont multipliées contre Strasbourg au sein du Parlement européen elle appelle la France "à réagir et défendre le siège historique du Parlement".