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Environnement - Santé
La pollution de l’air reste trop élevée en Europe et constitue le principal risque environnemental pour la santé humaine, constate l’Agence européenne de l’Environnement dans l’édition 2014 de son rapport sur la qualité de l’air
19-11-2014


Quasiment tous les habitants des zones urbaines d’Europe sont exposés à des niveaux de pollution jugés dangereux par l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). C’est ce qu’indique l’Agence européenne pour l’Environnement (AEE ou EEA) dans l’édition 2014 de son rapport sur la qualité de l’air publié le 19 novembre 2014. Pour certains polluants atmosphériques, c’est plus de 95 % de la population urbaine européenne qui est exposée à des niveaux de pollution dangereux pour la santé.L'Agence européenne pour l'Environnement a publié son rapport 2014 sur la qualité de l'air le 19 novembre 2014

"La pollution atmosphérique est toujours élevée en Europe, avec un coût très lourd, pour nos écosystèmes, pour notre économie, pour la productivité des travailleurs en Europe et - plus grave encore - pour la santé publique", a mis en garde Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l'AEE.

L’AEE met l’accent sur les risques sanitaires provoqués par la pollution de l’air

Le rapport annuel sur la qualité de l’air recueille les données collectées à travers l’Europe de 2003 à 2012. Il se base aussi sur les recherches scientifiques les plus récentes, dont il ressort que les polluants atmosphériques nuisent encore plus que ce que l’on pensait jusque-là. Si les effets de la pollution sur les maladies respiratoires ou les maladies cardiaques sont bien connus, de nouvelles études montrent que la pollution de l’air peut aussi affecter la santé d’autres façons, allant du développement fœtal à des maladies apparaissant plus tardivement. L’AEE souligne aussi que si les expositions à long terme causent la plupart des problèmes de santé dus à la pollution de l’air, des épisodes de pollution à court terme peuvent aussi être très dangereux.

La pollution de l’air reste ainsi le principal risque sanitaire environnemental, pointe l’AEE.

Les particules de matière (PM) constituent le risque sanitaire le plus grave lié à la pollution atmosphérique dans l'UE. PM est le terme générique utilisé pour désigner un mélange de particules (solides et liquides) en suspension dans l'air qui présentent une large gamme de tailles et de compositions chimiques.

Ces particules fines peuvent pénétrer profondément dans les poumons et, selon l’AEE, une longue exposition aux PM serait responsable de la grande majorité des décès prématurés causés par la pollution en Europe en 2011 : l’AEE évalue à 430 000 le nombre de décès prématurés causés par une exposition à long terme dans l’UE en 2011. Au Luxembourg, le nombre de décès prématurés causés par une longue exposition aux particules de matière en 2011 est estimé à 284 dans le rapport de l’AEE.

21 % de la population urbaine de l’UE vivrait dans des zones où la limite journalière établie par l’UE aurait été dépassé en 2012 pour les PM. Mais si l’on tient compte des niveaux fixés par l’OMS, plus stricts, l’exposition à des valeurs dépassant ces seuils a atteint en 2012 64 à 92 % de la population urbaine de l’UE selon le type de particules fines.

Au Luxembourg, les émissions de particules de matière restent relativement basses et ont tendance à décliner depuis le début de la crise. Elles proviennent du transport routier (59 %) et de la consommation d’énergie hors transport (39 %). La population urbaine du Luxembourg n’était donc pas exposée à des émissions dépassant les valeurs de référence de l’UE en 2012, et ce alors qu’elle était dépassée dans 21 Etats membres.

Deuxième polluant incriminé pour ses effets sanitaires, l’ozone (O3), qui cause surtout des problèmes respiratoires et qui aurait causé un nombre significatif de décès lors de pics de courte durée : l’AEE évalue à 16 160 le nombre de décès prématurés liés à une exposition à court terme dans l’UE en 2011, dont 10 au Luxembourg.  

Selon l’AEE, 14 % de la population urbaine de l’UE vivait en 2012 dans des zones où la concentration d’ozone dépasse le seuil de protection de la santé humaine fixé par l’UE. Mais 98 % de la population urbaine de l’UE était exposée à des niveaux d’ozone dépassant les normes plus strictes établies par l’OMS.

Si la plupart des polluants atmosphériques ont décliné tout au long de la dernière décennie, la présence de dioxyde d’azote (NO2) n’est pas tombée aussi vite qu’escompté, ce que l’AEE explique en partie du fait que les véhicules diesel sont une importante source de dioxyde d’azote et que les standards d’émission n’ont pas toujours conduit aux réductions anticipées.

 8 % de la population urbaine vivait en 2012 dans des zones où les taux limites établis par l’UE et l’OMS ont été dépassés. Au Luxembourg, en 2010 et 2011, 9,1 % de la population urbaine était exposée à des taux de NO2 dépassant les valeurs de référence de l’UE. Selon le rapport de l’AEE, ce n’était plus le cas en 2012, où le taux d’exposition à ce polluant est évalué à 0.

Le polluant qui a connu la plus forte hausse au cours de la dernière décennie est le benzo(a)pyrène (BaP) : les concentrations de ce polluant ont augmenté de 21 % entre 2003 et 2012 du fait de l’augmentation de l’utilisation de bois et de biomasse pour le chauffage. En 2012, 25 % de la population urbaine a été exposée à des taux de BaP supérieurs aux valeurs cibles fixés par l’UE, tandis que 88 % de la population urbaine de l’UE était exposée à des concentrations en BaP dépassant les taux de référence fixés par l’OMS.

L’AEE relève aussi l’impact significatif de la pollution de l’air sur la végétation et les écosystèmes

L’AEE met aussi l’accent sur l’impact significatif de ces polluants sur les plantes et les écosystèmes. Si les problèmes d’eutrophication ou d’acidification ont ralenti ces dernières années, ils restent très répandus.

Les écosystèmes européens sont surtout soumis à des risques liés à l’exposition à l’ozone (O3) et à l’ammoniac (NH3). Ce sont surtout l’ammoniac émis par les activités agricoles et l’oxyde d’azote (NOX) émis par les processus de combustion qui sont devenus les polluants atmosphériques provoquant acidification et eutrophication.

Au Luxembourg l’oxyde d’azote, qui peut par ailleurs avoir des conséquences sur la santé, et notamment sur le foie, la rate, les poumons et le sang, dépasse très largement les taux limites fixés par la directive fixant des plafonds nationaux, malgré une baisse par rapport aux pics atteints en 2005 et 2006. Le transport routier est responsable de 76 % des émissions d’oxyde d’azote au Luxembourg.

Pour ce qui est de l’ammoniac, émis à 95 % par les activités agricoles, les chiffres sont juste en-dessous du taux limite au Luxembourg, avec une légère baisse en 2012.

L’ozone est considéré comme le polluant atmosphérique le plus préjudiciable pour la végétation, avec des effets sur la croissance des arbres, et de céréales comme le blé, le soja ou le riz. Selon le rapport de l’AEE, en 2011, 18 % des espaces agricoles des membres de l’AEE étaient exposés à des niveaux d’ozone bien au-dessus des de la valeur cible établie pour protéger les céréales. C’est en Italie et en Espagne que l’impact aura été le plus fort. L’objectif à long terme que s’est fixé l’UE pour réduire les émissions d’ozone de son agriculture a été dépassé de 87 % en 2012, alors que le niveau jugé critique pour la protection des forêts a été dépassé de 67 % sur l’ensemble des forêts et de 84 % dans les zones Natura 2000 en 2011.

Malgré les réductions d’émissions de métaux toxiques, une importante partie des écosystèmes de l’UE continuent de risquer une contamination, en particulier au mercure (Hg) et, dans une moindre mesure, au plomb (Pb), pointe encore l’AEE dans son rapport.