A l’occasion du débat d’orientation sur la compétitivité qui s’est tenu à la Chambre des députés le 10 décembre 2014, déi Lénk ont organisé une action publique visant à dénoncer les accords de libre-échange TTIP, CETA et TISA. Les militants de la Gauche ont ainsi manifesté devant la Chambre avec un cheval de Troie représentant les accords de libre-échange en négociation.
Ce fut notamment l’occasion de distribuer un tract critiquant des négociations menées "dans le plus grand secret" et "dans le seul intérêt des multinationales et de la finance". La crainte exprimée dans ce flyer est que ces accords vont aboutir à "une détérioration certaine de notre qualité de vie et de nos droits à l’autodétermination démocratique".
Les conséquences de ces accords seront "très lourdes", s’inquiètent les militants qui augurent que "la souveraineté populaire sera subordonnée aux intérêts de l’économie, nos protections sociales seront balayées, la santé des populations sera mise en danger et les mesures de protection de l’environnement et celles contre le réchauffement climatique deviendront impossibles à réaliser". Déi Lénk citent plusieurs exemples, dénonçant le système des cours d’arbitrage, la privatisation des services d’intérêts généraux, ou encore l’arrivée sur les étals européens de viande aux hormones et d’aliments génétiquement modifiés. "Les multinationales de l’énergie pourront porter plainte et s’octroyer ainsi le droit d’exploiter le gaz de schiste", affirment encore déi Lénk dans ce tract.
C’est d’ailleurs ce dernier sujet, pour le moins controversé, que le parti a choisi de porter en plénière en déposant le même jour une motion à propos des carburants dérivés du sable bitumineux et du gaz de schiste. Ces deux ressources sont extraites aux Etats-Unis et au Canada et déi Lénk craignent que, "si un seul des traités CETA ou TTIP aboutit, il ouvrira grand la porte aux importations de carburants à base de ces combustibles fossiles extrêmement intensifs en gaz à effets de serre et rendra ainsi les mesures de protection de l'environnement et les politiques de lutte contre le réchauffement climatique impossibles à réaliser".
La motion déposée par déi Lénk, qui a été renvoyée en commission à l’occasion du débat sur la compétitivité, pointe la proposition de directive déposée par la Commission le 6 octobre dernier et qui vise à réduire la teneur en carbone des carburants destinés aux transports.
Ce texte établit des méthodes de calcul concernant la qualité de l’essence et des carburants diesel afin de mettre en œuvre les obligations inscrites dans la directive sur la qualité des carburants. Or, contrairement à une proposition d’octobre 2011 qui prévoyait une classification distincte pour le carburant dérivé des sables bitumineux en référence à une étude réalisée par l’université de Stanford en janvier 2011 qui révélait que les carburants issus de sables bitumineux contiennent un taux de C02 de 25 % supérieur à celle de carburants conventionnels, la Commission européenne à décider d’éliminer cette catégorie distincte dans sa nouvelle proposition.
Dans leur motion, les députés déi Lénk, Justin Turpel et Serge Urbany expliquent que la Commission a fait ce choix "suite aux pressions exercées par l’industrie pétrolière surtout du Canada et des Etats-Unis, entre autre dans le cadre des négociations CETA et TTIP".
Pour déi Lénk, cette nouvelle proposition, "en plus d’affaiblir le caractère écologique de la directive, met en danger les efforts en matière d’énergies renouvelables en les rendant moins compétitifs par rapport aux carburants dérivés du sable bitumineux". Aussi, les deux députés invitent-ils le gouvernement luxembourgeois à "intervenir au Conseil de l’UE de sorte à réintroduire une classification distincte pour les carburants dérivés (sables bitumineux, gaz de schistes,…) en fonction de leur teneur en CO2".