Le 1er décembre 2014, l’ancien Premier ministre polonais Donald Tusk a succédé à Herman Van Rompuy à la tête du Conseil européen, après que l’ancien Premier ministre belge a achevé le 30 novembre 2014 deux mandats successifs de deux ans et demi à la tête du Conseil européen. Cette succession se fait conformément à une décision qui avait été prise le 30 août 2014, lors du sommet du Conseil européen de Bruxelles. Donald Tusk vient ainsi compléter le trio représentatif de l’Union européenne (UE), aux côtés de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, et de Federica Morgherini, chef de la diplomatie européenne en tant que Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et de sécurité commune.

Donald Tusk, "un homme d’Etat pour l’Europe"

"Je viens ici avec un fort sens des priorités. En ces temps difficiles l'Europe doit retrouver le chemin du succès", a déclaré Donald Tusk sur son compte Twitter le 1er décembre 2014, jour de son investiture en tant que Président du Conseil européen. Il nomme quatre éléments qui lui sont essentiels. "Premièrement, protéger nos valeurs fondamentales, la liberté et la solidarité, contre les menaces à l'UE et à son unité, qu’elles soient internes ou externes. Deuxièmement, nous devons être déterminés à mettre fin à la crise économique. Il est de notre responsabilité de compléter la mise en place d’une véritable Union économique et monétaire. Troisièmement, l'Union européenne doit être forte à l'échelle internationale. L'Europe doit sécuriser ses frontières, et soutenir les pays voisins qui partagent ses valeurs. Quatrièmement, les relations entre l'Europe et les Etats-Unis sont l'épine dorsale de la communauté des démocraties. L'année à venir sera cruciale", a indiqué l’ancien Premier ministre polonais.

Né le 22 avril 1957 à Gdańsk, Donald Tusk a été Premier ministre polonais entre 2007 et 2014. Ses deux mandats à la tête du pays ont été marqués par une politique de réformes libérales et par une attitude fortement pro-européenne. Il a été cofondateur et président de la Plate-forme civique, un parti libéral-conservateur, démocrate-chrétien et pro-européen, généralement situé au centre-droit de l’échiquier politique polonais. Donald Tusk a également été vice-président du Sénat, de 1997 à 2001, puis de la Diète, entre 2001 et 2005. Membre du mouvement Solidarité qui a fait tomber le système communiste en Pologne en 1989, cet ancien fidèle de Lech Walesa est un Européen convaincu.

C'est la première fois qu'un homme politique polonais occupe une fonction internationale aussi élevée et reflète l’importance croissante des pays d’Europe centrale et de l’Est dans l’UE, 25 ans après la chute du mur. Avec les élargissements successifs de 2004, 2007 et 2013, le centre de gravité géographique, démographique et économique de l’UE s’est progressivement déplacé vers le centre et l’Est.

Le président sortant du Conseil de l’UE, Herman Van Rompuy, avait déclaré le 30 août 2014 que Donald Tusk, en tant que Premier ministre polonais, "a impressionné ses collègues et le monde extérieur par la manière déterminée et confiante avec laquelle il a conduit le pays et la Pologne à travers la crise économique, réussissant à maintenir une croissance économique soutenue et à ne jamais tomber dans la récession". Par ailleurs, au Conseil européen, il était "profondément impliqué dans toutes les prises de décision difficiles des derniers mois et années – sur le front de l’euro mais aussi sur des crises internationales comme l’Ukraine", a expliqué Van Rompuy, avant de conclure que Donald Tusk "est un homme d'Etat pour l'Europe".

"Je viens d'un pays qui croit profondément à ce que signifie l'Europe", avait souligné Donald Tusk, "la situation autour de l'Europe a changé de manière considérable et nous avons besoin de personnes expérimentées".

La présidence de Herman Van Rompuy a été dominée par la crise

Dans une interview publiée sur le site du Parlement européen, le président sortant du Conseil européen Hermann Van Rompuy cite parmi ses triomphes "les efforts" que l’UE a fournis qui auraient réussi "à stabiliser la situation". "Imaginez si cela n’avait pas été le cas : nous n’aurions pas de stagnation, mais une dépression comme dans les années 30", a expliqué Hermann Van Rompuy, "nous avons réussi à éviter une vraie catastrophe grâce à un effort collectif des institutions et des États membres".

Pour lui, le climat fait aussi partie de ses plus grandes réussites. "Fin octobre, lors du sommet européen, nous avons obtenu un accord sur le climat qui prévoit la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport à 1990 d’ici 2030", a indiqué l’ancien Premier ministre belge, "nous avons atteint les objectifs précédents et sommes maintenant très ambitieux. Nous menons encore une fois mondialement sur cette question".

Pour mémoire, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE réunis en Conseil européen à Bruxelles sont parvenus le 23 octobre 2014 à un accord sur le cadre d’action en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030 qui fixe des objectifs en matière de lutte contre le changement climatique pour 2030.

Les prérogatives du Président du Conseil européen

Introduit par le Traité de Lisbonne, le poste de président du Conseil européen a été surtout créé pour donner plus de stabilité au Conseil européen, notamment dans ses tâches de représentation externe de l'UE.

Selon le Traité, "le Conseil européen élit son président à la majorité qualifiée pour une durée de deux ans et demi, renouvelable une fois."

C’est le chrétien-démocrate et ancien Premier ministre belge Hermann Van Rompuy qui a été le premier président du Conseil européen. Il a été choisi le 19 novembre 2009, et sa nomination a été officialisée avec l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne le 1er décembre 2009. Il devait initialement prendre ses fonctions le jour même mais a souhaité que la présidence suédoise aille à son terme. Il est donc entré réellement en fonction le 1er janvier 2010. Son premier mandat s’est terminé le 31 mai 2012 et il a été reconduit pour un second lors de la réunion du Conseil européen des 1er et 2 mars 2012. Son deuxième mandat a pris fin le 30 novembre 2014.

En ce qui concerne les fonctions du président du Conseil européen, le Traité de Lisbonne lui reconnaît deux grandes catégories de missions. Pour ce qui est de son rôle interne (au Conseil européen), il doit présider et animer les travaux de celui-ci, assurer la préparation et la continuité des travaux, œuvrer pour faciliter la cohésion et le consensus au sein du Conseil européen, et présenter au Parlement européen un rapport à la suite de chacune des réunions du Conseil européen. D’un autre côté, le Président du Conseil européen assure un rôle de représentation extérieure de l’UE "pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune, sans préjudice des attributions du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité."