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Développement et aide humanitaire
2015 Année européenne pour le développement - Charles Goerens souligne dans une série d’interviews et de prises de position l’importance de la politique d’aide au développement
03-01-2015


2015 est l'Année européenne pour le développement avec pour slogan "Notre monde, notre avenir, notre dignité". L’eurodéputé luxembourgeois et rapporteur de l’initiative, le libéral Charles Goerens, a entamé dans une série d’interviews et de prises de positions une campagne de sensibilisation en faveur de la politique d’aide au développement, notamment dans une interview donnée au Luxemburger Wort le 3 janvier 2015.

Le contexte

aide au développementDepuis 1983, l’Union européenne (UE) choisit chaque année un thème annuel spécifique pour sensibiliser les citoyens européens et les gouvernements nationaux sur un enjeu précis. Le 11 juillet 2014, la Commission européenne a proposé de faire de 2015 l’Année européenne du développement, et a été suivie en cela par le Parlement européen et les États membres.

L’objectif est de sensibiliser les citoyens à la contribution de l'UE dans la lutte contre la faim et pour l'éradication de la pauvreté dans le monde. C'est la première fois qu'une Année européenne porte sur la politique internationale de développement de l'UE.

2015 est également l'année-butoir pour la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), convenus entre 189 Etats à New York en septembre 2000, et de l'année au cours de laquelle de nouveaux objectifs du développement durable pour l’après 2015 devront être rédigés et qui sont censés prendre le relais des Objectifs du millénaire pour le Développement de l’an 2000 (OMD). Deux grandes conférences sont prévues pendant la présidence luxembourgeoise : la première portera en juillet à Addis Abeba sur le financement du développement, et le sommet à New York en septembre abordera l’adoption du cadre pour les objectifs du développement durable pour l’après-2015.

La cérémonie de lancement de l’Année européenne du développement aura lieu à Riga, en Lettonie, le 9 janvier 2015, et une autre cérémonie aura lieu le 14 janvier à Luxembourg.

Selon l’eurodéputé, le bilan des objectifs du millénaire est décevant

"Je crois qu’il est temps de thématiser la dimension ‘coopération au développement’ de la politique extérieure de l’UE", avait souligné Charles Goerens le 18 décembre 2014 dans une interview auprès de ‘Toute l’Europe’.

Charles Goerens s’est montré dans son intervie parue dans le Wort du 5 janvier peu satisfait du bilan des objectifs du millénaire. "Ils ont déjà conduit à des progrès considérables, comme dans le cas de l'approvisionnement en eau potable ou dans la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose". Mais selon lui, la baisse de la mortalité maternelle et la réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans sont en retard sur les objectifs fixés, même si certains progrès dans ces domaines ne sont pas négligeables. Charles Goerens se pose en outre la question de la pérennité de ces réalisations. "Sachant que beaucoup a été accompli à travers l’utilisation accrue des fonds et des capacités des pays riches, on ne peut qu'espérer que les pays en développement arrivent à moyen et à long terme progressivement à se débarrasser de ce genre de dépendance", a dit Charles Goerens.

Parfaire la gouvernance européenne pour une meilleure coopération au développement

Charles Goerens a laissé entendre qu’il juge utile de parfaire la gouvernance européenne en matière de développement. "À mon avis, la coordination entre la Commission et les États membres doit être bien structurée et s’appuyer sur des résultats vérifiables". Le député libéral estime en outre qu’il serait utile de créer un Think Thank européen qui s’occupe de manière indépendante du développement. "L'Union européenne devrait être à la hauteur de sa vocation de premier acteur du développement", a ajouté Charles Goerens. "Cela présuppose qu’elle soit cohérente et parle d'une seule voix dans les forums internationaux, et en 2015, l'année des grandes conférences, ce serait très utile", a-t-il dit, en faisant référence à la conférence sur le financement du développement en juillet 2015 à Addis Abeba et le sommet à New York en septembre 2015, pour lesquelles l’Année européenne du développement serait une opportunité.

Selon lui, le Parlement européen sera l’un des protagonistes de l’Année européenne du développement. "Nous allons être présents partout où on le demande, notamment auprès des parlements nationaux avec qui nous travaillons ensemble", a-t-il signalé. "En 2015, les parlementaires de l'UE devront agir comme des ambassadeurs de la politique de développement de l'UE", notamment "en conduisant avec tous les citoyens un dialogue ouvert", a dit Charles Goerens.

Nombreux sont les pays riches qui ne maintiennent pas leurs engagements

Dans un interview sur RTL du 30 décembre 2014, Charles Goerens regrette le fait que ce ne soient pas uniquement les pays d'Europe du Sud, en difficulté financière, qui ont du mal à maintenir l'objectif de l'UE de 0,7 % du PIB en aide au développement. "Outre les 4 bons élèves, à savoir le Danemark, la Suède, le Luxembourg et les Pays-Bas, qui ont déjà dépassé la ligne de 0,7 pour cent, actuellement, seul le Royaume-Uni tend vers cet objectif", a-t-il regretté, "Non seulement les pays en crise de l'Europe méridionale, mais aussi l'Allemagne […] a du mal à respecter ses engagements", a-t-il ajouté dans son interview au Wort.

Selon l’eurodéputé du DP, la réticence des pays riches à l'aide au développement n’est pas uniquement liée à des aspects financiers. Cela relèverait aussi de la culture politique du pays et de sa capacité de parvenir à un consensus dans la population, d’où l’importance de sensibiliser les citoyens.

Or, sur RTL, il indique qu’il est temps que les Etats de l’UE réalisent "la grande utilité de la coopération au développement", et selon lui, l’Année européenne du développement devrait y contribuer.

Réformer les critères d’accès à l’aide au développement

Dans son intervention sur RTL, Charles Goerens a indiqué qu’il regrette que l’UE, "en tant que partenaire institutionnel des pays en développement, doit se limiter à faire ce que les partenaires demandent et acceptent". C’est pourquoi il estime qu’une réforme des critères d’accès à l’aide est nécessaire, qui garantisse des critères clairs pour les aides européennes, et privilégie les Etats qui ont le plus besoin d’aide. Néanmoins, l’engagement de l’UE en faveur du développement des pays les plus pauvres serait compliqué par la concurrence de l’Inde et la Chine "qui n’imposent presque pas de conditionnalités". Pour mémoire : un pays en voie de développement qui veut pouvoir bénéficier d’un appui budgétaire, doit par exemple attester de son engagement en faveur des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit, et satisfaire à des critères stricts, notamment en matière de gestion des finances publiques.

Pour Charles Goerens, le Luxembourg doit poursuivre sa politique actuelle d’aide au développement

Face aux résistances de ceux qui estiment que l’aide luxembourgeoise est trop importante, par exemple l’ADR, Charles Goerens souligne l’importance pour le Luxembourg de poursuivre sa politique actuelle d’aide au développement qui place le pays parmi les plus grands contributeurs européens. "L'histoire de notre pays témoigne du fait que nous aussi, nous avons été dépendants de l'aide des autres", a-t-il souligné dans le Wort. "J’espère que l'Année européenne du développement sera l'occasion de convaincre les plus sceptiques", a dit l’eurodéputé.

Charles Goerens regrette par ailleurs que l'engagement du Luxembourg en matière de coopération au développement ne soit pas pris en compte par les Européens. "Si la contribution luxembourgeoise s’appelait ‘Development Leaks’, l’opinion publique serait sans doute mieux informée sur l’engagement du pays en matière de développement", a indiqué l’eurodéputé, un rien polémique.