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Economie, finances et monnaie
A quelques jours de l’échéance du 20 février donnée par l’Eurogroupe à la Grèce, des sources concordantes grecques annoncent qu’Athènes veut demander une extension du programme d’aide "de quelques mois"
18-02-2015


Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis au Conseil Ecofin du 17 février 2015 (Source : Conseil)En marge du Conseil ECOFIN du 17 février 2015, les ministres des Finances de l’UE ont réitéré leur appel à la Grèce, formulé déjà à l’Eurogroupe de la veille, de demander jusqu’à vendredi, 20 février l’extension du programme d’aide international qui expire le 28 février. Un appel qui avait été formulé la veille lors d’une deuxième réunion de l’Eurogroupe. Si la Grèce ne figurait pas à l’ordre du jour de ce Conseil, le dossier était "dans la tête de tout le monde", a confié le ministre des Finances luxembourgeois Pierre Gramegna, à l’issue du Conseil.

Cet appel semble avoir porté ses fruits puisque le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a déclaré le soir du 17 février à la télévision allemande ZDF que le gouvernement grec allait demander une extension du programme "de quelques mois" pour avoir assez de stabilité afin de négocier un nouvel accord entre la Grèce et l'Europe. Une source gouvernementale grecque a confirmé selon une information diffusée par l’AFP le 18 février que le gouvernement grec déposera sa demande d'extension du "financement" européen le 19 février, et qu’il continue de la distinguer clairement du programme d'aide imposé à la Grèce, comprenant des mesures d'austérité très rigoureuses.

"Il n'y a absolument aucune perspective que nous demandions, dans aucun cas, une extension du mémorandum", a réaffirmé le 18 février à la radio le ministre d'Etat Nikos Pappas, selon l’AFP. Depuis 2010, le mémorandum fixe les conditions d'économie budgétaire imposées à la Grèce en échange d'un soutien financier international. Le gouvernement allemand a aussitôt rappelé qu'une extension de l'aide à la Grèce était "indissociable" de la réalisation des réformes. "Il n'est pas acceptable et il ne sera pas accepté qu'on se lance dans une extension sans mise en œuvre des réformes convenues, les deux choses sont indissociables", a déclaré Martin Jäger, porte-parole de Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand, lors d'une conférence de presse à Berlin, rapporte l’AFP.

La télévision publique grecque Nerit avait évoqué la veille une extension de six mois de l'accord de financement, qui pourra prendre la forme d'un programme intermédiaire, indique l’AFP. Pour cette extension, il y aura "évidemment trois ou quatre conditions", a ajouté Varoufakis au micro de la ZDF, sans autre précision. Selon Nerit et d'autres médias grecs, "les autorités grecques s'engageraient pendant cette période de six mois à s'abstenir d'une action unilatérale, et à œuvrer avec leurs partenaires européens et internationaux" en faveur de l'assainissement de l'économie. Une réunion de hauts fonctionnaires de la zone euro, un Euro Working Group, se tiendra le 19 février pour examiner la demande grecque, qui doit en premier lieu être envoyée au président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a indiqué une source européenne à l’AFP.

Le commissaire Valdis Dombrovskis s’alarme des "tendances préoccupantes" concernant l’économie grecque

"Nous devons d'abord voir le document de la Grèce et ce qu'elle demande. C'est seulement à ce moment-là que nous serons en mesure de faire des commentaires", a jugé le 18 février Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission en charge de l'Euro, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. "L’extension du programme d’aide actuel est le meilleur scenario et le chemin le plus réaliste pour la Grèce et pour l’Europe", a-t-il dit, en soulignant que la Grèce doit respecter ses engagements, mais qu’elle pourra profiter d’une certaine flexibilité, notamment le remplacement de certaines mesures par d’autres ayant une "valeur budgétaire équivalente".

"Tout dépend de ce que veut dire programme de financement. Il y a différentes interprétations", a souligné Valdis Dombrovskis. "Cela va dépendre exactement du sens et de la substance qui seront mis dans la formulation utilisée", a-t-il insisté. "Une extension est importante pour libérer les fonds (qui restent à verser) et donner plus de temps pour les négociations entre la Grèce et la zone euro", a-t-il rappelé. La situation économique et financière en Grèce "ne s’améliore pas", a-t-il mis en garde, évoquant des "tendances préoccupantes".

Les réactions de Wolfgang Schäuble

Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, un des principaux protagonistes du débat, a jugé pour sa part que le gouvernement grec n'avait jusqu'ici pas fourni "le moindre début de réponse" sur comment il comptait sortir la Grèce de ses problèmes, et que cela n'allait donc "absolument pas". "Se contenter de dire, ‘nous avons maintenant besoin de plus d'argent et nous ne faisons plus rien du tout en insultant les autres, cela ne va pas du tout’", a-t-il ajouté, lors d’une interview à la télévision publique allemande ARD le 17 février.

Ce qui pose problème n’est pas la prolongation de programmes de crédits, mais de savoir si la Grèce respectera ses engagements par rapport au programme, a-t-il encore dit à la ZDF le 17 février. La Grèce voudrait avoir plus de crédits, mais sans vouloir accepter les conditions "nécessaires pour sa reprise économique", a-t-il déclaré. "L’objectif n’est pas d’imposer quelque chose à la Grèce, mais de "l’aider à s’aider elle-même pour que les créanciers aient de nouveau confiance", a-t-il estimé. Alors que la Grèce était " sur la bonne voie", les nouvelles autorités feraient de "fausses promesses", en insinuant que c’était la faute aux autres, a-t-il dénoncé. Lors d’une conférence de presse à l’issue de l’ECOFIN, il a déclaré que "personne n’a encore compris ce que la Grèce veut" et que, "le 28 février à 24 heures, c’est fini", une allusion à l’échéance du programme d’aide. Il a insisté sur le fait que des Etats membres avec un niveau de vie plus bas que celui de la Grèce se sont montrés solidaires.

Pierre Gramegna évoque une "volonté de compromis"

Le ministre des Finances luxembourgeois Pierre Gramegna a souligné lors d’une conférence de presse le 17 février qu’il y a eu beaucoup de "déceptions" et des déclarations "très générales". "L’absence de données chiffrées rend discussion très difficile", a-t-il estimé, ajoutant que l’extension du programme d’aide était la seule "solution existante" pour trouver des financements à court terme. Selon lui, il y aurait un "accord de principe" entre la Grèce et l’Eurogroupe pour "distinguer entre le court et le long terme". Il a expliqué que les deux réunions de l’Eurogroupe ont servi à "expliquer à Grèce qu’il est important de rester dans un cadre connu pour le court terme". Il a souligné qu’il n’était "pas acceptable pour la zone euro que la Grèce change unilatéralement les conditions" du programme d’aide.

Le mot "flexibilité" aurait été évoqué à plusieurs reprises, même par le ministre grec des Finances, ce qui prouverait qu’il existe une "volonté de compromis", a jugé le ministre à l’issue du Conseil. La Grèce doit comprendre qu’une prolongation du programme est indispensable, si elle veut des financements supplémentaires, a-t-il ajouté.

Confusion autour d’une proposition retirée

En référence au document que le ministre grec aurait été prêt de signer, Pierre Gramegna a nié le connaître lors de sa conférence de presse du 17 février : "Monsieur Varoufakis a dit dans sa conférence de presse être prêt à signer un projet de communiqué que personne n’a vue et qui n’a ni été distribué ni déposé. Très peu de personnes savent ce qui est dans ce texte", a-t-il expliqué, évoquant un "décalage entre la communication du ministre grec et ce qui a été dit dans l’Eurogroupe".

En revanche, selon l’agence DPA, le ministère des Finances grec aurait publié le discours qu’a tenu Yanis Varoufakis lors de l’Eurogroupe ainsi qu’une proposition faite à la Grèce par Pierre Moscovici, commissaire européen chargé des Affaires économiques et Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe. Les documents sont disponibles sur le site de l’hebdomadaire grec To Vima, qui relie la publication de la prétendue proposition par un journaliste britannique. Selon l’article de To Vima, le ministre grec aurait été prêt à signer ce document, mais celui-ci aurait ensuite été retiré de la discussion. L’agence Reuters avait également publié le 16 février cette proposition.