À l’occasion de la Journée internationale de la femme du 8 mars 2015, Eurostat a publié des une sélection de données sur la situation des hommes et des femmes sur le marché du travail en 2013 tandis que la Commission européenne a publié son rapport 2014 sur l’égalité entre les hommes et les femmes et un large communiqué dédié au sujet.
Les statistiques donnent un aperçu des inégalités en matière d’emploi : le taux d'emploi à temps plein des hommes dans l'UE est de 71,9 %, alors que celui des femmes n'est que de 53,7 %. L'écart salarial est de 16,4 % - un chiffre qui a même augmenté de 0,3 points depuis 2010 et qui atteint près de 30 % dans certains Etats membres. Si l’écart entre la rémunération est important, l’écart entre les pensions l’est encore plus avec 39 % en 2012 (+ 1 point par rapport à 2008) : Dans son rapport, la Commission explique cet écart par des revenus moins important, une part plus élevée du temps partiel des femmes et des carrières "interrompues". En effet, près d’un tiers des femmes travaillent en temps partiel, contre seulement 8 % des hommes.
"Les femmes sont plus susceptibles d’interrompre leur carrière pour s’occuper des autres – des enfants, de leur mari malade ou de leurs parents", a déclaré Vera Jourova, commissaire européenne chargée de l'Égalité des genres, lors d’une conférence de presse au Parlement européen le 5 mars 2015. "40 % de moins, c’est la récompense de la société pour les femmes qui se sont occupées des autres", a commenté non sans amertume Vera Jourova l’écart des pensions. "Il faut par conséquence discuter sur la féminisation de la pauvreté", a-t-elle affirmé.
Elle a indiqué sa ferme intention de continuer à travailler sur la directive congé maternité, qu'elle souhaite "essayer de faire adopter" avant la fin du délai de six mois prévu dans le programme de travail de la Commission. Pour rappel, ce dossier est bloqué depuis 2008 et risque d’être retiré par la Commission dans le cadre de son programme d'allégement administratif, le programme REFIT. Le Parlement européen souhaite porter le congé maternité de 14 à 20 semaines, ce à quoi est opposé le Conseil, tandis que la Commission avait proposé 18 semaines.
Vera Jourova a aussi souligné l'importance du projet de directive "women on board", qui vise un quota de 40 % de femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises. Leur part a augmenté pour arriver à 20,2 % en octobre 2014, contre 18,6 % en avril 2014. La France arrive en tête avec 32,4 % de femmes, suivie de la Lettonie (37, 7 %) et de la Finlande (29 %). Avec 11,7 %, le Luxembourg est en dessous de la moyenne européenne, tandis que l’Allemagne se classe sixième avec 24,4 %.
Vera Jourova a indiqué qu’une nouvelle stratégie sur l'égalité des genres est en cours de préparation qui devrait être prête en mai (la précédente étant établie de 2010 à 2015). "Il faut augmenter la confidence des femmes en elles-mêmes car elles ont la tendance à se sous-estimer", a-t-elle encore dit. Elle a appelé à lutter encore plus contre la violence contre les femmes, dont un tiers se dit avoir été victime. Elle a également évoqué un demi-million de femmes ayant souffert une mutilation génitale en Europe. "Pour moi, qui est nouvelle dans ce domaine, ce sont des chiffres-choc", a-t-elle avoué, évoquant un "problème sérieux" qu’il faut combattre avec des législations existantes.
La Commission a par ailleurs publié un Eurobaromètre conduit fin 2014, selon lequel 76 % des citoyens de l’UE estiment que la lutte contre les inégalités devrait être une priorité de l’UE.
Concernant le Luxembourg, l’Eurobaromètre relève que les Luxembourgeois ont une attitude plutôt progressiste par rapport à la moyenne européenne : ils sont 71 % à penser que les hommes devraient travailler davantage dans les crèches (57 % dans l’UE) et seulement 36 % à affirmer que les hommes sont moins compétents que les femmes pour faire le ménage (50 % dans l’UE). Seulement 18 % des Luxembourgeois estiment qu’un père devrait privilégier la carrière plutôt que de s’occuper de son enfant (29 % dans l’UE). En revanche, 68 % des Luxembourgeois pensent que la vie en famille souffre, si la mère travaille en plein temps (60 % dans l’UE).
Seulement la moitié des Luxembourgeois pensent que les inégalités sont encore répandues au Luxembourg. Quant aux domaines dans lesquels il faudrait agir au plus vite, les Luxembourgeois évoquent en première place la violence faite aux femmes (69 % contre 59 % dans l’UE) et l’écart salarial (67 % contre 53 % dans l’UE).
Si les femmes représentent 59 % des diplômés universitaires, elles ne sont que 46 % à avoir un doctorat, 33 % des chercheurs et seulement 11 % des directeurs des universités, note le rapport de la Commission qui constate que les inégalités entre hommes et femmes persistent dans le domaine de la science et de la recherche. Elle regrette que seulement 29 sur 1000 font leur diplôme dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), dont seulement quatre vont ensuite travailler dans ce secteur. Cette ségrétation dans l’éducation "renforce les stérétypes liés au genre" et une "sous-évaluation du travail des femmes", estime la Commission. Les femmes diplômées sont surreprésentées dans l’éducation (80 %), les scienes sociales et juridiques (62 %), la santé (75 %) ainsi que dans les sciences humaines et l’art (68 %), tandis qu’elles sont sous-représentées dans l’ingéniérie (27 %) et les sciences informatiques (40 %).
En novembre 2014, plus d’un quart (28 %) des députés dans les parlements nationaux étaient des femmes – une augmentation de 6 points par rapport à 2004. Quant aux membres des gouvernements nationaux, la part des femmes étaient également de 28 %. Le seul Etat membre à atteindre une participation de 50 % de femmes au gouvernement est la Finlande, suivie de la France (40 %) et de l’Estonie (37 %). Les femmes représentent plus de 40 % des députés en Espagne, Finlande et Suède, tandis qu’elles sont sous-représentées en Hongrie, à Malte, en Roumanie et à Chypres (moins de 20 % pour les deux institutions). Au Luxembourg, 28 % des députés (17 sur 60) et des ministres (5 sur 18) sont des femmes.
En 2013, le taux d'emploi pour les femmes était de 63 %, contre 74 % des hommes, selon Eurostat.
Près d’un tiers des femmes (31,8 %) travaillait à temps partiel, contre seulement 8 % des hommes.
C’est à Malte que l’écart est le plus important : seulement la moitié des femmes travaillent (50 %), contre 79 % des hommes – un écart de presque 30 %. L’écart est également important en Italie (20 points) et en Grèce (19 points). En revanche, les hommes et les femmes ont un taux d’emploi presque égal en Lituanie, en Finlande, en Lettonie et en Suède. Au Luxembourg, 78 % des hommes travaillent contre 64 % des femmes (un écart de 14 points).
L’inactivité est particulièrement forte auprès des jeunes femmes âgées de 15 à 29 ans qui ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation (on les désigne par l’acronyme anglais "NEET") : 11 % des femmes de ce groupe d’âge était sans activité (contre 5 % des hommes) et 7 % au chômage (contre 9 %) des hommes en 2013. Ainsi, presque une jeune femme sur cinq (18 %) est sans activité ou emploi, contre 14 % des hommes.
Eurostat met en avant que les États membres avec les taux d’emploi des femmes les plus élevés étaient aussi ceux qui avaient une proportion importante de femmes travaillant à temps partiel. Ainsi, la Suède, l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et l’Autriche ont tous un taux d’emploi des femmes supérieur à 70 % et une proportion de femmes travaillant à temps partiel largement supérieure à 30 %.
En Allemagne, presque la moitié des femmes (47 %) travaillaient à temps partiel, contre 8,8 % des hommes. Au Luxembourg, cette relation est de 36 % contre 4,7 %. Aux Pays-Bas, le temps partiel des femmes est le plus élevé des Etats membres, avec trois quarts de femmes (contre 22 % des hommes), suivis de l’Allemagne (47 %), de l’Autriche (46 %), de la Belgique (42 %) et du Royaume-Uni (40 %).
En Bulgarie, seulement 3 % des femmes occupent un emploi à temps partiel. Selon Eurostat, les exceptions notables sont par ailleurs la Finlande et l’Estonie, qui combinent un taux d’emploi des femmes élevé et une faible proportion de femmes travaillant à temps partiel.
En 2013, l’écart de rémunération entre hommes et femmes s’élevait à 16,4 % dans l’UE, selon Eurostat. L’écart variait de moins entre 3,2 % en Slovénie à 30 % en Estonie. Les écarts les plus élevés ont d’ailleurs été enregistrés en Autriche (23 %), en République tchèque (22 %) et en Allemagne (21,6 %). La France et la Belgique se situent en dessous de la moyenne européenne avec 15,2 % respectivement 9,8 %. Avec 8,6 %, le Luxembourg se situe à la sixième place derrière la Croatie, l’Italie, la Pologne, Malte et la Slovénie.
Si l’écart de rémunération entre hommes et femmes a diminué en 2013 dans la plupart des États membres de l’UE par rapport à 2008, il a néanmoins augmenté dans neuf Etats membres, notamment au Portugal (de 3,8 points de pourcentage) et en Espagne (+ 3 points). La moyenne européenne a baissé légèrement de 17,3 % à 16,4 %.
Bien que représentant 46 % des personnes occupées en 2013, les femmes ne représentaient qu’un tiers (33 %) des directeurs, cadres de direction et gérants. À l’inverse, elles représentaient environ les deux-tiers de tous les employés de type administratif (67 %) ainsi que du personnel des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs (64 %).
Eurostat note que les femmes étaient particulièrement sous-représentées parmi les cadres au Luxembourg (16 %), suivi de Chypre (19 %), des Pays-Bas et de la Croatie (25 % chacun). En revanche, leur proportion était très élevée en Hongrie (41 %), en Lettonie (44 %) et en Pologne (38 %).
Dans tous les États membres, les femmes étaient surreprésentées parmi les employés de type administratif, l’Irlande (80 %) et la République tchèque (79 %) affichant les plus fortes proportions de femmes dans ces professions.