Dans la foulée de la procédure ouverte pour des soupçons d’abus de position dominante le 15 avril 2015 par la Commission européenne contre Google en ce qui concerne le service de comparaison de prix et le système d’exploitation pour appareils mobiles Android, les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre. Les plus grands groupes politiques du Parlement européen et le Bureau européen des Unions de consommateurs (BEUC) donnent raison à la Commission d’intervenir contre Google.
L’eurodéputé Manfred Weber, président du groupe PPE au Parlement européen, indique dans un communiqué de presse du 15 avril, que le PPE "soutient pleinement la Commission européenne" dans ses démarches entreprises contre Google. "L'Europe doit aussi montrer ses dents contre les groupes de géants américains", a-t-il poursuivi. "Internet n’est pas le Far West - il y a des règles sur le web qui doivent également être respectées", a-t-il conclu.
"Cette décision est un signe clair que l’UE défend les principes de l'économie sociale de marché et de la concurrence équitable en Europe", a quant à lui souligné l’eurodéputé Andreas Schwab, porte-parole du groupe PPE sur la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs. "Dans le cadre du marché unique numérique, le droit de la concurrence de l’UE doit être utilisé pour établir un marché ouvert qui prévoit l'égalité des chances pour tous", a-t-il encore dit.
La porte-parole du groupe S&D pour le marché intérieur, Evelyne Gebhardt, indique quant à elle, dans un communiqué de presse diffusé par le groupe socialiste le 15 avril 2015, que la Commission "a raison" d'intervenir contre Google. "Cette entreprise n’est pas au-dessus des lois et ne doit pas avoir le droit d’ignorer les règles antitrust européennes", signale-t-elle. "En mettant en œuvre ces règles, la Commission européenne montre qu’elle défend les intérêts des concurrents et des start-up européens", a-t-elle poursuivi. "Gardienne des traités, la Commission européenne doit faire en sorte que les règles existantes soient appliquées à l’ensemble des opérateurs, pour garantir l’équité des règles de jeu", a-t-elle encore dit.
"Dans l’intérêt du consommateur, il faut empêcher la concentration excessive du marché ou l’abus de position dominante", indique de son côté l’eurodéputé Jörg Leichtfried, vice-président du groupe S&D responsable de la stratégie numérique.
L’eurodéputé Morten Messerschmidt (ECR) s’est félicité, dans un communiqué de presse diffusé par les conservateurs européens le 15 avril, du fait que la Commission européenne se soit "enfin réveillée", après avoir "longtemps dormi" sur le sujet. "L’ensemble de l'agenda numérique de l'UE ne sera pas crédible jusqu'à ce que cette question soit résolue", a-t-il souligné. "A présent, la Commission a montré ses dents, et elle doit maintenant travailler rapidement avec Google pour résoudre ce cas et créer un marché de la recherche Internet qui soit ouvert et équitable", a-t-il conclu.
Le président du groupe Verts/ALE, Philippe Lamberts estime qu’en abusant de sa position, "Google nuit à la fois aux fournisseurs de services européens et aux consommateurs – citoyens", selon ses propos repris dans un communiqué de presse diffusé par les Verts le 15 avril 2015. A ses yeux, le fait que ce soit la DG concurrence qui a rappelé à l'ordre le géant américain Microsoft "montre bien que l'Union européenne peut intervenir et changer la donne, y compris face à la toute-puissance des multinationales, quand elle a su mettre en place les instruments à la hauteur de ses ambitions politiques".
"Ce cas montre bien l'efficacité de l'action répressive de l'Union européenne dans le secteur économique", estime quant à elle l’eurodéputée Eva Joly, vice-présidente de la commission spéciale relative aux pratiques fiscales (dite commission "TAXE"). "Pourtant celle-ci arrive régulièrement trop tard pour les PME qui ne peuvent rivaliser dans la durée avec les multinationales", a-t-elle regretté. "La mondialisation nous oblige donc à élaborer simultanément, en amont, les instruments de régulation nécessaires à la "civilisation" des marchés", a conclu l’eurodéputée.
Dans un communiqué de presse diffusé le 15 avril 2015, le Bureau européen des Unions de consommateurs (BEUC), l’un des plaignants officiels dans cette enquête antitrust, s’est félicité de la communication des griefs adressée par la Commission européenne à Google.
"La Commission européenne doit faire respecter rigoureusement le ‘principe de non-discrimination’ pour permettre aux consommateurs européens d’obtenir des résultats corrects et objectifs lorsqu’ils effectuent des recherches en ligne", a déclaré Monique Goyens, directrice générale du BEUC. "Google doit appliquer à tous les services, y compris les siens, les mêmes algorithmes, ainsi que les mêmes principes de classement, présentation, sanction, et d’indexation.", a-t-elle poursuivi. Elle porte l’attention sur le fait que les moteurs de recherche jouent un rôle "capital" dans le marché numérique unique européen, et que "ce sont eux qui ouvrent aux consommateurs la porte vers l’information sur les produits et la comparaison des prix". Selon Monique Goyens, "avec son énorme part de marché, c’est en réalité Google qui décide quelles entreprises sont mises en évidence", ce qui restreint "l’accès, donc la concurrence et par conséquent le choix du consommateur", explique la directrice générale du BEUC.
"Cette affaire est cruciale non seulement pour réglementer les pratiques d’une entreprise individuelle mais aussi plus globalement pour fixer les règles claires du marché numérique unique européen pour tous les commerces en ligne", a-t-elle conclu.
Thomas Vinje, porte-parole de Fairsearch, un autre plaignant dans le dossier Google, a, pour sa part applaudi et estimé, dans un communiqué de presse diffusé le 15 avril, que la décision de la Commission était une étape "significative pour cesser les pratiques anti-compétitives de Google".