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Institutions européennes - Marché intérieur - Opinion
"Si la Commission Juncker réussit à mettre en place tout ce qu’elle a prévu, ceci renforcera le fait que l’Europe a un avenir", indique le vice-président de la Commission Jyrki Katainen devant les étudiants de l’Université du Luxembourg
27-04-2015


Le 27 avril 2015, le vice-président de la Commission européenne chargé de l’emploi, de la croissance, de l’investissement et de la compétitivité, Jyrki Katainen, s’est rendu à l’Université du Luxembourg, afin de s’exprimer sur "l’avenir de l’Europe".

"L’intégration européenne nous donne un pouvoir et une force que nous n’aurions pas si nous étions séparés", estime Jyrki Katainen

Jyrski devant les étudiants de l'Université du Luxembourg, le 27 avril 2015"Le programme Erasmus m’a permis de réaliser pour la première fois que notre continent est intégré", a indiqué Jyrki Katainen en guise d’introduction. L’intégration a selon lui donné une réelle plus-value au continent européen, par exemple à travers l’abolition des frontières européennes. "Au Luxembourg, vous savez mieux que tous ce que l’intégration européenne signifie", a-t-il indiqué. "Celle-ci s’est faite à travers le remplacement des Etats de droit par un seul Etat de droit, avec comme base les valeurs communes, le respect et la confiance mutuels", a précisé le vice-président de la Commission.

"En tant qu’Européens, nous avons traversé des moments de difficultés au cours des deux dernières années", a-t-il poursuivi. Ceux-ci ont selon lui été difficiles, "car nous n’étions pas préparés". A ses yeux, les Etats européens ont trop longtemps construit leur futur en négligeant leur dette publique. "Ce n’était pas soutenable, et une fois que le choc thermique s’est produit, nous avons eu des difficultés", a-t-il expliqué.

Ceci a selon lui produit comme résultat l’émergence de "mouvements populistes", qui estiment que l’Europe est coupable des hauts taux de chômage. "J’estime toutefois que l’intégration européenne nous donne un pouvoir et une force que nous n’aurions pas si nous étions séparés", a souligné Jyrki Katainen. A ses yeux, même sans intégration européenne, les Etats auraient dû faire face à des défis externes, notamment la crise économique, les turbulences en Afrique du Nord, ou la crise ukrainienne. "Je pense que ce n’est qu’avec plus d’intégration européenne que nous saurons répondre à tous ces défis", a signalé le vice-président de la Commission.

Pour lui, l’intégration signifie aussi "devoir rendre des comptes aux autres Etats membres" pour pouvoir "garantir le bien-être de toute l’Europe".

Les perspectives d’avenir de l’intégration européenne : Jyrki Katainen plaide pour une "intégration juste"

Pour ce qui est des perspectives d’avenir de l’intégration européenne, Jyrki Katainen a consacré une grande partie de son discours à expliquer son concept de "fair integration", ce qui veut dire "intégration juste", qu'il a décrit comme "l'intégration européenne qui profite à tous". Ce concept signifie que nous avons besoin de plus d’intégration, et en même temps, de plus de responsabilités nationales", a-t-il précisé. "‘Fair integration’ signifie que nous favorisons la libre circulation des forces de travail, mais que nous empêchons le dumping social ; que nous aidions d’autres pays à se développer, sans que nous devions financer un mode de vie européen ; que nous aidions les Etats membres qui ont de sérieuses difficultés, sans que nous mettions en place une union de transfert permanent", a-t-il expliqué.

Les domaines qui, à ses yeux, nécessitent une intégration européenne plus poussée sont le marché intérieur, notamment dans le domaine de l’économie numérique ; le secteur de l’énergie, qui doit selon lui être "harmonisé" ; et le secteur du marchés des capitaux, qui doit également être "harmonisé".

"Si nous nous servons de nos ressources communes, l’effet de levier est plus important que celui que permettraient les ressources nationales", a souligné le vice-président de la Commission, en évoquant le Plan Juncker, qui, selon lui, ne peut se substituer aux responsabilités nationales. "Les décideurs ne peuvent qu’influencer l'environnement économique, mais les plus grandes responsabilités se trouvent entre les mains des décideurs nationaux, qui doivent procéder à des réformes pour améliorer la compétitivité de leur pays", a-t-il encore dit.

"Mais l’Europe a aussi besoin d’une dimension sociale forte", a encore souligné Jyrki Katainen. "La Commission européenne n’a pas beaucoup de pouvoir en la matière, mais elle peut toutefois influencer les Etats membres", a-t-il précisé.

Pour ce qui est de la politique extérieure de l’UE, le vice-président de la Commission européenne plaide pour "une interconnexion plus poussée" en la matière. "Il faut que nous parlions davantage d’une seule voix, par exemple dans des sujets tels que l’Ukraine", a souligné le commissaire, avant de plaider aussi pour une coopération plus poussée en matière de défense.

Jyrki Katainen veut par ailleurs éviter de se positionner en fonction du concept de "fédéralisme" qui, à ses yeux, "soulève plus de questions qu'il ne donne de réponses". "Plutôt que de me battre pour des idées, je préfère être concret et pragmatique", a-t-il précisé. "À la fin de la journée, nous verrons si l’Europe est fédérale ou non" a-t-il dit.

Pour Jyrki Katainen, "être européen, c’est partager une histoire commune"

Drapeau de l'UEEn réponse à une question de savoir ce que cela signifie d’être européen, Jyrki Katainen a indiqué qu’ "être européen, c’est partager une histoire commune". "Mais c’est aussi partager une proximité culturelle", a-t-il poursuivi. Pour lui, un des atouts de l’UE réside dans le fait d’être "unie dans la diversité", faisant référence à la devise de l'Union européenne. "Il n’y a aucune région dans le monde où autant d’Etat membres ont décidé d’abandonner une part de leur souveraineté pour pouvoir ainsi avoir plus de souveraineté", s’est félicité le commissaire.

En guise de conclusion, Jyrki Katainen s’est félicité de "la manière dont Jean-Claude Juncker conduit la Commission européenne. "Les résultats sont très positifs", a-t-il dit. "Si la Commission Juncker réussit à mettre en place tout ce qu’elle a prévu de faire, ceci renforcera le fait que l’Europe a un avenir", a-t-il présagé.

Mais à ses yeux, ceci dépendra également du "leadership des Etats membres" dans leur manière de parler de l’avenir de l’Europe. Le vice-président rappelle dans ce contexte une phrase de l’ancien président de la commission, José Manuel Barroso, qui disait que "si l’on accuse l’Europe six jours par semaine, cela ne la rend pas positive le 7e jour".