Le 10 juin 2015, le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, Philip Hammond, a publié une tribune sur le site d’actualité européenne d'origine américaine "politico.eu" dans laquelle il dresse la liste des quatre domaines sur lesquels devra se concentrer la renégociation de la relation du Royaume-Uni avec l’UE : la croissance et l’emploi, l’intégration de la zone euro, la subsidiarité et le système de protection sociale.
A peine réélu avec une majorité absolue lors des élections législatives du 7 mai 2015, David Cameron, Premier Ministre du Royaume-Uni, avait réitéré sa promesse de longue date d’organiser un référendum sur la sortie ou le maintien de son pays dans l’UE avant la fin 2017, référendum qui serait précédé d’une renégociation des "termes de l'appartenance" de son pays au groupe des 28. Une promesse qui a depuis été confirmée par la reine Elizabeth le 27 mai 2015, à l'occasion de son traditionnel discours présentant les grandes lignes du programme législatif du nouvel exécutif devant le parlement de Westminster. Le projet de loi instituant le référendum a par ailleurs été adopté par parlement britannique le 9 juin 2015.
Dans l’introduction à sa tribune, Philip Hammond évoque le "besoin de rendre l’Europe plus démocratique et mieux équipée pour créer de la croissance et des emplois". Pour lui, "il ne fait pas de doute que l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE lui a apporté de réels avantages dans certains domaines", mais en contrepartie, cela a mené à une "perte de souveraineté nationale" et à une "augmentation du fardeau bureaucratique pour les entreprises", ce qui conduit immanquablement à une perte de confiance des citoyens britanniques dans l’UE.
Pour rectifier le tir, le gouvernement britannique souhaite donc "renégocier" les termes de sa relation avec l’UE, en s’entendant avec ses partenaires européens sur un "paquet de réformes qui pourront profiter à l’ensemble des 28 Etats membres", a indiqué le ministre.
Tout d’abord, le gouvernement britannique entend s’attaquer à la question de la croissance et de l’emploi. Si l’on veut "préserver le niveau de vie des Européens", il faut "redonner à nos entreprises les moyens d’être plus compétitives dans le monde", a indiqué le secrétaire d’Etat. Selon lui, cela sera possible grâce une amélioration du marché unique, notamment en matière de services, de numérique et d’énergie. Le secrétaire d’Etat estime également que l’Europe doit être "plus ouverte au commerce mondial" et plaide pour de nouveaux "accords commerciaux avec les Etats-Unis, le Japon, l’Asie et l’Amérique du sud".
Deuxièmement, si le gouvernement britannique soutient l’intégration de la zone euro, il estime qu’il faut pouvoir "garantir la protection des intérêts des pays qui n’en sont pas membres". Philip Hammond a clairement plaidé pour une "Europe à deux vitesses" en la matière.
Troisièmement, en matière de subsidiarité, le rôle des parlements nationaux devra être renforcé, par exemple en permettant à des groupes de parlements de "bloquer" des règlementations européennes. "Trop souvent", a dénoncé le secrétaire d’Etat, l’UE a "exercé son pouvoir dans les domaines où la prise de décision aurait pu incomber aux niveaux national, régional ou même local".
Enfin, en matière de prestations sociales, si le gouvernement britannique convient que la libre circulation des personnes constitue l’une des quatre libertés fondamentales de l’UE, il entend cependant "protéger le système de protection sociale du pays, lutter contre les abus et réduire les incitations qui encouragent les travailleurs hautement qualifiés à se rendre au Royaume-Uni pour occuper des emplois peu qualifiés". Finalement, Philip Hammond a plaidé pour le "développement d’autres libertés", en particulier la liberté de circulation des services et des capitaux.
Convaincu que ces réformes pourront permettre à "tous les Etats membres de prospérer dans le 21e siècle", le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères a confirmé la tenue du référendum d’ici à la fin de l’année 2017, ou même "avant si possible".