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Marché intérieur - Traités et Affaires institutionnelles
Au lendemain des élections législatives au Royaume-Uni, de nombreuses voix se font entendre au Luxembourg et au sein de l’Union européenne
08-05-2015


Le rapport du think tank Open Europe sur les conséquences économiques d'une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'UEAprès la victoire du Premier ministre sortant David Cameron aux élections législatives britanniques le 7 mai 2015, conférant une majorité absolue (331 sièges) au parti des conservateurs et ravivant le spectre du "Brexit", les réactions ont été nombreuses au sein de l’Union européenne (UE) comme au Luxembourg.

S’exprimant lors du Conseil de gouvernement du 8 mai 2015, le Premier ministre Xavier Bettel a félicité "le vainqueur qui a été élu démocratiquement", tout en espérant qu’il "gardera en tête l’intérêt européen" et que la promesse du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE avant 2017 "n’a pas été un argument de vote en sa faveur".

Invité au micro de la radio RTL le même jour, le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn a rappelé que David Cameron avait promis, s’il était réélu, d’entamer des discussions avec l’UE sur la relation qui lie le Royaume-Uni à l’Union. Celles-ci, qui ne manqueront pas d’impliquer le Luxembourg en tant que pays occupant la Présidence du Conseil de l’UE au deuxième semestre 2015, pourraient débuter  "dès l’automne 2015", et cela "dans un esprit où il sera exigé qu’aucune nouvelle compétence ne soit transférée à l’Union" mais où, "au contraire, il s’agira de rapatrier, lorsque cela est possible, ces compétences à Londres". Ainsi au sujet du principe de libre-circulation, régulièrement remis en cause par David Cameron qui dénonce un tourisme aux allocations sociales dont serait victime son pays de la part de citoyens d’autres Etats membres, Jean Asselborn pense que le nouveau gouvernement britannique tentera de l’affaiblir, ce qui à ses yeux est "illusoire".

Le ministre luxembourgeois estime dans ce contexte que si David Cameron devait obtenir des concessions lors de ses discussions avec l’UE, alors le gouvernement britannique soutiendrait l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE dans le cadre au référendum de 2017, tandis que dans le cas contraire, cela ne "serait naturellement pas" le cas. Le ministre Asselborn estime néanmoins que deux éléments viennent complexifier les choses : d’un côté le fait que, en 2015, selon les sondages, davantage de Britanniques soient favorables à l’Union européenne qu’en 2010 et, d’un autre côté, "l’Ecosse" où un référendum sur l’indépendance a été organisé il y a peu et perdu de très peu. "Les Ecossais sont des Européens convaincus et David Cameron risque [d’avoir un problème] s’il organise un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE et que les Ecossais demandent au même moment un référendum sur leur indépendance", estime-t-il.

Commentant la situation économique internationale et la reprise "enfin palpable" de l’économie en Europe lors de la cérémonie d’inauguration de la Foire de printemps à Luxembourg le 9 mai 2015, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Economie, Etienne Schneider, a estimé que la "menace d’un éclatement" planait toujours sur la zone euro, notamment en raison de la situation politique en Grande-Bretagne : " il faudra aussi surveiller de près l’évolution politique en Grande-Bretagne après la victoire des conservateurs et leur promesse d’organiser un référendum sur le "Brexit"", a-t-il indiqué.

De son côté, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dont la candidature à la tête de la Commission avait été fortement contestée par David Cameron, a appelé ce dernier dès le lendemain des résultats, le 8 mai 2015, pour le féliciter de sa victoire, ainsi que le rapporte une dépêche de l’Agence Europe. Jean-Claude Juncker, qui devrait également rencontrer David Cameron prochainement, a réitéré la disponibilité de la Commission à discuter de manière constructive avec Londres des demandes qui seront présentées à l'UE. Celles-ci "seront étudiées de manière objective et amicale", a rappelé Jean-Claude Juncker, alors qu’il s'était dit favorable dès mi-2014 à proposer un "fair deal" au Royaume-Uni pour lui permettre de rester dans l'UE.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui aussi félicité le Premier ministre sortant de sa victoire dès le lendemain des résultats, rappelant que le Royaume-Uni jouait "un rôle clé en veillant à ce que l'Europe ait un programme de bon sens qui mette l'accent sur une économie compétitive grâce à un marché unique efficace, une réglementation non intrusive, l'ouverture au commerce et une politique étrangère sûre". Donald Tusk a expliqué qu'il comptait sur le nouveau gouvernement britannique pour plaider la cause de l'appartenance du pays à l'UE, rappelant qu’il était "convaincu qu'il n'y a pas de meilleure vie possible en dehors de l'UE, pour quelque pays que ce soit". "Une Europe meilleure n'est pas seulement dans l'intérêt du Royaume-Uni, mais de chaque État membre", a-t-il ajouté, tout en soulignant que "la voix du Royaume-Uni compte pour définir le futur de l’Europe".

Lors des élections du 7 mai 2015, les conservateurs ont infligé une défaite cinglante aux Travaillistes d'Ed Miliband (232 sièges) qui a démissionné dans la foulée. Les "Lib-Dem" et le parti UKIP, qui ont obtenu respectivement 8 et 1 sièges, ont également vu la démission de leurs leaders Nick Clegg et Nigel Farage, alors que le parti nationaliste écossais SNP a obtenu 56 sièges.