Si les ministres des Transports de l’UE, qui sont réunis en Conseil à Luxembourg le 11 juin 2015, ont bien à leur ordre du jour une information de la Commission sur son rapport d’évaluation intermédiaire des orientations politiques de l’UE pour la sécurité routière de 2011 à 2020, le sujet n’a pas manqué de provoquer quelques remous à la veille de cette réunion ministérielle.
Une cinquantaine d’experts et représentants d’organisations de promotion de la sécurité routière et d’associations de victimes d’accidents de la groupe, rejoints par une dizaine d’eurodéputés, parmi lesquels le président de la commission Transports au Parlement européen, Michael Cramer, mais aussi l’eurodéputé luxembourgeois Georges Bach (PPE), s’inquiètent en effet des intentions de la Commission européenne.
Ces organisations, conduites par le European Transport Safety Council (ETSC) et soutenues par la Fédération européenne des Victimes de la Route (FEVR), attendaient de la Commission qu’elle fixe un nouvel objectif pour réduire le nombre de blessés graves à la suite d’accidents de la route d’ici 2020. "Il était prévu de proposer un plan visant à diminuer de 35 % le nombre de blessés graves sur les routes entre 2014 et 2020", a ainsi expliqué Jeannot Mersch, président de la FEVR au Quotidien.
Or, il semblerait que la Commission ait renoncé à faire cette annonce à l’occasion de ce Conseil. Ce que la considère dans un communiqué de presse comme "un pas en arrière". Dans une lettre qui lui a été adressée le 10 juin 2015, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est donc invité à donner à ces organisations l’assurance qu’un tel objectif sera bien proposé dans les prochaines semaines.
Les victimes de la route que sont les blessés graves, "souvent oubliés à côté de ceux qui ont perdu la vie, méritent vraiment plus de considération", ont été quelque 200 000 ne serait-ce que l’an dernier, un chiffre en hausse de 3 % par rapport à l’année précédente, rappellent les auteurs de ce courrier qui ne perdent pas de vue que les conséquences à long terme de tels accidents. Sur le plan économique, l’ETSC calcule que si tous les accidents dans lesquels des personnes ont été gravement blessées en 2010 avaient été prévenus, les bénéfices pour la société aurait été de plus de 50 millions d’euros cette année-là.
Les signataires de cette missive sont convaincus qu’un objectif chiffré donnerait un "stimulus à des actions de l’UE dans des domaines où elle a des responsabilités exclusives en matière de sécurité routière, comme les standard de sécurité des véhicules". Sans parler de l’émulation que cela créerait chez les Etats membres qui seraient aussi invités à faire plus d’échange de bonnes pratiques, comme ils l’ont fait pour la prévention des morts sur la route, pour lesquels il y a un objectif qui est de réduire par deux le nombre de morts entre 2010 et 2020.