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Economie, finances et monnaie
Dans sa Note de conjoncture 2015-1, le STATEC mise sur un renforcement de la croissance en 2015 et 2016, puis sur un ralentissement
18-06-2015


L’Institut national de la statistique et des études économiques, le STATEC, a publié le 18 juin 2015 sa première Note de conjoncture de l’année 2015. Le STATEC y note "une franchestatec-nouveau amélioration sur le front conjoncturel" par rapport à ses prévisions de l’automne 2014. "La dynamique économique gagne en puissance, bénéficiant d'un environnement international plus porteur et de la bonne tenue des activités de services", notent les auteurs de ce papier qui estiment que cela devrait  permettre au Luxembourg d'enregistrer une croissance du PIB bien supérieure à 3 % en 2015 et 2016.

Des facteurs extérieurs favorables, surtout à court terme

Depuis la fin de 2014 et la précédente Note de Conjoncture, l'environnement économique international a été marqué par des fluctuations importantes au niveau des taux de change des monnaies et une forte baisse des prix de matières premières. Dans ce contexte, "la zone euro ressort plutôt parmi les gagnants", relève le STATEC, qui explique ce phénomène par la nette dépréciation de l'euro – favorisée par une politique monétaire plus expansive – et la faiblesse du prix du pétrole (qui vient alléger la facture énergétique), qui ont constitué de solides facteurs de soutien à l'activité.

A côté d'hypothèses revues en conséquence pour le prix du pétrole et le taux de change de l'euro, les perspectives de demande étrangère sous-tendant les projections du STATEC ont ainsi été révisées à la hausse : pour la zone euro par exemple, la croissance du PIB envisagée pour 2015 s'élève maintenant à 1,4% (contre moins de 1% encore à l'automne dernier), avec une accélération à quelque 2 % pour l'année suivante.

Renforcement de la croissance en 2015 et 2016, puis ralentissement

En dépit de fortes incertitudes liées au contexte politique international, l’année 2014 devrait se solder pour le Luxembourg par une croissance appréciable du PIB en volume, de l’ordre de 3 %, estime le STATEC qui ne manque pas de préciser que ces chiffres ne sont pas encore définitifs, et feront l’objet de plusieurs révisions statistiques futures. Pour 2015, en ligne avec les indicateurs conjoncturels connus à ce stade – qui témoignent dans l'ensemble d'un renforcement de la dynamique économique – le STATEC s’attend à une accélération de la croissance, entre 3,5 et 4 %. Pour 2016, la croissance devrait rester ancrée au-dessus de 3 %, du fait notamment du renforcement de la dynamique conjoncturelle dans la zone euro. Cette trajectoire intègre également une orientation plus favorable de l'activité dans le secteur financier au Luxembourg, qui viendrait faire écho aux signaux conjoncturels plus positifs relevés sur le début de 2015.

A moyen terme (2017-2019), le PIB devrait converger vers un rythme légèrement inférieur à 3 %, en ligne principalement avec une croissance plus modérée dans la zone euro, conformément au scénario esquissé par la Commission européenne dans ses prévisions de printemps.

Poursuite d’une trajectoire de hausse modérée des dépenses publiques

D’après les projections du STATEC, qui intègrent à présent la quasi-totalité des principales mesures quantifiables du "Zukunftspak", les dépenses publiques augmenteraient de 4,7 % en 2015 et de légèrement plus de 4 % en moyenne sur la période 2016-2019. L’impact des mesures d’économies se chiffre, au niveau des seules dépenses, à -0.8 à -0.9 point de % de croissance pour les années 2015-2016 et à -0.5 ppt pour les années suivantes. La hausse moyenne prévue de quelque 4 % de 2016 à 2019 reste inférieure à l’accroissement historique moyen, qui était de l’ordre de 7 %, relève le STATEC.

Une conjoncture favorable sur le marché du travail qui ne devrait pas durer

La situation actuelle sur le marché du travail montre des signes d'amélioration : la création d’emplois est relativement dynamique et approcherait, en 2015, avec +2,6 %, sa moyenne de long terme (+3,1 %). Le chômage quant à lui recule depuis la mi-2014, mais cette baisse, d'une part, est modérée, et, d'autre part, manque encore d'assise conjoncturelle (elle doit notamment beaucoup à la hausse du nombre de bénéficiaires de mesures pour l'emploi). Le chômage devrait rester proche de 7 % cette année, un niveau certes appréciable dans la comparaison européenne, mais historiquement élevé du point de vue luxembourgeois.

A partir de l’année 2016, en raison de la décélération anticipée de l’activité, le marché du travail devrait se refroidir et la création nette d’emplois tomber à 2 %, escomptent les auteurs de la note de conjoncture. Dans un contexte de fortes pressions émanant aussi bien de la Grande Région que de pays plus lointains, avec un différentiel de salaires nets en faveur du Luxembourg toujours élevé, et d'un accroissement du taux d’activité féminin, le STATEC s’attend à un taux de chômage augmentant progressivement à partir de 2016 et proche de 7.5 % en 2019. Cette projection s’entend sans mesures politiques additionnelles, tout en englobant les effets quantifiables et quantifiés du "Zukunftspak" ayant trait au marché du travail.

Les prix à la consommation marqués par la chute du pétrole

Le fait le plus marquant sur le front de l’inflation est sans doute la récente baisse des prix pétroliers. Ils sont à l'issue du 1er semestre 2015 de 30 % inférieurs à ceux qui étaient intégrés dans les prévisions de la précédente Note de conjoncture. Ce phénomène contribue largement à la nette révision à la baisse des perspectives d'inflation pour cette année, avec un taux de 0,5 % (contre 1,4 % précédemment). Ce relâchement des pressions inflationnistes se ressent également sur l'évolution des salaires, la prochaine tranche d'indexation ayant été repoussée au 1er trimestre 2016. Sous l’hypothèse (technique) de stabilisation des prix pétroliers et sous l’effet du renforcement graduel de l’activité, l’inflation devrait remonter en 2016 à 1,5 %, puis se stabiliser à environ 1,7 % jusqu’à la fin de l’horizon de projection.

Un solde structurel qui respecte l’objectif de moyen terme jusqu’en 2017

La projection en matière de finances publiques est marquée par trois phénomènes exceptionnels :

  • la perte de TVA issue du commerce électronique (pour un impact allant de -1,5 % du PIB en 2015 à près de -3 % en 2017);
  • la hausse des taux de TVA de 2 points (+0,5 à +0,6 % du PIB);
  • les autres mesures du "Zukunftspak" (+0,4 à +1 % du PIB).

La hausse de la TVA et les mesures du Zukunftspak ne permettent donc pas de compenser la perte de TVA issue du commerce électronique. Grâce à la conjoncture favorable, le solde public nominal (recettes – dépenses) devrait rester positif sur l’horizon de projection, et compris, grosso modo, entre 0 et 0,5 % du PIB. Le solde structurel en revanche, calculé selon la méthode traditionnelle, se dégraderait, tout en respectant, jusqu’en 2017, l’objectif d’un excédent de +0,5 %.

Des risques sur le solde des finances publiques aussi bien à la hausse qu’à la baisse

Dans sa Note, le STATEC a simulé l’impact d’une conjoncture plus favorable dans la zone euro. Cette dernière tiendrait au fait que, pour 2015 et 2016, les hypothèses quant à la croissance dans la zone euro, que le STATEC a l’habitude de reprendre auprès de la Commission européenne, pourraient être légèrement trop faibles, de l’ordre de 0,1 à 0,2 point de %. A moyen terme, le plan "Juncker", une relance à l’échelle européenne via les investissements à hauteur de 400 Milliards d’euros environ, pourrait ajouter jusqu’à un demi-point de croissance par an, calcule le STATEC.

Sous ces hypothèses, la croissance du PIB du Luxembourg pourrait gagner à moyen terme également jusqu’à un demi-point par an, et le solde des finances publiques s’améliorer du même ordre de grandeur.

En revanche, comme esquissé dans le récent Programme de stabilité et de croissance, envoyé fin avril à la Commission européenne dans le cadre du semestre européen 2015, les mesures du "Zukunftspak" devraient être toutes mises en œuvre. En ne retenant que les mesures produisant déjà des effets, et en omettant toutes les autres, en cours de finalisation ou en discussion, le solde des finances publiques pourrait se dégrader d’environ 0.3 point de % du PIB.