Le Premier ministre Xavier Bettel a informé le 21 mars 2016 la commission des affaires étrangères et européennes de la Chambre des députés sur l’accord entre l’UE et la Turquie. Il a annoncé que le Luxembourg s’apprêtait à envoyer sept personnes – des magistrats, des interprètes, des policiers et des professionnels de l’immigration - pour aider les autorités grecques dans le travail d’enregistrement des réfugiés en provenance de Turquie.
Le quotidien Luxemburger Wort rapporte de son côté dans son édition du 22 mars des propos du ministre des Affaires étrangères et européennes, ministre de l’immigration, Jean Asselborn, qui confirme qu’il y a déjà eu le 19 mars une réunion de préparation de la contribution luxembourgeoise à la mise en œuvre de l’accord UE-Turquie, les renvois de réfugiés devant commencer dès le 4 avril. L’envoi de spécialistes luxembourgeois devrait se faire dans les deux semaines, en fonction des besoins qui doivent encore être formulés par la Commission. Par ailleurs, des questions restent à clarifier avec les autorités grecques en ce qui concerne l’accueil des Luxembourgeois. Un à deux volontaires des ministères des Affaires étrangères, de la Justice et de la Sécurité intérieure seront envoyés sur place, pour une mission dont la durée n’a pas encore pu être déterminée, rapporte le Wort, se référant à une source du Ministère de l’Immigration. Les interprètes pour l’arabe seront recrutés auprès d’une firme privée.
Les députés luxembourgeois ont réagi de manière différente sur les ondes de la radio 100,7.
Laurent Mosar du CSV a évoqué ses préoccupations humaines et juridiques vis-à-vis de l’accord UE-Turquie, mais estime que le droit d’asile n’est pas limité. Il craint par ailleurs que très vite, l’Europe soit confrontée à de nouvelles vagues de demandeurs d’asile, notamment en provenance de Libye.
L’eurodéputé libéral Charles Goerens a salué le fait que le HCR soit un acteur-clé de l’accord et une garantie que l’accord ne limite pas le droit d’asile. Mais il estime que l’accord Dublin II, qui règle la question du pays responsable du traitement d’une demande d’asile, n’est définitivement plus applicable.
Fernand Kartheiser de l’ADR estime que l’accord sert à gagner du temps, mais que la politique d’asile de l’UE mêle les catégories de réfugié. Il jugepar ailleurs que la Turquie est un pays où ceux qui fuient la guerre sont en sécurité.
Le député Serge Urbany de Déi Lénk juge que l’accord UE-Turquie est "lamentable". Il rend patent "un problème central : le refus de nombreux pays européens de recevoir chez eux des réfugiés de guerre comme leur contribution à une solution européenne." Il estime surtout que "l’accord met fondamentalement en cause le droit international et européen, dans la mesure où le droit d’asile est un droit individuel qui ne peut être limité par des contingents chiffrés maximaux". Il constate également qu’il n’y a au Luxembourg pas de progrès en matière de relocalisations de réfugiés en provenance de la Grèce et de l’Italie et appelle le gouvernement, afin de contribuer à éviter une catastrophe humanitaire, à prendre en charge les 270 personnes qu’il s’était engagé à relocaliser.