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Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – La perspective d’un accord entre la Grèce et ses créanciers sur la mise en œuvre de son 3e plan d’aide se rapproche
22-04-2016


Christine Lagarde, Jeroen Disselbloem et Pierre Moscovici à Amsterdam à l'issue de l'Eurogroupe du 22 avril 2016 (c) Union européenne / Le Conseil de l'UELes ministres des Finances de la zone euro étaient réunis à Amsterdam le 22 avril 2016 pour un Eurogroupe présidé par Jeroen Dijsselbloem, qui assurait aussi le jour même et le lendemain une réunion informelle des ministres des Finances de l’UE organisée par la présidence néerlandaise du Conseil de l’UE. 

Les ministres ont consacré la majeure partie de leurs discussions à faire le point sur la 1ère évaluation de la mise en œuvre du 3e programme d’aide à la Grèce. Pour que cette évaluation soit finalisée, ce qui devrait permettre la poursuite des versements prévus dans le cadre du plan d'aide de 86 milliards d'euros décidé en juillet 2015, les autorités grecques et les institutions créancières, à savoir la Commission européenne, la BCE, le MES et le FMI, doivent en effet trouver un accord sur un paquet de réformes politiques à mettre en œuvre en Grèce.

Cette nouvelle réunion de l’Eurogroupe consacrée au sujet laisse entrevoir l’espoir qu’un accord pourrait être trouvé dans les prochains jours. "Nous visons une prochaine réunion des ministres des Finances de la zone euro jeudi [28 avril] pour conclure l'évaluation des réformes en Grèce et commencer les discussions sur la soutenabilité de sa dette",  a effet déclaré à la presse Jeroen Dijsselbloem à l’issue de la réunion.

Comme l’a souligné Jeroen Dijsselbloem, un accord serait "proche" sur la réforme des pensions, la réforme des impôts sur le revenu, la stratégie s’attaquant aux prêts non-productifs et l’établissement d’un fonds de privatisation.

Les ministres de la zone euro s’entendent sur l’idée d’assortir le paquet de mesures politiques d’engagements contingents

Les ministres se sont entendus pour inclure dans le paquet de mesures politiques un certain nombre de mesures additionnelles, dites "contingentes", à mettre en œuvre seulement en cas de difficultés à atteindre l’objectif budgétaire fixé pour 2018, à savoir un excédent budgétaire primaire, hors service de la dette, de 3,5 % du PIB. L'élaboration d'un paquet de mesures contingentes est une exigence du FMI, qui n’est pas convaincu que la Grèce parvienne à cet objectif.

De telles mesures aideront à "rassurer les créanciers et les investisseurs pour les années à venir", a estimé le commissaire aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici. Jeroen Dijsselbloem estime que les performances budgétaires grecques meilleures que prévu réduisent la probabilité d'appliquer les mesures contingentes. En effet, selon les données publiées par Eurostat à la veille de cette réunion, la Grèce aurait enregistré un excédent budgétaire primaire de 0,7 % du PIB en 2015, nettement meilleur que l‘objectif de 0,25 % fixé.

Cette idée de mesures contingentes n’a pas suscité l’enthousiasme du ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, qui a souligné que "selon la loi grecque, il est impossible de légiférer 'sous conditions'.  La  forme juridique que pourrait prendre ces engagements contingents reste d’ailleurs à définir, comme l’a précisé Pierre Moscovici. Le ministre grec a toutefois laissé le champ ouvert aux discussions en indiquant  que de "nombreuses idées" étaient sur la table pour répondre aux attentes des créanciers.

Les ministres engagent le débat attendu sur la viabilité de la dette publique grecque

Enfin, les ministres ont donné mandat aux institutions créancières pour travailler à une analyse des mesures qui pourraient assurer la viabilité de la dette publique grecque, une discussion attendue de longue date, notamment par les autorités grecques, mais aussi par le FMI, qui fixe un allègement de la dette grecque comme condition à sa participation au 3e plan d'aide grec. "La discussion est lancée", s’est félicité la directrice du FMI, Christine Lagarde.

Le débat se fera en excluant la possibilité d’une décote par rapport à la valeur nominale de la dette, option qui n’a pas rencontré de soutien au sein de l’Eurogroupe, comme l’a précisé Jeroen Dijsselbloem, et il sera mené en restant dans le cadre de l’accord trouvé à l’été 2015. Christine Lagarde, a elle aussi indiqué qu’un "hair cut" ne serait pas nécessaire, de "multiples mécanismes" pouvant selon elle rééchelonner la dette.

Les discussions sur les mesures contingentes et la viabilité de la dette sont ainsi étroitement liées. "Pour avoir un accord sur les mesures contingentes, un accord sur la dette est nécessaire. Vous connaissez la position du FMI", a expliqué Jeroen Dijsselbloem. Lors de ces discussions qui auront lieu en parallèle, nous verrons si la pression qu'exerce le FMI à la fois sur la Grèce pour qu'elle prenne des mesures contingentes et sur les créanciers pour qu'ils soient plus généreux est "vraiment symétrique", a relevé pour sa part Euclide Tsakalotos.

Pour  le ministre grec, "il est absolument crucial pour nous que le paquet global sur la dette et les réformes donne un signal clair aux citoyens grecs et européens, aux investisseurs grecs et internationaux, que la Grèce a franchi un cap".