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Environnement - Santé
"Le gouvernement se montre ouvert à toute initiative européenne, solidement ancrée, visant la réévaluation et le renforcement des standards de sécurité nucléaire au sein de l'UE", répondent Lydia Mutsch et Carole Dieschbourg au député Roger Negri
31-03-2016


Dans une question parlementaire adressée aux ministres de la Santé et de l’Environnement le 8 mars 2016, le député Roger Negri (LSAP) est revenu sur les démarches entreprises par l’Allemagne quelques jours auparavant pour demander la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Cette demande avait été réitérée suite aux révélations faites sur un incident survenu en 2014 dans cette centrale nucléaire française qui constitue aux yeux de l’Allemagne "un risque sécuritaire au vu de son ancienneté". La date de fermeture de cette centrale, annoncée par le gouvernement français, reste en effet incertaine.

La centrale nucléaire de Cattenom (source: wikipedia commons)Le député évoquait aussi la lettre adressée par la ministre présidente du Land de Rhénanie-Palatinat au Président de la République française, dans laquelle elle demandait de fermer non seulement la centrale de Fessenheim, mais également celle de Cattenom.

"D'une manière générale, toutes les centrales installées aux frontières et ayant dépassé un certain âge sont de plus en plus contestées, de même que le fait que seul le pays sur le territoire duquel elles se trouvent peuvent décider leur fermeture", indiquait Roger Negri en se faisant l’écho de la demande formulée par les Verts allemands d’organiser un "sommet nucléaire" au niveau de l'Union européenne, afin de réévaluer le risque nucléaire en Europe.

"Si nous exigeons des améliorations significatives avant toute prolongation, notre revendication primaire reste évidemment la fermeture de la centrale de Cattenom"

Roger Negri souhaitait savoir si les ministres avaient l’intention de soutenir la position allemande, en rappelant la demande luxembourgeoise d'une fermeture de la centrale nucléaire de Cattenom, suite aux nouvelles informations concernant la centrale de Fessenheim.

Dans leur réponse datée du 31 mars 2016, Lydia Mutsch et Carole Dieschbourg rappellent la position constante et "très critique" du gouvernement luxembourgeois à l’égard de l’industrie nucléaire française.

"En matière de politique énergétique, la France s'est dotée le 17 août 2015, d'une loi sur la transition énergétique, avec comme objectif la réduction de la part de l'énergie nucléaire de 75 % à 50 %", indiquent les ministres qui relèvent qu’est prévue la désactivation d’un seul site nucléaire, celui de Fessenheim, et encore seulement si le nouveau réacteur nucléaire de type EPR (European Pressurized Water Reactor) à Flamanville (Manche) est mis en service. "Or, sans fermetures de centrales, il est difficile de s'imaginer la réduction de la part de l'énergie nucléaire prescrite par la loi", constatent Lydia Mutsch et Carole Dieschbourg.

En matière de sûreté au niveau européen, rappellent les deux ministres, la directive 2014/87/Euratom du 8 juillet 2014 relative au cadre communautaire pour la sûreté nucléaire des installations nucléaires prescrit des améliorations de la sûreté pour les réacteurs existants. Ainsi, les connaissances et technologies les plus récentes sont à utiliser pour la mise en œuvre en temps voulu de mesures d'améliorations raisonnablement possibles, y compris dans le cadre des examens périodiques de sûreté. L'objectif est de prévenir les accidents et, en cas de survenance d'un accident, d'en atténuer les conséquences et d'éviter des rejets importants hors site.

Le 1er mars 2016, lors d'une audition à la commission du développement durable de l'Assemblée Nationale, le président de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) a déclaré qu'une extension de l'opération des réacteurs au-delà des 40 ans nécessiterait indispensablement des améliorations significatives de la sûreté, et notamment le renforcement de la protection des  piscines du combustible usé, rapportent encore les deux ministres.

"Les difficultés financières de l'opérateur EDF font cependant douter que l'ASN puisse s'imposer avec de telles revendications, d'autant plus que cette dernière ne dispose actuellement pas de ressources humaines et financières adéquates pour remplir convenablement ses missions futures", observent encore Lydia Mutsch et Carole Dieschbourg qui précisent également que "les investissements annoncés par EDF dans le contexte du "Grand Carénage" servent à la gestion du vieillissement de la centrale et ne contiennent pas encore les éléments nécessaires d'amélioration de sûreté".

C’est dans ce contexte que le Premier ministre vient de s’adresser au président de la République française pour lui exposer les craintes du gouvernement luxembourgeois, révèlent les deux ministres. "Si nous exigeons des améliorations significatives avant toute prolongation, notre revendication primaire reste évidemment la fermeture de la centrale de Cattenom", rappellent-elles en annonçant leur intention de s’adresser à la ministre française de l’Environnement avec la ministre fédérale allemande en charge de la sécurité nucléaire.

Roger Negri souhaitait aussi connaître la position du gouvernement luxembourgeois face à la proposition d'organiser un sommet européen au sujet de la sécurité nucléaire. "Le gouvernement se montre ouvert à toute initiative européenne, solidement ancrée, visant la réévaluation et le renforcement des standards de sécurité nucléaire au sein de l'Union européenne", lui répondent les deux ministres.