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Traités et Affaires institutionnelles
Brexit – Les eurodéputés luxembourgeois, inquiets des incertitudes qui s’ouvrent, tiennent à ce que le Parlement européen joue pleinement son rôle dans les futures négociations avec le Royaume-Uni
24-06-2016


Claude Turmes, Viviane Reding, Charles Goerens, Frank Engel, Mady Delvaux et Georges Bach à Luxmebourg le 24 juin 2016Le 23 juin 2016, les électeurs britanniques ont voté à 51,9 % contre un maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Les six eurodéputés luxembourgeois étaient réunis peu de temps après l’annonce des résultats officiels à la Maison de l’Europe pour une première discussion sur les conséquences de ce vote.

L’eurodéputée Viviane Reding (PPE) a commencé par souligner le fait que "la décision souveraine et démocratique" du peuple britannique devait être "respectée".  "Un divorce réussi vaut mieux qu'un mariage raté", a-t-elle par ailleurs en ne manquant pas de lancer une violente charge contre David Cameron qu’elle a critiqué pour avoir décidé "d’abandonner le navire et de laisser à d’autres le soin de négocier la sortie", ce qu’elle juge "honteux et irresponsable" Ce qui s’annonce, c’est "une procédure longue et difficile" , car il va y avoir des myriades de subtilités techniques à résoudre. Et ce qui importe à ses yeux, c’est de "parvenir à régler vite les conditions techniques de ce divorce pour pouvoir s’occuper de l’avenir de l’UE, car c’est ce que les citoyens attendent de nous".

«Le Brexit ouvre une période d’incertitude tant au plan économique qu’institutionnel", s’inquiète pour sa part Charles Goerens (ADLE) qui considère que le vote britannique "constitue un test de résistance pour les 27 Etats membres de l’UE". "A partir de maintenant, il ne sera plus possible d’attribuer tous les blocages en matière d’intégration européenne au Royaume-Uni", a-t-il en effet remarqué, et il va revenir aux 27 Etats membres de "s’entendre rapidement sur une stratégie de reconstruction d’une Europe soudée, capable de relever ensemble et de façon équitable les grands défis de notre époque". Une des principales préoccupations de Charles Goerens dans les temps tourmentés qui s’annoncent est de veiller à ce que le Parlement européen parvienne à peser de tout son poids pour influer sur le mandat de négociation qui sera donné pour discuter des modalités de la sortie du Royaume-Uni, ainsi que le prévoit l’article 50 du traité. Parallèlement au divorce, il faudra aussi négocier un deuxième accord avec le Royaume-Uni afin de définir quelles seront les relations entre l’UE et ce pays à l’avenir. Mais en attendant que la procédure de divorce ne soit terminée, le Royaume-Uni reste membre de l’UE, a relevé Charles Goerens. Pendant cette période, Charles Goerens estime que les Britanniques pourront co-décider sur tout, sauf ce qui concerne le Brexit, ce qui donnera lieu à une situation pour le moins complexe ! Pour ce qui est de la présidence tournante du Conseil de l’UE que le Royaume-Uni est censé assurer au cours du deuxième semestre 2017, à un moment où les négociations de sortie seront vraisemblablement encore en cours, Charles Goerens est d’avis qu’il serait mieux qu’ils y renoncent.

Claude Turmes (Verts/ALE) estime pour sa part qu’il ne faut pas perdre de temps pour régler la sortie du Royaume-Uni. "L’UE doit être claire", affirme l’eurodéputé qui est contre l’idée que le Royaume-Uni assurer une présidence tournante en plein Brexit. Plus largement, Claude Turmes voit le vote britannique come un vote de protestation des perdants de la mondialisation qui illustre les fractures profondes qui divisent le Royaume-Uni, mais aussi d’autres pays de l’UE. L’eurodéputé écologiste s’inquiète aussi de voir les partis crédibles en chute libre, laissant un vide qui est comblé par le retour de partis aux discours à la fois nationaux et socialistes qui veulent donner l’impression d’être capables d’apporter une réponse au  "sentiment de perte de contrôle" de nombreux citoyens.

Mady Delvaux (S&D) s’est dite à la fois "déçue, triste et inquiète" des résultats du référendum. Elle est triste notamment du  niveau du débat politique qui a marqué une campagne pleine de haine et de violence, mais aussi du fait qu’il n’en est pas ressorti de projet positif pour l’Europe, à un moment où l’on en aurait tellement besoin. L’eurodéputée socialiste est aussi triste des inégalités qui vont croissant et font qu’il y a beaucoup de perdants dans ce monde mondialisé. Elle s’inquiète des temps très difficiles qui s’annoncent, comme s’il était nécessaire d’ajouter à la crise économique et à la crise des migrants une crise de plus… Loin d’être plus claire que la veille, la situation est pleine d’incertitudes quant à l’avenir des relations avec le Royaume-Uni, puisqu’il va falloir que les 27 parviennent à s’entendre sur le projet européen et sur la nouvelle définition de ces relations.

Georges Bach (PPE) est lui aussi d’avis que l’UE n’a pas les moyens de s’offrir une nouvelle crise. Il voit dans ce vote un mauvais signal, même si le referendum doit être respecté. Si la sortie du Royaume-Uni, connu pour bloquer de nombreux projets, peut offrir des opportunités en privant ce pays du frein dont il a tant fait usage, Georges Bach n’en reste pas moins très préoccupé de voir que ce sont les peurs des gens qui ont finalement gagné. Pour autant, il juge lui aussi très important que le Parlement européen s’implique dans les difficiles négociations qui vont commencer.