Le Conseil Affaires générales s’est réuni le 24 juin 2016 à Luxembourg pour préparer la réunion du Conseil européen des 28 et 29 juin 2016. Mais c’est finalement le résultat du référendum britannique sur le maintien ou la sortie du Royaume Uni de l’UE, qui n’a pas directement figuré à l’ordre du jour, qui a dominé les débats et prises de position des ministres en amont et en aval de la réunion.
Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a relaté à la presse l’analyse britannique du résultat du référendum : ce sont les personnes âgées, blanches et à faible formation qui ont fait pencher la balance en faveur du Brexit. Ces personnes, prises entre l’immigration pakistanaise et du Commonwealth ainsi que celle venant des pays d’un élargissement de l’UE que le Royaume Uni avait favorisé, ne serait-ce que pour disposer d’un grand réservoir de main d’œuvre, ne s’y retrouvent plus dans leurs villes. L’idée de David Cameron aurait été dans ce contexte de tenir un référendum comme occasion pour renforcer l’appartenance du Royaume Uni à l’UE. "Maintenant que le Brexit l’a emporté, l’enjeu essentiel est de savoir comment gérer ce ‘Non’ plutôt que de tomber dans l’hystérie ou en état de choc", a déclaré le ministre.
Il ressort selon Jean Asselborn des indications fournies par la délégation du Royaume Uni dirigée par David Lidington, ministre d'État pour l'Europe depuis le 13 mai 2010 dans le gouvernement David Cameron, que pour remplacer le Premier ministre, qui annoncé son départ dans les trois mois à venir et avant la tenue en octobre 2016 du congrès des Conservateurs censé désigner son successeur, il faudra tout ce temps pour trouver deux candidats qui s’affronteront dans des élections internes au parti des Tories. En même temps, David Cameron estime ne pas avoir de mandat pour déclencher lui-même la procédure de sortie de l’UE prévue à l’article 50 du traité de Lisbonne. Ce déclenchement se fait à travers une notification de l’Etat membre au Conseil européen Ensuite, comme le dit le texte de l’article 50,"à la lumière des orientations du Conseil européen, l’Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union".
Pour Jean Asselborn, il s’agit là de "trois à quatre mois de flou politique et juridique en perspective", bien que rien ne change en attendant aux droits et obligations du Royaume Uni. Le ministre a narré qu’attendre le déclenchement de l’article 50 jusqu’en octobre est considéré par la plupart des ministres qui sont intervenus lors du débat au Conseil comme un problème et tous ont insisté pour que le Royaume aille plus vite, sans que cela n’empêche en rien "un déroulement civilisé" de la procédure de sortie. "Tant que le Royaume Uni n’a pas déclenché la procédure selon l’article 50, l’Union européenne restera paralysée", a pointé le ministre.
Le ministre a regretté l’issue du référendum et estimé que le "U" dans les initiales de l’UE et du UK, tous les deux renvoyant à l’union, "avaient pris un sacré coup". Dans le nouveau contexte, l’important sera pour lui que "l’UE défende l’UE en tant que structure" et projet de paix, de démocratie, en tant qu’espace avec des frontières ouvertes dans le cadre de Schengen et d’union monétaire avec l’euro. Aucune grande question, que ce soit la migration, la sécurité, l’environnement, la croissance, ne pourra être résolu par un seul Etat national. Ce qui importe selon Jean Asselborn, "c’est de changer de méthode et de manière comment nous nous présentons aux citoyens, mais nul besoin de changer les traités ou de toucher aux compétences des institutions de l’UE".