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Conseil européen – La reconduction de Donald Tusk à la présidence du Conseil européen provoque l’ire du gouvernement polonais
09-03-2017


Xavier Bettel et Donald Tusk lors du Conseil européen du 9 mars 2017 (c) Union européenne / Le Conseil de l'UELes chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se sont réunis le 9 mars 2017 pour la première journée d’un Conseil européen notamment marqué par la reconduction de Donald Tusk au poste de président du Conseil européen pour un nouveau mandat de 2,5 ans.

Une nomination qui a été décidée à la majorité de 27 chefs d’Etat et de gouvernement et contre la volonté de la Pologne, pays d’origine de Donald Tusk. Conséquence, la Première ministre polonaise, Beata Szydło, a refusé d’adopter les conclusions du Conseil, ce qui nécessite l’unanimité. Ce texte, qui ne posait pas de problème de fond à la délégation polonaise, comme n’a pas manqué de le souligner le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a finalement été publié comme des "conclusions du président du Conseil européen". Le texte précise que ce document  "a recueilli le soutien de 27 membres du Conseil européen, mais n'a pas fait l'objet d'un consensus, pour des raisons non liées à sa teneur" et qu’il ne doit pas être interprété comme "supposant une approbation formelle par le Conseil européen agissant en tant qu’institution".

L’attitude de la Pologne a été dénoncée par nombre de ses collègues, et Xavier Bettel, qui avait annoncé son soutien à la candidature de Donald Tusk dès son arrivée au Conseil européen, avait d’emblée annoncer la couleur en disant ne pas être "otage du gouvernement polonais". "Nous ne pouvons pas continuer à travailler ainsi" avec un gouvernement qui "boycotte les travaux" et "bloque le fonctionnement de toute une institution" parce qu’il "boude dans son coin", a insisté Xavier Bettel.  

Après la reconduction de Donald Tusk au poste de président du Conseil européen, les chefs d’Etat et de gouvernement ont eu une discussion sur la situation économique. "La relance que nous avons en Europe nous réjouit tous", a résumé Xavier Bettel devant la presse en évoquant notamment la baisse du chômage et les résultats positifs dans l’économie. Le Premier ministre luxembourgeois n’a pas manqué de saluer le plan Juncker comme un des éléments ayant contribué à "dynamiser notre économie". Face aux "incertitudes qui persistent", les chefs d’Etat et de gouvernement avaient d’ailleurs l’intention d’appeler dans leurs conclusions à "l'extension rapide du Fonds européen pour les investissements stratégiques, en vue également de la réalisation d'efforts particuliers visant à lutter contre le chômage dans les États membres où il atteint un niveau particulièrement élevé".

"Le bon fonctionnement du marché unique" est aussi un maître-mot de ces conclusions qui évoquent la discussion que les chefs d’Etat et de gouvernement ont pu avoir sur la question "du double niveau de qualité des denrées alimentaires sur le marché intérieur" qu’avaient soulevée la Slovaquie et la Hongrie. Ces deux pays dénoncent le phénomène "grandissant" de la différence de qualité de produits alimentaires vendus sous le même nom et la même étiquette et ont conduit la Commission européenne à se saisir de la question.

"Le commerce reste l'un des moteurs les plus puissants de la croissance", est-il encore affirmé dans ce texte qui reflète les discussions nourries par l’inquiétude quant aux positions du nouveau président américain, Donald Trump, au sujet de la politique commerciale des Etats-Unis. "Nous avons besoin des Etats-Unis  et les Etats-Unis ont besoin de nous aussi", avait rappelé Xavier Bettel à son arrivée. "Le protectionnisme ne peut être la  réponse au protectionnisme", avait assuré le Premier ministre luxembourgeois. Les conclusions insistent sur le fait "l'UE reste fermement attachée à une politique commerciale solide et à un système commercial multilatéral ouvert et fondé sur des règles, l'OMC jouant un rôle central", tout en soulignant que "l’UE doit se doter d'outils modernisés, compatibles avec l'OMC, pour lutter contre les pratiques commerciales déloyales et les distorsions du marché". Autant d’échos aux discussions informelles des ministres en charge de la politique commerciale une semaine auparavant. La volonté de conclure rapidement les accords de libre-échange en cours de négociations, notamment avec le Japon, ressort aussi des discussions.

Les migrations étaient aussi à l’ordre du jour des chefs d’Etat et de gouvernement auxquels le Premier ministre maltais a fait rapport des progrès réalisés dans la mise en œuvre des mesures opérationnelles décidées lors de la réunion informelle de La Valette du 3 février dernier. Xavier Bettel a évoqué des "résultats plutôt positifs", tout en insistant sur la nécessité d’une "approche plus globale", avec la mise en place d’une politique commune qui soit envisagée à moyen et long termes. "Le système de Dublin ne fonctionne plus comme il devrait», déplore le chef du gouvernement luxembourgeois qui appelle de ses vœux une réforme qui devrait aussi prendre en compte les voies légales qui permettent d’entrer en Europe.

Xavier Bettel s’est dit par ailleurs "déçu par la définition de la solidarité de certains pays, notamment quand il s’agit de relocalisations". Il lui semble "difficile de donner des leçons quand on ne remplit pas ses obligations". Les chefs d’Etat et de gouvernement avaient aussi à l’ordre du jour le dernier rapport de la Commission sur les relocalisations. Il en ressortait que le Luxembourg avait relocalisé 40 % des personnes qu’il s’est engagé à relocaliser depuis la Grèce et l’Italie, ce qui place le Grand-Duché en 5e position au classement des pays les plus proches de leur objectif, derrière Malte, l’Irlande, la Finlande et la Lettonie. "Nous allons poursuivre nos efforts", a assuré Xavier Bettel.

Le message des conclusions est aussi un "appel à poursuivre les efforts pour faire avancer rapidement tous les aspects d'une politique globale en matière de migrations qui soit résiliente aux crises à venir, notamment dans le but de parvenir, pendant la présidence actuelle, à un consensus sur la politique de l'UE en matière d'asile".

Plus tard dans la soirée, les chefs d’Etat et de gouvernement ont discuté de la situation dans les Balkans. A son arrivée au Conseil, Xavier Bettel avait fait part de son inquiétude au vu de la "situation tendue" dans la région. "Nous ne pouvons nous permettre un conflit dans les Balkans", avait-il indiqué. Les conclusions mentionnent "l'importance que revêtent la poursuite du processus de réforme, de bonnes relations de voisinage et les initiatives de coopération régionale inclusive", tandis qu’elles réaffirment "le soutien sans équivoque" des chefs d’Etat et de gouvernement "à la perspective européenne des Balkans occidentaux".

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont enfin abordé la politique de sécurité et de défense, dans la foulée des conclusions du Conseil européen de décembre dernier, et en saluant les progrès accomplis en la matière lors du dernier Conseil Affaires étrangères. Xavier Bettel a rapporté être intervenu brièvement pour rappeler la position du Luxembourg, qui insiste sur le grand rôle que jouent aussi la coopération et la protection de l’environnement en matière de sécurité.